Fouille d’un monastère médiéval et moderne proche de Grenoble

Base de colonne du XIIe siècle marquant le passage au transept
Vue d'une grande salle de l'aile sud, interprétée en tant que réfectoire
Vue aérienne des niveaux de sols conservés des XVIIe et XVIIIe s. dans les ailes sud et est. Cliché F. Giraud
Caveau funéraire d'une des chapelles de l'église

L’hôpital psychiatrique de Saint-Egrève (Isère) a été bâti au XIXe siècle sur les vestiges de l’ancien monastère Saint-Robert le Cornillon. D’importants travaux impactent l’ensemble du prieuré, qui fait l’objet d’une vaste fouille archéologique préventive.

 

Fondé dans les années 1070 par les premiers comtes du Dauphiné, le prieuré est placé sous la dépendance de l’abbaye bénédictine de la Chaise-Dieu.

L’ensemble médiéval est organisé autour d’un cloître rectangulaire de 350 m², avec des galeries larges de 3 m. L’église est composée d’une large nef à bas-côtés divisée en 4 travées, délimitant 8 chapelles. Un transept asymétrique, au bras sud plus développé, relie l’église à l’aile orientale. Le chœur, visiblement reconstruit à la période gothique, est composé d’un chevet à pans coupés, en très grande partie récupéré.

L’aile orientale est agrandie à l’est par une série de bâtiments dont la nature n’a pas encore été identifiée. L’aile sud est composée d’une vaste salle qui pourrait correspondre au réfectoire et d’une pièce équipée d’un foyer central et d’une canalisation qui évoque des cuisines.

Un ensemble de bâtiments forme l’angle sud-ouest des bâtiments conventuels, alors que l’aile sud se prolonge à l’est, au-delà du carré claustral. Un simple mur de clôture ferme le cloitre entre ces constructions et l’angle sud-ouest de l’église.

Le flanc méridional du prieuré est longé par un important collecteur maçonné, plusieurs fois remanié.

 

Partiellement détruit lors des Guerres de Religion, le prieuré est entièrement reconstruit entre 1658 et 1660, à l’exception de l’église, sous l’impulsion réformatrice de la congrégation de Saint-Maur.

Les bâtiments conventuels reprennent en partie les fondations anciennes. Si la structure de l’église évolue peu, le cloitre est agrandi vers l’ouest et le sud et un nouveau collecteur est construit, toujours sur le flanc méridional du carré claustral. L’aile orientale concentre les fonctions liturgiques et administratives (sacristie, salle du Chapitre), l’aile sud les fonctions domestiques (réfectoire, cuisines) et l’aile occidentale les dépendances (celliers).

 

Quatre secteurs d’inhumation se distinguent :

  • Le cimetière paroissial, à l’ouest de l’église, concentre de très nombreuses inhumations.
  • Le cloître abrite des sépultures au fond des galeries.
  • L’église accueille quelques tombeaux, essentiellement dans les chapelles.
  • Le chevet de l’église polarise une aire sépulcrale dont l’étendue n’a pas encore été définie, qui pourrait correspondre au cimetière de la communauté monastique.

 

Après la Révolution, l’ensemble conventuel est acheté par le Département (1812), qui transforme le site en reste en dépôt de Mendicité puis en asile départemental d’aliéné à partir des années 1840. Les bâtiments sont alors profondément remaniés et intégrés à un ensemble pavillonnaire qui constituait l’hôpital jusqu’aux récents travaux.

Les bâtiments conventuels sont intégralement conservés. La nef de l’église est entièrement reconstruite entre 1840 et 1848, le chœur liturgique étant préservé pour servir de chapelle. Ce dernier est détruit entre 1860 et 1878 pour laisser place à un pavillon d’entrée, qui donnera à la blanchisserie de l’hôpital son aspect définitif.

Le cloitre est également détruit, une galerie étant maintenue au sud avec de nouvelles arcades. La moitié nord de l’aile ouest est détruite, afin d’aligner sa façade nord avec celle de l’aile orientale. Elle est reconstruite au XXe siècle pour se raccorder à une extension du bâtiment.

David Jouneau