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Genas - ZAC G SUD- Tranche 1


Cette opération intervient dans le cadre de l’aménagement d’une ZAC implantée au sud de la commune de Genas . Devant l’importance des surfaces concernées par les futurs aménagements (44 ha) le projet de construction a été subdivisé en cinq tranches successives. Les diagnostics menés par l’INRAP en 2011 sur les deux premières tranches ont livré les traces d’un vaste réseau de fossés parcellaires, répartis sur toute la surface de la ZAC, pour lesquels une datation antique est présumée. Ces résultats positifs ont conduit le SRA à prescrire deux opérations de fouilles.
La fouille de la Tranche 1 a concerné la parcelle ZO 55 qui correspond à 71 750 m2. Cette opération est scindée en deux phases successives et distinctes impliquant un morcelage des zones d’intervention.
La première partie de l’opération concernait un suivi linéaire des différents fossés mis en évidence lors de la phase préalable ainsi que deux petites zones de décapage extensif liées à la présence de quelques structures révélées au diagnostic. Cette première étape a permis la mise au jour d’une dizaine de grands linéaires pour lesquelles la fonction de délimitation parcellaire semble évidente. Parmi eux on compte deux axes inédits qui semblent correspondre aux traces d’un parcellaire orienté à 28°E. Ces derniers sont établis au contact d’une voie implantée au sud de la parcelle et la traversant d’est en ouest. Celle-ci n’est marquée que par la présence parallèle de ses deux profonds fossés bordiers. Les niveaux de voirie n’ont en effet pas été conservés et ont probablement souffert, comme la totalité des structures retrouvées, des activités agricoles pratiquées depuis des siècles sur ce secteur. Seuls deux d’entre eux ont livré des céramiques permettant de dater leur comblement à la fin du IIe ou au début du IIIe siècle de notre ère. Pour les autres, en l’absence d’élément déterminant, on ne pourra proposer mieux qu’une datation antique. 
Le suivi en plan de l’axe du fossé bordier nord de la voie méridionale a permis la découverte d’une série de 21 grandes fosses, alignées le long de sa bordure nord et disposées plus ou moins régulièrement sur toute sa longueur. Plusieurs datations radiocarbones réalisées sur les différents niveaux de comblement, combinées aux relations de chronologie relative, permettent de placer leur fonctionnement dans une fourchette comprise entre la seconde moitié du IIe s. et le tout début du IVe s. ap. J.-C.
La seconde partie de l’opération concernait une surface de décapage extensif de 13 500 m 2 implantée au nord-ouest de la parcelle. Sa fouille a permis de distinguer cinq horizons chronologiques successifs au sein de cette occupation débutant à l’époque tibérienne et se prolongeant jusqu’à la seconde moitié du IVe s. ap. J.-C.
Les plus anciens indices d’occupation ont été mis au jour à l’extrémité sud de l’emprise avec un petit ensemble de trous de poteau formant un petit bâtiment rectangulaire à deux nefs. Un foyer implanté à l’extérieur parait être en lien avec cette occupation. Seule une datation radiocarbone nous permet de replacer cette occupation au Bronze ancien.
Après un hiatus de plusieurs siècles, le secteur est de nouveau occupé  à l’époque tibérienne. Un premier fossé d’enclos délimite et structure l’espace consacré à l’habitat et aux activités artisanales. A cette première époque sont liés une série de foyers et de fosses, une grande fosse d’extraction de matériaux ainsi qu’un probable espace aménagé de travail ou d’artisanat. Les traces des premiers aménagements liés à la structure d’habitat (sablières basses, radier, trous de poteau et fosse) nous sont apparues de manière ténue, masquées en partie par l’implantation de structures postérieures.
Le second horizon chronologique de l’occupation antique est situé entre la fin du Ier et le début du IIe siècle de notre ère. C’est vraisemblablement à cette période que le bâtiment principal en dur est construit sur des solins de galets, reprenant l’orientation de la construction tibérienne. Dans ses dimensions maximales, le bâtiment forme un grand rectangle, couvrant une surface au sol d’environ 260 m2 . Le plan s’organise autour d’une vaste cour centrale. Une pièce presque carrée occupe l’angle nord-ouest, une grande aile ferme le bâtiment à l’est et une longue pièce excavée est aménagée au sud. La découverte d’une petite base de support maçonnée, peut-être destinée à recevoir un élément de décharge intermédiaire de type pilier, permet d’envisager la présence d’un appentis intérieur appuyé contre la façade du bâtiment.
Un petit bâtiment  édifié sur des solins de tegulae et ouvert à l’ouest est implanté à une trentaine de mètres de l’établissement et pourrait matérialiser une petite dépendance avec une petite structure quadrangulaire excavée accolée. Elle présente une maçonnerie très soignée alternant des assises de galets et des niveaux de réglage composés de tegulae. De façon étonnante, cette structure n’est pas fermée sur son côté sud. La présence probable d’un aménagement interne en matériau périssable permet de supposer une fonction de cuve. Une vaste fosse d’extraction des matériaux du substrat local, un foyer et un petit fossé curviligne sont également rattachés à cette seconde phase.
Après l’abandon du premier fossé d’enclos tibérien, l’espace environnant est de nouveau structuré. Le secteur dévolu à l’habitat semble s’étendre et ses limites sont repoussées vers le sud. Dans cette partie, on note la présence de deux fossés parallèles délimitant peut-être une voie desservant l’habitat. Le fossé sud marque deux interruptions nettes dans son tracé et celui au nord présente deux branches orientées en direction du bâtiment et délimitant un couloir de 5,50 m de large. La fermeture de l’espace au nord semble partiellement marquée par deux fossés alignés sur la façade septentrionale du bâtiment. Ces limites semblent abandonnées entre la fin du IIe et le début du IIIe siècle, époque à laquelle les fossés sont comblés.
Le bâtiment subit lui aussi quelques modifications structurelles : trois pièces supplémentaires sont créées grâce à l’installation de cloisons subdivisant l’espace à l’emplacement de l’appentis supposé. Enfin, on note encore un aménagement qui vient s’accoler à l’angle sud-est et qui pourrait correspondre à un petit bassin recueillant les eaux pluviales et servant peut-être d’abreuvoir pour les animaux abrités à proximité. Une sépulture à inhumation en bâtière et trois sépultures secondaires à crémation sont également rattachées à cette troisième phase.
L’Antiquité tardive marque de profonds changements dans l’occupation. Dès la fin du IIIe siècle, on note les traces d’un abandon progressif de l’habitat. C’est à cette époque que sont creusées les premières fosses au sein du bâtiment, recoupant plusieurs solins (récupération de matériaux ?). La pièce excavée qui pourrait correspondre à un espace de stabulation, subit un incendie et est abandonnée. L’embrasement ne semble pas s’être propagé hors de cet espace puisqu’aucun autre niveau d’incendie n’a été repéré dans le bâtiment. Les derniers niveaux de fonctionnement d’une vaste excavation implantée au sud-est du bâtiment, qui pourrait avoir été aménagée en fumière, sont également rattachés à cette époque.
Au cours de la seconde moitié du IVe siècle, le bâtiment apparait toujours fréquenté bien que probablement partiellement détruit. On note ainsi le creusement de nouvelles fosses recoupant plusieurs solins du bâtiment. Certains éléments laissent transparaître une petite activité métallurgique  vraisemblablement liée à une récupération de matériaux en vue d’une refonte. On observe également à cette époque un nivellement général de l’espace environnant avec le remblaiement des dernières grandes structures excavées. Dans la partie sud du bâtiment, l’espace en sous-sol incendié lors de la phase précédente est réinvesti. Plusieurs niveaux de remblais viennent le combler et le niveler puis deux nouveaux solins sont implantés pour le délimiter au sud et à l’est. Enfin, un puits, implanté à une dizaine de mètres au sud du bâtiment et qui semble étrangement n’avoir jamais contenu d’eau, commence à être comblé au cours de cette dernière phase d’occupation.


Bibliographie scientifique :

  • Grasso 2013 : GRASSO J., « Genas - ZAC G Sud », Bilan Scientifique Régional Rhône-Alpes 2012-1, pp. 165-167.

  • Grasso 2014 : GRASSO J., « Genas (Rhône) Les grandes terres, ZAC G Sud - Tranches 1 et 2, occupation rurale antique et parcellaire », Bilan Scientifique Régional Rhône-Alpes 2013, Actes des journées archéologiques (Saint-Etienne, 12 novembre 2013), pp. 297-300.

  • Grasso 2018 : GRASSO J., « Genas. Un établissement rural dans la plaine de l'est lyonnais », in SEGARD M. (dir.), Établissements ruraux gallo-romains : quelques études de cas, Goillon : In Folio, pp. 124-137.


Commune : Genas

Adresse/lieu-dit : ZAC G SUD- Tranche 1

Département/Canton : Rhône

Année de fouille : 2012

Période principale d'occupation : Antiquité

Autres périodes représentées : Age du Bronze

Responsable d'opération : Jérôme GRASSO

Aménageur : Société d'Equipement du Rhône et de Lyon

Raison de l'intervention : Aménagement de ZA ou ZI

Type de chantier : Sédimentaire (Fouille préventive)