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Magny-Cours - Champ Rabatin


L’opération de fouilles préventives réalisée durant cinq mois (février à juin 2009) à Magny-Cours «Champ Rabatin» a concerné une emprise de presque 20 000 m² recouvrant le futur aménagement à 2 x 2 voies de la Nationale 7. L’opération a conduit à la découverte d’une partie d’un vaste établissement rural gallo-romain, mais également d’une occupation médiévale. L’établissement antique est organisé en deux ailes parallèles, orientées est-ouest, et séparées par un espace vide long de 80 m. Les deux ailes, larges de 20 m (aile nord) et 25 m (aile sud), sont délimitées de chaque côté par de longs murs, observés sur une longueur qui atteint 100 m. La symétrie de l’organisation des vestiges est renforcée par la présence d’un chemin empierré longeant chacune des ailes. Au total, la surface cumulée des deux ailes est d’environ 4500 m². A l’intérieur des ailes, le bâti est relativement lâche. On observe la juxtaposition de bâtiments maçonnés, bien construits, et de bâtiments en matériaux périssables sur solins ou sur sablière basse. La fonction des différents bâtiments est peu évidente à établir, tant les aménagements intérieurs sont peu nombreux. L’organisation générale indique sans beaucoup de doute que l’ensemble fouillé appartient à une grande villa dont le plan évoque des établissements similaires qu’on retrouve couramment dans un grand quart nord-est de la Gaule (Bourgogne, Picardie, Champagne, Belgique). La partie résidentielle n’est pas comprise dans l’emprise, et on peut penser qu’elle se situe à l’Est. Quelques éléments provenant de remblais indiquent en tout cas le luxe qui y était déployé (placage de marbre, peintures murales, colonnes et chapiteaux, statuaire). Les deux ailes fouillées correspondent de toute évidence à la pars rustica. Malgré les difficultés rencontrées pour identifier les activités pratiquées dans le domaine, on peut imaginer que les différents bâtiments étaient utilisés pour les activités agricoles et pastorales (stockage, transformation), mais également comme habitations. Cette dernière vocation apparaît évidente dans les bâtiments situés en limite orientale des deux ailes, où la construction est plus soignée et où le compartimentage évoque des pièces d’habitat.
Du point de vue chronologique, on perçoit une première occupation dès la première moitié du Ier s. ap. J.-C., mais très ténue et difficile à rattacher à des structures. Le développement majeur se situe dans le dernier tiers du Ier s. Des bâtiments sur solins, peu nombreux, sont observés dans l’aile sud. Assez rapidement, ils sont détruits et remplacés par des bâtiments maçonnés, alors que sont construits les longs murs et le chemin qui structurent l’espace. A partir du IIIe s., les deux ailes connaissent de profondes modifications ; les bâtiments sont en grande e partie épierrés, et des remblais comprenant de nombreux matériaux de construction sont épandus. C’est sur ces remblais que sont aménagés quelques bâtiments en matériaux légers. C’est également dans ce remblai qu’ont été dissimulés deux trésors monétaires au début du IVe s. La caractérisation de l’occupation du IIIe-Ve s. est peu aisée, car on ignore l’évolution générale du site. Il est en tout cas assuré que le site est encore occupé, sans doute encore par des personnages fortunés si on considère la valeur cumulée des deux trésors.
Non observée lors du diagnostic (car les parcelles étaient alors inaccessibles), l’occupation médiévale se concentre en bordure orientale d’emprise. Elle est d’abord caractérisée par dix sépultures comprises entre le VIIe et le Xe s., installées dans les vestiges antiques. Elles ont été recoupées, après le Xe s., par un très large fossé encerclant un tertre artificiel qui se poursuit dans la parcelle contiguë. C'est également dans cette parcelle qu’on place la paroisse de Cours, abandonnée en 1830, et dont l’église était située sur le tertre. Quelques bâtiments datés du XIVe-XVe s. appartenant de toute évidence à cet habitat ont été fouillés dans la partie dans la partie nord-est de l'emprise. Leur fonction est difficile à déterminer en dehors d'un four à pain (habitation ? bâtiments agricoles ?).


Revue de presse :

  • Le Journal du Centre 2012 " Archéologie : les vestiges de Magny-Cours iront à Glux ", Le Journal du Centre, p.9. (30/06/2012)
  • Le Journal du Centre 2010, " Magny-Cours. L'inventaire des deux trésors monétaires déouverts par les archéologues est terminé. Le magot caché d'un riche romain ", Le Journal du Centre, p.3. (17/09/2010)

Bibliographie scientifique :

  • Segard 2018 : SEGARD M., « Magny-Cours. Une grande villa aux confins du territoire éduen », in SEGARD M. (dir.), Établissements ruraux gallo-romains : quelques études de cas, Goillon : In Folio, pp. 25-48.


Commune : Magny-Cours

Adresse/lieu-dit : Champ Rabatin

Département/Canton : Nièvre

Année de fouille : 2009

Période principale d'occupation : Antiquité

Autres périodes représentées : Moyen Âge,Période moderne

Responsable d'opération : Maxence SEGARD

Aménageur : DREAL Bourgogne

Raison de l'intervention : Aménagement routier

Type de chantier : Sédimentaire (Fouille préventive)