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Vienne - 33/39 rue du 11 novembre


L’opération réalisée aux 33/39, rue du 11 novembre a Vienne (Isère, 38) en amont du projet immobilier ≪ Villa Maxime ≫ a permis d’explorer un secteur urbain en périphérie méridionale de l’agglomération antique, en rive gauche du Rhône. L’emprise du projet est localisée dans le quartier Pyramide, au sud de la ville actuelle entre la rue du 11 novembre, a l’ouest, et le boulevard Fernand Point au sud. La zone d’étude concerne l’emprise des deux cirques successifs de la colonie, dont l’emplacement est connu par les fouilles anciennes et par quelques sondages récents. Le diagnostic réalisé en amont avait révélé une forte pollution aux hydrocarbures affectant deux zones en particulier, qui de ce fait n’ont pas été sondées. C’est justement la nécessité de purger les sédiments contaminés en vue de la construction des logements qui a motive la prescription d’une fouille préventive concernant les deux secteurs non diagnostiqués.
Les niveaux les plus profonds ont permis de documenter les dernières phases d’activité d’un paléochenal du Rhône, au moment ou le fleuve se métamorphose au profit de l’expansion urbaine avec un retrait progressif des eaux entrecoupé par des épisodes de crue (état 1). Le début de l’occupation de la terrasse rhodanienne se situe possiblement à l’époque augustéenne, avec l’installation au nord du site d’un collecteur maçonné scellé de suite par un probable chemin d’exploitation en galets
épousant a priori le tracé NE/SO de la canalisation (état 2.1). Les eaux continuent néanmoins a représenter une menace, comme l’indique un épisode alluvial d’origine latérale venant sceller l’ensemble de ces aménagements (état 2.2).
Probablement des l’époque tibérienne, une voie NO/SE est aménagée au nord du site au sommet d’un réseau d’assainissement matérialisé par deux nouveaux collecteurs venant se greffer au conduit N/S préexistant (état 3.1). Ce probable trace se situe sur le prolongement de la ≪ voie transversale ≫, qui devait traverser l’intégralité de la plaine depuis le secteur des entrepôts, dont la construction est engagée à la même époque, jusqu’au pied des coteaux de Saint-Just. Il s’agit vraisemblablement de la portion la plus orientale connue a ce jour. Entretemps au sud du site l’ample dépression du paléochenal rhodanien, désormais libérée durablement des eaux de crue, fait l’objet d’une fréquentation ponctuelle qui marque le début d’un processus sédimentaire qui conduit graduellement au comblement de la cuvette au moyen d’une série d’apports hétérogènes, en partie anthropiques, en partie d’origine naturelle (colluvions). D’après les éléments mobiliers, ce processus s’étale sur plusieurs décennies, jusqu'à la fin du Ier siècle de notre ère, quand ce secteur se configure désormais comme une vaste zone non affectée aux marges de la ville utilisée principalement comme décharge. Cette phase est conclue a la charnière des Ier/IIe siècles par l’installation de quelques structures fossoyées, telles qu’une palissade et un petit réseau de fosses, alors que la dynamique colluviale apparaît toujours active (état 3.2).

Des le début du IIe siècle (état 4) le tracé supposé de la ≪ voie transversale ≫ fait l’objet d’une série de recharges qui permettent de suivre son évolution au cours du IIe siècle. L’empilement progressif des litages est entrecoupé par l’installation de quelques structures en creux, parmi lesquelles il faut mentionner deux probables dispositifs destines a la cémentation de bandages de roue en fer.
Le développement du réseau viaire est complété par l’installation, au nord-ouest du site, d’une voie en dalles de granite d’environ 5 m de large, dont le trace NE/SO vient croiser perpendiculairement celui de la ≪ voie transversale ≫. Il est tentant d’identifier cette directrice avec le prolongement de la ≪ voie médiane ≫. Issu de la
porte la plus occidentale du rempart, cet axe majeur devait descendre vers le sud selon un parcours correspondant a l’ancien chemin de Vimaine, repris ensuite par la rue du 11 novembre. La portion dégagée dans le cadre de cette opération pourrait représenter le segment le plus méridional connu a ce jour. En correspondance du carrefour, la surface pavée se prolonge vers le sud-est en empruntant le tracé de la ≪ voie transversale ≫. Cette branche est doublée au nord par un espace de circulation protégé a priori par un portique.
Cette phase est marquée également par l’aménagement, au sud du terrain, d’une vaste esplanade, qui vient niveler définitivement l’ancienne cuvette fluviale. Sur cette surface se développe une séquence de niveaux de circulation sillonnes par des dizaines d’ornières de char laissées possiblement lors de l’acheminement des matériaux durant la construction du premier cirque, qui intervient immédiatement après, probablement dans le troisième quart du IIe siècle apr. J.-C. Ses fondations ont été dégagées a l’extrémité sud du terrain, la ou les tranchées de diagnostic avaient permis de reconnaître le profil en arc de cercle de l’hémicycle. Large de 7,7 m, la cavea est fondée sur un système de piliers quadrangulaires repartis symétriquement sur deux rangs parallèles doublant un mur continu dont la face interne est rythmée par une série de redans places a distance régulière. Ces vestiges représentent une découverte inédite pour la ville de Vienne puisqu’ils permettent pour la première fois de localiser avec certitude les limites septentrionales du premier cirque de la colonie.
Un ensemble de 68 fosses aux formes et tailles variées se dispose aux abords du bâtiment, sans qu’il soit possible de déterminer avec certitude sa chronologie.
La datation d’un épisode d’incendie, qui ravage le secteur nord-ouest du site, reste également sujette a caution, faute d’éléments chronologiques discriminants, qui livrent un TPQ du troisième quart du IIe siècle. L'époque d’abandon définitif du site n’a pas pu être déterminée du fait de l’ablation des niveaux archéologiques les plus tardifs intervenue vraisemblablement des le début du XXe siècle lors de l’aménagement des ateliers industriels, ce qui explique l’érosion totale des niveaux de la piste du deuxième cirque. Les derniers témoins d’occupation supposément antiques se limitent a quelques fosses hétérogènes et à un niveau de remblai, qui scelle les vestiges antiques au sud du site et précède les remblais contemporains. Le caractère très probablement résiduel du mobilier associe ne permet pas d’en assurer la datation.


Revue de presse :


Bibliographie scientifique :


Commune : Vienne

Adresse/lieu-dit : 33/39 rue du 11 novembre

Département/Canton : Isère

Année de fouille : 2018

Période principale d'occupation : Antiquité

Autres périodes représentées : Age du Fer

Responsable d'opération : Marco ZABEO

Aménageur : Kaufman et Broad

Raison de l'intervention : Construction de logements/projet immobilier

Type de chantier : Sédimentaire (Fouille préventive)