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Saint-Romain-en-Gal - Rue de la Corderie


L’opération réalisée rue de la Corderie à Saint-Romain-en-Gal a permis d’explorer une portion d’habitat situé en périphérie de l’agglomération antique de Vienne. L’emprise de fouille concerne le cœur d’un ilot se développant à proximité immédiate du lycée, quelque 250 m à l’ouest de l’ensemble monumental. Le site prend place le long de l’axe supposé de la voie Narbonnaise longeant à l’ouest les thermes du Palais du Miroir.
Le secteur est concerné par une large dépression s’étendant à l’ouest et au sud de la plaine de Saint-Romain-en-Gal, interprétée couramment comme le reliquat d’un bras du Rhône colmaté avant l’époque romaine.
Cet ilot se développe en correspondance d’un ancien cours d’eau actif à la charnière des IIIe et IIe millénaires. Son comblement, constitué principalement d’apports terrigènes autochtones intercalés par des apports allochtones plus à même de correspondre aux sédiments rhodaniens, plaide pour un hydrodynamisme double, construit à la fois par cette petite incision en provenance du versant et rejoignant le Rhône au sud-est du site, et par les limons de débordement du fleuve qui viennent périodiquement sceller la plaine.
L’occupation du site se situe dans une fourchette comprise entre le Ier et le IIIe siècle de notre ère, bien qu’un ancrage chronologique plus ancien ne soit pas à exclure. Les premières traces bâties (état 1.1), qui restent extrême-ment ténues, pourraient remonter à la première moitié du Ier siècle au sens large. À partir du milieu du Ier siècle, voire plus probablement à l’époque fl avienne, de nouvelles constructions se développent au sud et à l’est du terrain en dehors de la surface prescrite (état 1.2).
Dès la fin du Ier siècle, voire au tout début du IIe siècle au plus tard, une nouvelle phase de construction prend son essor. À cette époque renvoient les niveaux de remblai venant préalablement niveler le secteur sur une épaisseur qui peut atteindre 1 m (état 2.1). Loin d’être issu d’un projet de construction unitaire, cet état traduit plutôt un processus d’agglomération progressive de l’habitat autour du noyau de constructions préexistant.
Malgré un aperçu planimétrique très partiel, l’organisation spatiale des vestiges évoque un découpage de l’ilot en parcelles linéaires de 9 à 12 m de large dont nous ignorons l’emprise effective. Celles-ci se caractérisent par des espaces bâtis se développant vraisemblablement au nord, en dehors de la zone décapée, et des espaces ouverts, concernés par l’emprise de fouille, ayant livré des aménagements variés compatibles avec l’hypothèse d’espaces de jardin émise à l’issue du diagnostic.
Dans la première moitié du IIe siècle sans plus de précision, ces espaces abritent de probables fosses de plantation et quelques trous de poteau. Globalement aucun véritable aménagement de sol n’a été mis en évidence pour ces espaces ouverts à l’exception de quelques apports ponctuels en correspondance d’installations particulières. C’est le cas d’une petite zone rectangulaire intéressée par une petite batterie de fours culinaires située au nord-ouest du terrain (espace 1004).
Dès la seconde moitié du IIe siècle, de nouveaux dispositifs, à caractère hydraulique notamment, sont aménagés. On observe également la réfection de certaines maçonneries, sans que l’organisation spatiale générale subisse de variations significatives.
Ainsi, un bassin rectangulaire est aménagé au nord de l’espace 1004. Son évacuation était assurée par une conduite en terre cuite avant qu’elle ne soit remplacée par un caniveau maçonné empruntant un même tracé E/O. La construction de ce dispositif semble répondre à des nouvelles exigences en termes de gestion des eaux usées dans le secteur. C’est à ce moment en effet qu’il faut situer l’installation, à proximité du bassin, d’une fontaine quadrangulaire dont deux états de construction ont été identifiés en association à un réseau de canalisations en bois se déversant vraisemblablement dans le caniveau. Un autre probable socle de fontaine prend place dans le grand espace central à proximité immédiate d’une probable zone de compostage (sous abris ?), ce qui semble rejoindre l’hypothèse d’un espace de jardin.
Il faut également situer dans le courant du IIe siècle sans davantage de précision la construction, au sud de l’emprise, d’un ensemble architectural dont nous n’avons qu’un aperçu planimétrique très partiel qui n’est d’aucun secours pour éclairer l’interprétation.
Dans son ensemble l’occupation de la rue de la Corderie évoque un contexte résidentiel, bien exprimé autant par les paramètres architecturaux que par l’assemblage mobilier. Les traits qui caractérisent d’habitude les habitats urbains ressortent tout aussi clairement des restes animaux, qui sont issus pour l’essentiel d’activités alimentaires.
Aux côtés des riches demeures de Saint-Romain-en-Gal et de Sainte-Colombe, ces vestiges nous renseignent sur un habitat plus à même de représenter les classes moyennes avec des traits de construction parfois vernaculaires qui constituent une réalité archéologique encore largement méconnue pour la colonie de Vienne.
Dès la fin du IIe siècle le secteur est graduellement délaissé avec l’abandon de certains espaces, tandis que d’autres continuent à être occupés bien qu’il soit difficile d’établir dans quelle mesure. C’est dans ce cadre de déclin progressif de l’habitat qu’intervient l’aménagement d’un petit espace funéraire matérialisé par les tombes à inhumation de deux individus immatures.
Suite à son abandon définitif, dans le courant du IIIe, le site fait l’objet d’une fréquentation ponctuelle illustrée notamment par l’activité de spoliation et ne sera plus réoccupé après l’Antiquité.


Commune : Saint-Romain-en-Gal

Adresse/lieu-dit : Rue de la Corderie

Département/Canton : Rhône

Année de fouille : 2017

Période principale d'occupation : Antiquité

Responsable d'opération : Marco ZABEO

Aménageur : SCI Bel Horizon

Raison de l'intervention : Construction de logements/projet immobilier

Type de chantier : Sédimentaire (Fouille préventive)