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Lavaur - Lycée Las Cases


La fouille du Lycée Las Cases à Lavaur a été réalisée dans le cadre du plan d’extension de l’établissement scolaire avec pour aménageur le Conseil Régional de Midi-Pyrénées. Prescrite sur une surface de 750 m² et étirée le long de la rue du Palais, elle a permis de mettre en évidence l’histoire urbaine de plusieurs portions d’îlots pour lesquelles huit phases d’occupation ont été reconnues, s’étalant entre les XIIe/XIIIe siècles et le XIXe siècle. Comme bien souvent dans les fouilles en contexte urbain, la fouille du Lycée Las Cases a révélé une abondance, une variété spatiale et une succession rapide des couches reflétant des fonctions et usages multiples, générant de fait, une stratification complexe. L’étude du site est en cours, aussi les données exposées ci-dessous ne sont pas définitives et sont susceptibles d’évoluer.

Phase 1 (XIIe siècle ?)
La première phase d’occupation se limite à des trous de poteaux s’ouvrant dans le substrat géologique. Ils sont certes en quantité relativement importante mais très arasés et les niveaux d’occupation leur étant associés se réduisent à peu d’éléments (décaissement d’installation, plusieurs foyers). Ces vestiges correspondent vraisemblablement à ce qu’il reste des aménagements qui ont donné suite à la création de la sauveté en 1065. Les couches hydromorphes comblant les décaissements d’installation des bâtiments semblent concorder avec une phase abandon.

Phase 2 (XIIIe siècle)
La phase 2 présente des vestiges mieux conservés et de natures différentes de la phase précédente. Les structures les mieux préservées se situent dans la partie correspondant aux deux tiers sud de la parcelle. Elles constituent une alternance de trois espaces de circulation de type venelles aménagées et de quatre îlots bâtis en terre crue. Les voies sont parallèles et suivent un axe est/ouest, coïncidant à la trame parcellaire actuelle (parallèle à l’impasse des Doctrinaire et la rue de la Mairie, ancienne rue de la Salvetat). Elles s’apparentent à des calades étroites, construites en galets, avec un fossé bordier pour l’évacuation des eaux usées. Les quatre portions d’îlots, dont deux assez bien conservés, révèlent des habitats disposés de façon linéaire le long des voies. Ils se prolongent en dehors de l’emprise à l’ouest et à l’est, et n’ont pu être reconnus que partiellement. Au total, onze unités d’habitats ont été identifiées pour cette phase d’occupation. Un des îlots montre au revers des habitats des espaces ouverts longeant une ruelle. Ces espaces ouverts, probablement de type cour, sont délimités par des murs et se caractérisent par l’absence de sols aménagés, la présence de puits et de possibles fosses de stockage.
Cette phase est complexe comme le montre la réorganisation du parcellaire des îlots. En premier lieu, la redistribution des espaces par la construction de nouveaux murs, tant à l’intérieur des habitats, qu’au niveau des espaces ouverts, suppose au moins deux sous phases d’occupation. Deuxièmement, à l’échelle de chaque unité d’habitat, les séquences stratigraphiques en lien avec les changements fréquents d’emplacement de cloisons légères, attestent l’existence de deux à six états.
Les habitats de cette phase se caractérisent par une architecture en terre crue massive, dont les vestiges de murs sont souvent difficiles à déceler du fait de leur fort état d’arasement et de leur nature proche du substrat géologique. Ces murs paraissent avoir été majoritairement construits selon les principes de la bauge et peut-être l’un d’entre eux en pisé. Enfin, l’organisation de l’occupation intérieure des habitats a pu être observée grâce à la relativement bonne conservation des niveaux d’occupation. Les éléments les plus révélateurs mis au jour sont les aménagements de sols en argile, les successions de niveaux d’occupation microstratifiés ou encore les nombreux foyers plus ou moins organisés avec les rejets de cendre associés.

Phase 3 (fin XIIIe – milieu XIVe siècle)
Les murs en terre crue semblent être arasés pour laisser place, au sud, à des bâtiments sur poteaux et, au nord, à un espace ouvert de circulation avec sol de grave remaniée (cour, place ?). Les dimensions réduites des trous de poteaux laissent présager de nouveaux bâtiments légers en matériaux périssables. Si les murs en terre de la phase précédente sont arasés, ils paraissent toutefois encore visibles et semblent participer à la structuration des bâtiments qui s’installent par-dessus. Le maintien de l’emplacement d’un certain nombre de foyers de la phase précédente vient également confirmer la permanence de l’organisation spatiale pour quelques bâtiments.

Phase 4 (milieu XIVe – milieu XVe siècle)
Toutes les nouvelles phases d’occupation à partir de la phase 4 commencent par la disposition de remblais de nivellement plus ou moins puissants, recouvrant la quasi-totalité de la parcelle fouillée.
La phase 4 est donc marquée, en premier lieu, par un remblai dans lequel s’ouvre un nombre réduit de structures. Elle paraît correspondre à une déprise de l’occupation du secteur. Les quelques structures lui étant rattachées correspondent à des ancrages de poteaux de petite section, formant tout au plus deux bâtiments légers. Malgré l’arasement des murs en terre crue marquant la phase 3 et le remblaiement de la phase 4, la trame urbaine préexistante est maintenue, les voies sont réaménagées (calade avec profil en « V ») et continuent de fonctionner.

Phase 5 (milieu XVe - XVIe siècle)
Dans le remblai marquant le début de cette phase sont installés plusieurs bâtiments au sud, ainsi qu’une série de piliers et quelques trous de poteaux au nord. Les bâtiments au sud reprennent plus ou moins l’emplacement des murs en terre antérieurs. Les murs porteurs sont construits en architecture mixte, parements de brique et blocage en terre, tandis que la division des espaces, dans le sens nord/sud, s’effectue par l’intermédiaire de cloisons peu épaisses avec base en brique. Si la trame urbaine reste pérenne dans ce secteur de la fouille, les voies ne sont pourtant plus en fonction. Au nord, les bases de piles ou les ancrages de poteaux occupent deux espaces limités mais l’observation de leur distribution ne permet pas de restituer le plan des bâtiments. Les deux puits relevés dans ce secteur suggèrent plutôt des espaces semi-ouverts, peut-être de type halle. Si les voies au sud ne sont plus en fonction, en revanche, dans la moitié nord, une calade est (ré)aménagée.

Phase 6 (XVIe - XVIIe siècles)
Le nord voit l’aménagement d’un bâtiment à l’emplacement de la calade réaménagée à la phase précédente. Le nouveau bâtiment s’affranchit de l’alternance voie et îlot mais respecte toujours la trame d’origine qui suit l’axe est/ouest. Il se divise en trois espaces, dont deux n’ont pu être appréhendés que partiellement. La mise en œuvre ne peut être appréciée du fait que les murs ont été récupérés à la phase suivante. Ce bâtiment est associé au nord à un espace ouvert comportant un puits et un petit bâtiment sur poteaux (grenier, etc.). Ce puits est ensuite comblé et une nouvelle calade est installée. Mises à part quelques fosses dans l’autre moitié de la parcelle, c’est dans l’îlot à l’extrémité sud que les réfections des bâtiments sont plus significatives, avec une partie de mur porteur reconstruit en brique et mortier de chaux et l’installation de deux murs de refends.

Phase 7 (fin XVIIe - fin XIXe siècles)
La trame urbaine du quartier connaît une modification de son axe nord/sud à travers la création de la rue du Palais qui provoque un décalage léger de l’orientation vers le nord-est. La restructuration du quartier coïncide probablement avec la période de construction du Lycée Las Cases, entre 1673 et 1728. Ce dernier occupait une surface moins importante qu’aujourd’hui ; l’ancien mur d’enclos de l’arrière-cour du lycée a d’ailleurs été identifié, n’occupant que le quart sud-est de l’emprise. Dans le reste de la parcelle, un bâtiment, divisé en trois voire quatre espaces, est aménagé le long de la rue du Palais. Il serait associé au sud à un puits cuvelé en brique. Les autres structures, venant dans un second temps, correspondent à deux grands récupérateurs d’eau maçonnés en brique et couverts d’une voûte surbaissée.

Phase 8 (fin XIXe – XXe siècles)
Au moment de l’agrandissement du Lycée, un puissant remblai met la cour de niveau au-dessus de la rue du Palais. Les réseaux récents et les restes de l’ancienne aile ouest du Lycée sont les témoins de cette phase d’occupation contemporaine. Ceci a d’ailleurs pour conséquence que les vestiges médiévaux et modernes sont davantage perturbés le long de la rue du Palais qu’ils ne le sont vers l’intérieur de la cour.


Revue de presse :


Bibliographie scientifique :

  • Lasnier 2015 : LASNIER Th., « Lavaur – Lycée Las Cases (Tarn) », Bilan Scientifique Régional Midi-Pyrénées 2015, pp. 191-194.


Commune : Lavaur

Adresse/lieu-dit : Lycée Las Cases

Département/Canton : Tarn

Année de fouille : 2015

Période principale d'occupation : Moyen Âge

Autres périodes représentées : Période moderne,Epoque contemporaine

Responsable d'opération : Thibaut LASNIER

Aménageur : Région Midi-Pyrénées - COGEMIP

Raison de l'intervention : Aménagement d'un lieu public

Type de chantier : Sédimentaire (Fouille préventive)