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Sainte-Foy-Les-Lyon - Chemin de l'Yzeron


L’étude du bâti des piles 8, 9 et 10 du pont du siphon de l’Yzeron à Beaunant a été conduite conjointement aux travaux de restauration de l’édifice engagés par la municipalité de Sainte-Foy-lès-Lyon. Ces piles sont situées dans le premier tiers de la longueur du pont sur la rive droite de l’Yzeron à environ 70 m de la culée occidentale. Elles ont initialement été construites évidées sous un arc transversal et bouchées par la suite. Leurs élévations, construites en opus caementicium, se composent d’une superposition de plusieurs épaulées parementées en opus reticulatum coiffées de doubles arases de briques dont le rythme est reproduit sur l’écoinçon en concordance avec les doubles rangs de briques insérés dans la maçonnerie des arches longitudinales.
De manière générale, moins d’un quart de la surface des parements est conservée, et ce essentiellement sur les faces est et ouest, dévoilant ainsi le blocage de maçonnerie sur la quasi-intégralité des piles. Le parement de la face nord de chacune des piles a totalement disparu et la fourrure y est parfois érodée sur plusieurs dizaines de centimètres de profondeur.
Les maçonneries antiques de la partie sommitale du pont, correspondant peu ou prou au tablier, se situent à une altitude d’environ 191,70 m NGF soit entre 12,50 m et 13,60 m de hauteur au-dessus du sol actuel au niveau des piles 8, 9 et 10. Bien qu’elles ne soient pas visibles, leurs fondations pourraient être enfouies à environ 1,20 m de profondeur sous les premières arases de briques, situées au ras du sol actuel ou à quelques dizaines de centimètres au-dessus.
À l’ouest, la physionomie des parements de la pile 8 permet de conclure que la pile a vraisemblablement été construite au niveau d’une rupture de pente. Cela se traduit par le fait que sur le côté occidental de la pile, l’élégissement et l’élévation des piédroits apparaissaient peu ou prou au niveau du sol antique alors que sur la face orientale ils surmontaient au moins deux épaulées étendues à toute la largeur transversale de la pile sur une hauteur d’environ 2,50 m, donnant à la partie basse de la pile l’aspect d’une construction pleine et massive.
Les piles 9 et 10 possèdent plusieurs corbeaux apparaissant en saillie sous le plan de naissance des voûtes longitudinales. La plupart ont été taillés dans un calcaire gris dont la dureté est comparable à celle du choin de Fay (calcaire Portlandien du Jura méridional). Ces corbeaux représentent les seuls éléments techniques tangibles liés au chantier de construction alors que sont absents tout autres témoins comme des trous de boulins pour l’ancrage d’échafaudages par exemple.
Les blocages de maçonneries sont élaborés avec des gneiss de provenance locale et les parements en appareil réticulé, bicolore ou monochrome, sont composés avec différents calcaires provenant de la vallée de la Saône (calcaire oolithique du Beaujolais, calcaire « ciret » et calcaire jaune du mont-d’Or).
La progression et les étapes du chantier apparaissent au travers d’une multitude d’indices telles que les planées, les collages de mortier, les micro-variations de la nature des mortiers ou avec la diversité de certains matériaux comme les briques.
Les bouchages de l’embrasure des piles, qui sont intervenus dans un second temps, ont été réalisés avec des techniques semblables à celles mises en œuvre pour la construction des piles initiales. Le noyau du bouchage est constitué avec un blocage de maçonnerie en opus caementicium et l’élévation, divisée en épaulées entrecoupées de doubles arases de briques, est parementée en opus reticulatum. Épaulées et arases de briques coïncident avec celles des piédroits de la pile. Un soin particulier a notamment été apporté à cette liaison des parements, donnant l’illusion d’un appareil continu.
L’examen approfondi des élévations et des différents éléments architectoniques, enrichis par l’étude des matériaux de construction, a offert la possibilité de reconnaître des spécificités architecturales propres à chacune des piles tout en permettant d’observer les techniques de construction et d’apprécier les différentes modalités de l’édification de cet ouvrage. Cette étude est cependant restreinte à trois piles d’un édifice qui en possédait vingt-neuf à l’origine et dont quinze sont aujourd’hui conservées. Des questions comme celles de la progression générale du chantier de construction du pont et de son insertion dans la chronologie de l’aménagement de l’aqueduc du Gier pourraient trouver des éléments de réponses dans une étude globale de l’ouvrage en confrontation à d’autres édifices.


Commune : Sainte-Foy-Les-Lyon

Adresse/lieu-dit : Chemin de l'Yzeron

Département/Canton : Rhône

Année de fouille : 2021

Période principale d'occupation : Antiquité

Responsable d'opération : David BALDASSARI

Aménageur : Ville de Sainte-Foy-lès-Lyon

Raison de l'intervention : Restauration de l'édifice

Type de chantier : Etude du bâti (Fouille préventive)