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Yvoire - Au Sorbier


La fouille menée à Yvoire dans le cadre d’un projet de lotissement sur deux parcelles mitoyennes, dites « Au Sorbier Sud » et « Au Sorbier », a permis de mettre en évidence les vestiges d’un habitat rural de la fin du haut Moyen Âge. En prenant en compte l’ensemble des deux emprises de fouille, force est de constater que l’occupation se recentre dans la moitié nord (« Au Sorbier Sud »), le secteur méridional (« Au Sorbier ») n’ayant livré que trois fosses potentiellement rattachées à cette phase chronologique.
Localisé entre la route de Messery, à l’ouest, et le chemin de la Bossenaz, au sud, à l’entrée ouest de la commune, le site occupe un replat sur le haut du versant nord de la butte morainique surplombant le lac Léman. Sous le profil chronologique cette occupation demeure assez délicate à cerner du fait de l’indigence de mobilier et
de son caractère peu discriminant. Ce dernier est constitué de rares tessons, en bonne partie résiduels, d’encore plus rare mobilier métallique et d’un petit lot de vaisselle en pierre ollaire qui se rapporte à un faciès typologique provenant du Val d’Aoste et diffusé de la fin de l’Antiquité jusqu’au XIe siècle couvrant ainsi tout le haut Moyen Âge. La datation radiométrique de quelques échantillons de charbon de bois a permis néanmoins de cibler un intervalle chronologique plus resserré pour l’implantation du site, compris entre le VIIIe et le Xe siècle de notre ère.
L’essentiel des vestiges mis au jour se recentre sur la parcelle septentrionale (Au Sorbier Sud) en adoptant une orientation générale NO/SE selon le profil altimétrique du plateau. Développée sur une surface d’environ 2000 m², l’emprise exacte de l’établissement n’est pas connue, le site se poursuivant vers le nord en dehors de la surface décapée. Cela autorise par conséquent à envisager un possible lien, difficile à définir en l’état, avec les structures documentées lors d’un diagnostic sur la parcelle mitoyenne « À Dessinges » (Réthoré 2007). Le site du Sorbier Sud gravite autour d’un bâtiment sur poteaux de grandes dimensions situé au milieu de la parcelle
à probable vocation résidentielle. L’édifice est accompagné d’une série de structures en creux périphériques, nombre d’entre elles pouvant relever de l’activité de stockage. À l’ouest de l’édifice principal l’espace est structuré par une ample surface empierrée associée à une petite construction annexe toujours sur poteaux accolée à son flanc sud-est. Consacrée probablement aux activités agropastorales, cette plateforme s’individualise par son plan en fer à cheval concrétisé par deux radiers superposés venant niveler une cuvette artificielle. Au nord-est de cette surface se développe un espace encadré par une série de trous de poteau et d’autres structures en creux. Cet ensemble, dont l’interprétation demeure incertaine, s’insère parfaitement dans la trame de l’établissement tout en jouxtant une mare aménagée de forme vaguement circulaire située en bordure d’emprise.
En périphérie sud du site trois amples excavations pourraient relever de l’activité d’extraction en probable relation avec les structures bâties évoquées ci-haut. Ce  même secteur est traversé par une tranchée peu profonde pouvant délimiter au sud l’espace d’habitat qui renferme d’autres structures en creux plus ou moins isolées dont la fonction exacte nous échappe.
De par sa configuration spatiale et sa chronologie le site d’Yvoire semble intégrer la catégorie des habitats isolés, dits aussi intercalaires, qui maillent le tissu rural de la France à la fin du haut Moyen Âge et se caractérisent par la simplicité de leur agencement, par la coexistence d’habitations et de bâtiments annexes et éventuellement par l’association de quelques installations agricoles ou artisanales. Ces sites, qui correspondent pour la plupart à des fondations ex nihilo, prennent leur essor majoritairement à la charnière des Xe-XIe siècles, ce qui tendrait à orienter la chronologie de l’habitat du Sorbier Sud vers la partie basse de la fourchette fournie par les analyses radiométriques. La durée moyenne de ces unités agricoles est généralement très courte, ne dépassant que rarement le siècle. Le site d’Yvoire, quant à lui, ne semble pas échapper à ce destin de précarité. D’après les indices stratigraphiques, unis au caractère extrêmement homogène du mobilier en pierre ollaire, une seule génération de constructions semble avoir existé au Sorbier Sud, tout comme le suggère également l’analyse des pollens.
Après son abandon, le site ne sera réoccupé qu’à l’époque moderne ainsi que le témoignent une série de drainages et un trou de poteau isolé. Quant à la période  contemporaine, elle n’est représentée que par une fosse pouvant se rattacher à un bâtiment situé hors emprise à probable vocation militaire.


Bibliographie scientifique :


Commune : Yvoire

Adresse/lieu-dit : Au Sorbier

Département/Canton : Haute-Savoie

Année de fouille : 2016

Période principale d'occupation : Moyen Âge

Autres périodes représentées : Période moderne

Responsable d'opération : Marco ZABEO

Aménageur : Particulier

Raison de l'intervention : Construction de logements/projet immobilier

Type de chantier : Sédimentaire (Fouille préventive)