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Montrond-les-Bains - Le Château- L'enceinte basse et la basse-cour


Le château de Montrond, sur la commune de Montrond-les-Bains dans la plaine du Forez au nord de Saint-Etienne, appartient au réseau castral mis en place à la fin du XIIe siècle et au XIIIe siècle par les comtes de Forez. Mentionné pour la première fois dans les archives en 1202, il semble avoir été destiné lors de sa fondation à contrôler un gué sur la Loire et à accompagner la mise en place de péages sur les principaux axes de communication de la plaine, la route nord-sud longeant la Loire d’une part et la route est-ouest de Montbrison, capitale comtale, à Lyon d’autre part. Malgré sa situation favorable au carrefour de deux grands axes de communication, le château ne semble pas avoir donné lieu au développement d’une agglomération dès le Moyen Âge. Les travaux d’aménagement du site programmés par la ville de Montrond-les-Bains ont donné lieu à une prescription de fouille archéologique préventive par le Service régional l’Archéologie de Rhône-Alpes.
L’étude archéologique, qui portait sur une portion de l’enceinte basse du château et sur une partie de la cour, a permis de documenter pour la première fois ce secteur du château, qui n’avait jusqu’alors fait l’objet que d’un sondage de diagnostic en 1999. Aucune analyse du bâti de l’enceinte n’avait jamais été engagée et la datation de ces structures n’avait pas été envisagée. La fouille a permis d’approcher la question de la mise en place de l’enceinte de la basse-cour, de sa chronologie et de ses remaniements ; la découverte de bâtiments accolés à l’enceinte a en outre jeté un jour nouveau sur la question de l’occupation de la basse-cour au Moyen Âge et à l’époque moderne, ainsi que sur la topographie de cette cour et ses circulations. Cinq grandes phases de travaux et de remaniements peuvent être identifiées dans le secteur analysé. Elles s’échelonnent entre le XIIIe siècle, où les données sont des plus fragmentaires, et la deuxième moitié du XXe siècle, où le château a fait l’objet de travaux d’entretien et de restauration. Une seule maçonnerie a pu être attribuée à une période antérieure à l’édification de l’enceinte basse actuellement conservée en élévation. Le mur, découvert immédiatement à l’ouest de la tour-porte sud de l’enceinte et d’orientation sud-ouest/nord-est, n’a pu être rattaché à aucun autre vestige et son interprétation reste dès lors difficile. Il peut toutefois être rattaché à l’occupation du site au XIIIe siècle, même s’il est impossible de déterminer sa fonction avec certitude. Toutes les hypothèses sont en effet envisageables, depuis une première enceinte castrale jusqu’à un bâtiment résidentiel ou utilitaire situé en contrebas du château haut. Les investigations devront être poursuivies dans ce secteur pour pouvoir envisager de rattacher cette construction à d’autres vestiges de même période, l’emprise de la fouille étant trop réduite pour permettre plus de précision sur ce point.
Le XIVe siècle est marqué par la mise en place de l’enceinte de la basse cour et de sa tour-porte sud. L’ensemble, caractérisé par les maçonneries en basalte pour les courtines et par la tour-porte en moyen appareil , possède le plan actuellement conservé, même si les remaniements postérieurs ont considérablement occulté le dispositif primitif. Le système de défense en particulier nous échappe, les parties hautes des courtines ayant été intégralement reconstruites à la fin du Moyen Âge et surtout à l’Époque moderne. Si les couronnements de hourds en bois ou de merlons et créneaux restent les hypothèses les plus plausibles, aucun élément conservé ne permet d’attester l’une ou l’autre de ces solutions. L’enceinte se caractérise néanmoins par la prédominance d’un système de défense passive, marqué par la succession d’un probable fossé, d’un talus et des courtines. L’absence de tours de flanquement, système pourtant généralisé dans les enceintes castrales dès le XIIIe siècle, montre ici la persistance de systèmes de défense anciens où l’enceinte sert avant tout d’obstacle à la progression d’un éventuel assaillant. Dans le cas de Montrond, cette première enceinte sert surtout de délimitation au château et à sa basse cour, le système de défense étant plus précisément concentré dans le château haut, installé sur une plate-forme entourée d’une seconde enceinte cette fois plus difficile à franchir. Il faut vraisemblablement attribuer la construction de cette enceinte au passage du château dans les biens du lignage des Saint-Germain au début du XIVe siècle. Peut-être les nouveaux propriétaires du château ont-ils cherché à réaménager le château, servant jusqu’alors principalement de garnison à des troupes comtales surveillant les péages sur les routes du comté de Forez, en véritable résidence seigneuriale. La construction d’une basse-cour et de son enceinte apparaissent ainsi comme la volonté de doter le château des organes utilitaires nécessaires à la gestion d’un domaine agricole servant d’assise foncière à la seigneurie châtelaine. Les bâtiments éventuellement associés à la basse-cour au XIVe siècle nous échappent largement. Tout au plus peut-on identifier la mise en place d’un système de terrasses délimitées par des murs de soutènement dans la basse-cour, permettant d’aménager et d’exploiter le relief naturel du dyke.
La tour-porte sud est condamnée dès le XVe siècle, comme en témoignent l’évolution des niveaux de sol dans son emprise et la reconstruction de sa partie haute, qui s’accompagne du bouchage de son accès sur le flanc sud. La cause de ces remaniements reste indéterminée : il peut s’agir d’un mauvais état des maçonneries comme du résultat de faits d’armes dont aucune trace ne nous est parvenue. Une série de bâtiments utilitaires est parallèlement aménagée le long de l’enceinte à l’ouest de la tour-porte dans le courant du XVe siècle ou au XVIe siècle. Les données sont fragmentaires du fait de l’emprise réduite de la fouille, mais il apparaît que ces bâtiments ne semblent pas avoir reçu d’aménagements les rendant habitables ; il faut vraisemblablement les interpréter comme des espaces de stockage de denrées, de matériel ou encore de bâtiments destinés à abriter le bétail, ces différentes fonctions étant sans doute associées dans les bâtiments de la basse-cour du château.
Le XVIe siècle semble marqué par de profonds remaniements qui touchent les courtines, en particulier à l’est de la tour-porte. En effet, la reconstruction de la partie haute de la courtine est ici manifeste et on peut la suivre sur toute la zone située entre les deux tours-portes de l’enceinte basse. Les nouvelles courtines sont caractérisées par des maçonneries essentiellement en galets dans lesquelles sont aménagées des meurtrières en partie basse ainsi qu’une petite poterne aujourd’hui bouchée. L’analyse du bâti et les archives conduisent à associer avec une forte probabilité cette phase de construction aux mentions de travaux de fortification engagés dans la seconde moitié du XVIe siècle par les seigneurs de Montrond. La partie ouest de l’enceinte, peut-être moins exposée à une attaque du fait de la proximité de la Loire, ne semble en revanche pas avoir été remaniée à cette période. Cette reconstruction de la courtine semble accompagnée de la construction d’une série d’édicules maçonnés le long de l’enceinte orientale, dont la vocation reste difficile à déterminer mais qui semblent clairement associés à la présence des meurtrières et donc probablement destinés à abriter la soldatesque gardant le château.
Le long de la courtine ouest, les bâtiments utilitaires sont quant à eux remaniés et agrandis dans le courant du XVIIe siècle. Ces remaniements sont associés à un rehaussement des niveaux de circulation à proximité de l’enceinte et donc à l’apport d’importants remblais de nivellement contre l’enceinte castrale.
Peut-être ces remblais, provoquant de nouvelles poussées sur les murs, sont-ils à l’origine de l’effondrement d’une partie de cette courtine, ou encore faut-il chercher la cause de cet effondrement dans les événements de la Révolution, qui voient Montrond assiégé une dernière fois en 1793 par les troupes républicaines ; toujours est-il que toute la partie haute de la courtine ouest a été démolie au XVIIIe siècle, ainsi que les bâtiments accolés. La courtine est alors remontée en grande partie, avec un mode de construction caractérisé par un appareil de galets disposés en opus spicatum. Ce type de construction se révèle assez répandu en Forez aux XVIIIe et XIXe siècles et il faut peut-être voir là une construction sommaire associée à la reconversion du château en carrière de matériaux de construction puis en exploitation agricole après la Révolution. Dans tous les cas, cette reconstruction n’est pas antérieure au XVIIIe siècle.
Enfin, les XIXe et XXe siècles voient la basse-cour du château remblayée par des matériaux de démolition, provenant de son exploitation comme carrière, puis par des déchets en tous genres, jusqu’à former une plate-forme horizontale dont témoignent les photographies aériennes réalisées dans les années 1950. La prise de conscience patrimoniale à la fin des années 1960 entraîne enfin une série de travaux qui, s’ils ont permis la sauvegarde du site et la consolidation de certaines maçonneries passablement fragilisées et menaçant de s’effondrer, masquent aujourd’hui en partie des informations archéologiques cruciales pour la compréhension de l’ensemble.
L’étude archéologique préventive mise œuvre au début de l’année 2007 a permis d’éclairer d’un jour nouveau la basse-cour et l’enceinte extérieure du château de Montrond. Si les résultats restent partiels et limités à l’emprise des travaux d’aménagement du site, ils ont mis en évidence la construction de l’enceinte basse, dont les dispositifs sont partiellement conservés en élévation, dans le courant du XIVe siècle et les multiples remaniements apportés à l’édifice. Si la présence de bâtiments appuyés sur les courtines était envisageable, la fouille a permis de les caractériser en partie et d’envisager la chronologie de leur construction à la fin du Moyen Âge et à l’Époque moderne.

Commune : Montrond-les-Bains

Adresse/lieu-dit : Le Château- L'enceinte basse et la basse-cour

Département/Canton : Loire

Année de fouille : 2007

Période principale d'occupation : Moyen Âge

Autres périodes représentées : Période moderne

Responsable d'opération : Laurent D'AGOSTINO

Aménageur : Ville de Montrond-les-Bains

Raison de l'intervention : Restauration/Réhabilitation d'un bâtiment historique

Type de chantier : Etude du bâti (Fouille préventive)