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Le Puy-en-Velay - 8-10 rue de de la Saulnerie


L’opération archéologique menée au nos 8-10, rue de la Saulnerie au Puy-en-Velay a eu lieu dans le cadre de la construction de logements pour personnes âgées par la SA d’HLM « Foyer vellave ». La parcelle AD 567 se trouve dans l’îlot Jean Barthélémy, en contrebas de la cathédrale, sur la pente sud de la ville très densément bâtie à partir du XVIe siècle. Le diagnostic effectué sur le site par l’INRAP a révélé des vestiges s’échelonnant de l’époque gallo-romaine à la période contemporaine. Ces découvertes ont conduit à la prescription d’une opération archéologique préventive. La fouille et l’étude du bâti des caves ont été réalisées par la société Archeodunum d’avril à juin 2009.

En dépit de la découverte de vestiges antiques à proximité du site, aucune structure remontant au début de notre ère n’a été détectée, sans doute en raison des importants décaissements pratiqués aux époques postérieures. Cependant, l’intervention a été d’un grand intérêt pour la connaissance de l’évolution d’une partie de l’îlot au Moyen Âge et à l’époque moderne.

Malgré l’impossibilité de les dégager, les caves situées perpendiculairement au front de rue permettent d’appréhender le parcellaire médiéval ponot. Quatre parcelles ont ainsi été mises en évidence sur le site et d’autres divisions ont été détectées immédiatement à l’est de la fouille, dans les soubassements de l’immeuble sis au n° 12, rue de la Saulnerie (aumônerie). Ainsi a-t-on pu déterminer une organisation assez stricte montrant des parcelles d’environ 8 m de profondeur pour 4 m de largeur en moyenne, toutes dotées de caves. Probablement le cœur de l’îlot était-il non bâti, laissant ainsi l’opportunité de garder des zones vivrières intra muros. Les constructions se sont toutefois développées et ont colonisé cet espace progressivement à partir du début du XIIIe siècle, comme l’atteste l’exemple de la cave E, rejetée au sud-est sans accès sur la rue.

Les vestiges antérieurs au XIVe siècle offrent des informations intéressantes sur quelques aspects de la construction médiévale civile au Puy-en-Velay. Un des bâtiments reposait en effet sur des fondations dotées d’arcs permettant de concentrer le poids de la structure dans les angles et peut-être de répéter ce système dans l’élévation. Encore partiellement conservée en élévation, la maison du n° 7, rue des Farges, malheureusement reconstruite très récemment, pourrait offrir un point de comparaison assez pertinent. La variété des voûtements fournit en outre des critères chronologiques. Ainsi, la première cave à avoir été construite (cave C) présente un berceau brisé appareillé permettant d’associer une meilleure stabilité de la structure tout en élevant suffisamment le niveau à remblayer pour aménager le rez-de-chaussée. Après la construction de la cave D dont le voûtement originel a été complètement refait, la cave E possédait quant à elle un berceau plein-cintre appareillé à pénétrations de façon à dégager des ouvertures latérales au nord et au sud. Enfin, les caves A et E présentent des berceaux en plein-cintre appareillés dont les pénétrations présentent des voussoirs arêtiers traités en besace qu’il faut probablement attribuer au début de l’époque moderne.

Le reste du site, divisé en deux terrasses en raison de la déclivité du coteau, était occupé par différentes constructions. En limite sud-ouest de la terrasse supérieure nord a été mise au jour une petite cave (cave F) probablement transformée en fosse septique. Quant à la terrasse inférieure, au sud, elle a montré la présence de bâtiments successifs. Le plus ancien d’entre eux (bâtiment 1) est nécessairement antérieur à la fin du Moyen Âge ou au tout début de l’époque moderne car son mur sud a été repris pour une construction (bâtiment 2) datée de cette période par la céramique et le congé situé sur le seul piédroit en subsistant. Plus à l’est, en limite de la parcelle AD 568, une autre construction a été détectée. Sa datation n’a pas pu être établie mais elle était nécessairement antérieure aux XVIIe-XVIIIe siècles. La céramique et l’élévation conservée au sud de la fouille fournissent en effet un calage chronologique pour la mise en place d’un nouveau bâtiment (bâtiment 3) remonté sur son mur ouest. Enfin, un petit bâtiment (bâtiment 4) est venu se greffer à l’ouest de cette structure tout en préservant la présence d’un puits antérieur.

La fonction de ces constructions demeure incertaine. Les sources écrites permettent cependant d’appréhender le quartier à la fin de l’époque moderne. Très fortement taxé, l’îlot abritait en effet des marchands issus de riches familles ponotes mentionnées dès le XVIe siècle et continuait d’exercer un attrait sur les gens de robes comme des avocats, un procureur, le président du parlement, des ecclésiastiques ou des nobles. Dès le XIIIe siècle, le commerce du sel a dû constituer une part importante dans le statut social des riverains. Le nom de la rue est en effet attesté dès 1239 et se rapporte à la prérogative des habitants. Malgré la volonté de centraliser la denrée dans un lieu de stockage unique – un grenier – en 1549, il apparaît dans les textes qu’il s’agissait simplement de la cave d’un particulier.



Commune : Le Puy-en-Velay

Adresse/lieu-dit : 8-10 rue de de la Saulnerie

Département/Canton : Haute-Loire

Année de fouille : 2009

Période principale d'occupation : Moyen Âge,Période moderne,Epoque contemporaine

Autres périodes représentées : Antiquité

Responsable d'opération : Pierre MARTIN

Aménageur : SA HLM Foyer Vellave

Raison de l'intervention : Construction de logements/projet immobilier

Type de chantier : Sédimentaire/Etude du bâti (Fouille préventive)