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Kervignac - Le Kermel


Le projet de lotissement envisagé au sud du bourg de Kervignac au lieu-dit Le Kermel a donné lieu à un diagnostic réalisé en 2019 (Cahu 2019). Ce dernier a permis d’identifier par la présence de quelques tessons de céramique que les plus anciennes traces d’occupation remonteraient au Bronze ancien. Deux concentrations majeures de vestiges ont surtout été mises en évidence. L’ensemble 1 est localisé au nord-ouest du projet dans la partie haute du terrain. Il correspond à une faible densité de structures datées de la transition Bronze final/premier âge du Fer pouvant s’apparenter à une ferme. Le second ensemble, plus au sud, se caractérise par une concentration plus importante de trous de poteau, fosses et fossés. Ces derniers semblent organiser l’espace. Les datations obtenues d’après l’étude de la céramique encouragent à voir dans ce second ensemble une occupation de la transition entre La Tène final et le début de la période gallo-romaine (Ier siècle av. J.-C. et le Ier siècle ap. J.-C.).

L’opération de fouille archéologique a concerné deux zones centrées sur les ensembles 1 et 2 identifiés au diagnostic.

Premièrement, la fouille a reculé la datation de la plus ancienne occupation du site. En effet, un premier horizon pourrait remonter au Néolithique ancien et se caractériserait par une enceinte palissadée curviligne et un foyer à pierres chauffées (phase 1). Le conditionnel est employé car la datation de ces structures ne repose que sur trois datations radiocarbones effectuées sur des charbons. Toutefois, cette attribution chronologique est tout à fait exceptionnelle pour une telle enceinte en Bretagne. Une fosse de chasse ou « schliztgruben » pourrait être rattachée à cette période seulement au regard de sa morphologie particulière (Achard-Corompt et al. 2020).

La deuxième phase d’occupation correspond à un locus du Bronze ancien centré sur la zone 1 (phase 2). Les datations obtenues reposent sur quelques éléments céramiques et une série de datation radiocarbone renvoyant au Bronze ancien i. Ce locus se caractérise par un grand cercle d’une vingtaine de mètres de diamètre fondé sur de puissants poteaux. Un bâtiment sur tranchée du type « en amande » (Blanchet et al. 2012) et au moins une sépulture à architecture mixte mêlant coffrage en bois et pierres sèches semblent venir se greffer autour de ce cercle de poteaux. Une fonction funéraire et cultuelle est envisagée pour ce locus. Cette interprétation s’appuie évidemment sur la présence de la sépulture mais également sur l’absence d’indices domestiques et sur les comparaisons existantes avec certains cercles de poteaux ou « ringwork » (Toron 2020). Du mobilier céramique, trouvant des similitudes avec des éléments datés du Bronze ancien II, se retrouve plus au sud, dans les colluvions du versant et au niveau d’un hypothétique bâtiment à abside.  

La troisième phase d’occupation renvoie au Bronze final (phase 3). Une seconde sépulture à proximité immédiate du locus du Bronze ancien pourrait dater de cette période sur la base d’une seule datation radiocarbone. Il faudra rester ainsi prudent sur cette attribution tant sa typologie encouragerait plutôt une datation au Bronze ancien (Nicolas et al. 2015). Cette occupation se caractérise surtout par la présence d’au moins deux bâtiments quadrangulaires envisagés comme de possibles annexes agricoles accompagnés potentiellement par une petite dizaine de greniers dispersés sur la zone 1 mais non datés. Cette occupation pourrait être complétée par un possible groupe domestique composé d’un grenier et d’un bâtiment ovoïde, dont la typologie encourage cette attribution chronologique et également à lui envisager une fonction d’habitation (Blanchet et al. 2016). Une fosse contenant des rejets anthropiques (céramique, charbon et lithique) et un silo, non daté mais plutôt caractéristique de la Protohistoire ancienne, semblent aller dans le sens d’une extension de cet habitat groupé du Bronze final plus au sud, dans le versant.

La quatrième phase correspond à la période laténienne et se divise en deux états successifs.  Le premier horizon (phase 4a) débute probablement au cours de La Tène ancienne et se compose d’un dépôt en vase dans une fosse et d’un bâtiment peut-être à pan coupé. Ces deux ensembles sont largement séparés entre le haut et le bas du site. La seconde occupation (phase 4b) est datée de La Tène finale (IIe s. av. – milieu Ier av.) regroupe au moins six bâtiments centrés sur le sud de la zone 2. Ces bâtiments semblent plutôt correspondre à des annexes agricoles même si le soin apporté à l’architecture et à la réfection du plus vaste peut questionner cette interprétation (Maguer et al. 2018). A priori non enclose, il est délicat de préciser davantage la forme de cette occupation.

La cinquième phase débute probablement dès la fin de La Tène finale et se déploie sur les trois premiers siècles de notre ère. Trois états principaux permettent de retracer l’évolution du site à cette époque. Le premier état se caractérise notamment par un petit enclos partitionné potentiellement dédié à l’habitation avec une cour interne, un bâtiment annexe et un four domestique. Une avant-cour également enclose est connectée à l’habitat et semble se développer vers l’est hors emprise. Plusieurs greniers pourraient être installés dans cet espace. De premiers éléments parcellaires pourraient être associés à cette occupation. A partir de la seconde moitié du Ier siècle de notre ère, le site antique subit un premier remaniement révélant peut-être une perte d’autonomie. Le petit enclos envisagé pour l’habitat disparaît et l’avant-cour est remaniée. De grands bâtiments agricoles et de plus petites annexes pourraient dater de cette période et sont rejetés hors de l’espace enclos. Les vestiges d’un chemin orienté nord-ouest/sud-est pourrait communiquer avec cet établissement. A la fin du Ier siècle, le site antique subit un dernier remaniement d’envergure. L’avant-cour est abandonnée au profit d’une vaste parcelle trapézoïdale au sein de laquelle de vastes bâtiments agricoles sont identifiés. Au nord de cette parcelle une seconde se développe. Largement amputée par l’emprise de fouille, elle semble malgré tout moins investie. Le seul aménagement notable est un enclos carré dont un lien avec la sphère cultuelle est avancé. La dimension des bâtiments, des parcelles et l’existence d’une parcelle dédiée à une fonction cultuelle peuvent constituer les indices du développement hors emprise d’un plus vaste établissement dont dépendraient les vestiges mis au jour.


Commune : Kervignac

Adresse/lieu-dit : Le Kermel

Département/Canton : Morbihan

Année de fouille : 2020

Période principale d'occupation : Antiquité

Autres périodes représentées : Néolithique,Age du Bronze

Responsable d'opération : Jimmy MENAGER

Aménageur : SAS Acanthe

Raison de l'intervention : Construction d'un lotissement

Type de chantier : Sédimentaire (Fouille préventive)