Fig. 8 : Vénus au moment de sa découverte.

Dans quartier chic, maison romaine avec terrasse et banc en pierre

Dans quartier chic, maison romaine avec terrasse et banc en pierre

Saint-Romain-en-Gal « Route Nationale », principaux résultats de la fouille archéologique conduite par Archeodunum en hiver 2019-2020

C’est à Saint-Romain-en-Gal, dans un quartier très aisé de la ville antique de Vienna que six archéologues d’Archeodunum ont réalisé une fouille de 850 m2, avant la construction de la nouvelle résidence « Les Reflets » édifiée par la SCCV LES REFLETS / OXALYS.
L’équipe est intervenue durant l’hiver 2019-2020. Elle a mis au jour un système de terrasses : la partie amont était bâtie, alors que la partie aval correspondait à un parc ou à un jardin. On y a trouvé, miraculeusement intacts après deux millénaires, un banc et un couple de statuettes.

Un environnement de prestige

La fouille se situe à proximité d’ensembles antiques luxueux (thermes monumentaux du Palais du Miroir, Maison des Dieux Océans), dont les splendeurs sont visibles au Musée et site de Saint-Romain-en-Gal (fig. 1).

Fig. 1 : Vue aérienne du chantier. Au fond, le Musée et site de Saint-Romain-en-Gal. © Flore Giraud pour Archeodunum.
Fig. 1 : Vue aérienne du chantier. Au fond, le Musée et site de Saint-Romain-en-Gal. © Flore Giraud pour Archeodunum.
Fig. 2 : Plan des principaux vestiges.
Fig. 2 : Plan des principaux vestiges.

Des terrasses vers le Rhône

L’élément le plus présent et le plus saillant du chantier est un puissant mur de soutènement, de facture très soignée, qui traverse toute la longueur des 85 mètres du chantier (fig. 2 et 3). Conservé sur une belle hauteur de plus de 3 m, il sépare deux terrasses étagées de 1,30 à 2 m.
Une ouverture dans l’ouvrage correspond probablement à un escalier, aujourd’hui disparu, reliant les deux niveaux. C’est également là que passent plusieurs canalisations enterrées, destinées à évacuer l’eau vers le Rhône (fig. 4).

Du bel habitat…

La terrasse supérieure n’a été qu’entraperçue. Des départs de maçonnerie, associés à des sols en béton, indiquent que des constructions prennent appui sur le mur de soutènement. Des mosaïques entrevues à proximité révèlent une architecture de bon standing.

Fig. 3 : Mur de terrasse.
Fig. 3 : Mur de terrasse.
Fig. 4 : Interruption dans le mur de terrasse et canalisations en cours de fouille.
Fig. 4 : Interruption dans le mur de terrasse et canalisations en cours de fouille.

… combiné à un parc ?

La terrasse inférieure n’est pas bâtie, en tout cas sur les dix mètres de large qui en ont été explorés. Il s’agit probablement d’un parc, dépendant de la terrasse supérieure. Son sol est d’abord plat, puis descend en pente douce en direction du Rhône. Il a été rehaussé à plusieurs reprises à l’aide de remblais. Ces couches successives ont livré toute une gamme d’objets qui nous renseignent sur la vie des habitants, entre le Ier et le IIIe siècle après J.-C. (fig. 5 et 6).

Fig. 5 : Bol en terre cuite avec décor de gladiateurs
Fig. 5 : Bol en terre cuite avec décor de gladiateurs
Fig. 6 : Gourde en terre cuite
Fig. 6 : Gourde en terre cuite

« Un banc, solitaire et moussu »

Sur cette terrasse, l’équipe d’Archeodunum a fait deux découvertes peu ordinaires. Tout d’abord, c’est un banc en pierre de taille (fig. 7), encore debout après deux millénaires – bien qu’un peu de guingois ! Fait d’une assise posée sur deux pieds moulurés, il présente de frappantes analogies avec les bancs qui ornent nos jardins.

Fig. 7 : Banc en pierre retrouvé encore debout lors de la fouille.
Fig. 7 : Banc en pierre retrouvé encore debout lors de la fouille.

La Vénus et le barbu

Un peu plus loin, ce sont deux fragiles statuettes, miraculeusement intactes elles aussi, qui ont émergé sous la truelle et le pinceau des archéologues. Elles sont restées debout, disposées dos à dos et séparées par un petit bloc, à l’emplacement choisi par leur propriétaire. Hautes d’une quinzaine de centimètres, elles sont en terre cuite blanche.
Une des figurines représente une Vénus sortant du bain (fig. 8, 10), un thème très fréquent dans l’iconographie gallo-romaine. L’autre est un personnage barbu, dont l’identité est pour l’heure énigmatique (fig. 9-10). L’ensemble témoigne sans doute d’une pratique religieuse privée, à l’instar des vierges ou des crucifix que l’on trouve encore dans nombre de nos maisons.

Fig. 8 : Vénus au moment de sa découverte.
Fig. 8 : Vénus au moment de sa découverte.
Fig. 9 : La Vénus et le personnage barbu. © Dauphiné Libéré
Fig. 9 : La Vénus et le personnage barbu. © Dauphiné Libéré
Fig. 10 : Barbu au moment de sa découverte
Fig. 10 : Barbu au moment de sa découverte

Pollution et protection

Le terrain d’intervention était lourdement pollué. Pour assurer la sécurité de son équipe, Archeodunum a mis en place un protocole particulier : port d’une combinaison, de gants et de masques de protection (fig. 11).

… Et la suite ?

Dans des conditions difficiles, Archeodunum a donc mis au jour une portion certes réduite, mais à la fois impressionnante et émouvante, d’un quartier chic de la Vienne antique.
Les investigations se poursuivent en laboratoire. Archéologues et spécialistes mènent des études pour affiner et exploiter les informations recueillies sur le terrain. Tous les résultats seront synthétisés dans un rapport final abondamment documenté et argumenté.

Fig. 11 : L’équipe au travail avec ses équipements de protection.
Fig. 11 : L’équipe au travail avec ses équipements de protection.

Opération d’archéologie préventive conduite par Archeodunum entre fin 2019 et début 2020 sur la commune de Saint-Romain-en-Gal (Rhône), Route Nationale, avant la construction de la résidence « Les Reflets ».

Prescription et contrôle scientifique : Service Régional de l’Archéologie d’Auvergne-Rhône-Alpes

Maîtrise d’ouvrage : SCCV LES REFLETS / OXALYS

Opérateur archéologique : Archeodunum (Responsable : Jérôme Grasso)