Fouille manuelle du riche dépotoir de la seconde moitié du XVIe siècle, au niveau du rez-de-cour de la tour

Recherches archéologiques au château de la Groulais à Blain

Recherches archéologiques au château de la Groulais à Blain

Vue générale de la tour d’artillerie et du chantier en cours (Ukko / Archeodunum)
Vue générale de la tour d’artillerie et du chantier en cours (Ukko / Archeodunum)
Vue verticale de la tour en cours de fouille (Ukko / Archeodunum)
Vue verticale de la tour en cours de fouille (Ukko / Archeodunum)
Fouille mécanique des couches supérieures moins sensibles
Fouille mécanique des couches supérieures moins sensibles
Fouille manuelle du riche dépotoir de la seconde moitié du XVIe siècle, au niveau du rez-de-cour de la tour
Fouille manuelle du riche dépotoir de la seconde moitié du XVIe siècle, au niveau du rez-de-cour de la tour

Entre avril et octobre 2019, les archéologues d’Archeodunum ont investi le château de la Groulais à Blain (Loire-Atlantique) pour réaliser des recherches archéologiques dans le cadre de la restauration de la tour d’artillerie sud-est, un imposant ouvrage construit vers 1500. En complément, une fouille a été réalisée aux abords du pont d’accès à la forteresse. Cette dernière phase de travaux  commandée par la Ville de Blain, accompagnée par la DRAC des Pays de la Loire, a complété les résultats d’une précédente campagne menée en 2015.

La fouille des sédiments de la tour

Dans un premier temps, l’intervention a consisté à la fouille de l’intérieur de la tour d’artillerie, laquelle avait été remblayée au fil des siècles. Ainsi, ce sont plus de 7 m de sédiments qui ont été étudiés par les archéologues pour atteindre la base des fondations de l’ouvrage défensif. Au cours de la fouille, plusieurs niveaux de rejets ont été traversés. L’un d’eux est à mentionner, car il a livré un nombre impressionnant d’artefacts témoignant de la grande richesse des occupants des lieux. La datation de cette couche a permis de déterminer qu’il s’agissait vraisemblablement des « poubelles » des Rohan, puissante famille bretonne, rejetée dans la seconde moitié du XVIe siècle. Les objets découverts permettront d’avoir une vision complète des consommations matérielle (vaisselier en céramique et en verre notamment) et alimentaire (ossements d’animaux, arêtes de poissons et coquillages). Il est également à noter qu’un canon portatif, accompagné de ses balles en plomb et du moule servant à les fabriquer a été retrouvé dans ce dépotoir. Il s’agit d’une découverte archéologique de premier plan, car peu d’armes anciennes ont été découvertes en contexte, qui plus est accompagnées de leurs munitions et du moule. L’arme est en cours de traitement au laboratoire Arc’antique (Nantes). Son étude prochaine nous permettra de déterminer le type de canon (couleuvrine à main ? haquebute ?) ainsi que sa chronologie.

L’étude des fortifications

En complément de la fouille de la tour d’artillerie, une étude du bâti a été effectuée sur l’ensemble de ses élévations, intérieures et extérieures. Cette étude a permis de mettre en évidence plusieurs phases de chantier liées à la construction de ce puissant ouvrage aux murs atteignant jusqu’à 8 m d’épaisseur. Quelques reprises ponctuelles ont également été mises en évidence sur certaines parties de la tour (modifications de baies, reprises de parement…). Cette intervention permettra à terme de compléter nos connaissances sur les fortifications bretonnes de la fin du Moyen Âge, particulièrement dans le contexte des campagnes menées par Jean II de Rohan à la charnière des années 1500.

Une étude du bâti a également été réalisée sur une tour médiévale, la tour des Prisons. Cette construction, datée du XIVe siècle, a été intégrée dans la puissante tour d’artillerie au moment de son édification. Cette phase de l’intervention a permis de mieux comprendre les modifications qui ont affecté cet angle du château entre le XIVe siècle et la période contemporaine. Elle a démontré que le programme architectural d’origine de la tour des Prisons est particulièrement bien conservé. Ainsi, plusieurs aménagements (cheminées, baies, latrines) sont encore en place et permettent de mieux comprendre comment cette construction s’insérait dans le château du XIVe siècle, lequel demeure relativement bien conservé à Blain.

Le pont d’accès

Enfin, dans un dernier temps, les archéologues sont intervenus aux abords du pont d’accès de la résidence seigneuriale. Ici, ce sont principalement les aménagements modernes mis en place dans le fond des douves qui ont été appréhendés. En effet, au cours des XVIIe-XVIIIe siècles, cet espace sert de lieu d’agrément et de lieu de promenade ce qui a conduit à la mise en place de terrasses au pied des remparts et de la contrescarpe des douves pour pouvoir y circuler au sec. En complément, cette intervention a permis de dégager la base de la tour du Pont-Levis, ouvrage de la seconde moitié du XIVe siècle. L’exutoire des latrines a notamment été retrouvé lors de ces terrassements.

Un important travail d’étude reste à mener à la suite de cette opération, mais nous pouvons d’ores et déjà dire qu’elle apportera des informations de premier ordre sur les consommations de la haute aristocratie bretonne de la fin du Moyen Âge. Les données relatives au bâti permettront quant à elles de compléter nos connaissances sur les travaux menés par les familles de Clisson et de Rohan à Blain. À l’échelle régionale, cette opération permettra d’aborder le rôle important joué par Jean II de Rohan dans la fortification de plusieurs places-fortes bretonnes à la charnière des années 1500 (comme Pontivy ou la Roche-Maurice).    

Fabien Briand

Canon portatif découvert dans les sédiments de la tour (Jean-Gabriel Aubert, Arc'Antique / Archeodunum)
Canon portatif découvert dans les sédiments de la tour (Jean-Gabriel Aubert, Arc'Antique / Archeodunum)
Fermoir métallique décoré
Fermoir métallique décoré
Cheminée de la salle du rez-de-cour, après sa découverte
Cheminée de la salle du rez-de-cour, après sa découverte