Notice_site

Saintes - Place de la Prison- Square Machon et Place Gustave Fort


Fouilles archéologiques au centre de Saintes

A la fin de l’année 2013, trois fouilles ont été réalisées au coeur de la ville de Saintes, pour la réalisation de trois conteneurs enterrés. Elles ont permis de mettre au jour de multiples vestiges archéologiques sur trois places de la ville.

Place de la Prison

La fouille du conteneur de la place de la Prison s’étendait sur une superficie totale d’environ 22 m² pour 3 m de hauteur, dont seule la moitié sud, a conservé la trace de vestiges archéologiques, la partie nord étant occupée par un ancien collecteur de déchets sur environ 2,80 m de profondeur. Le sol géologique naturel n’a pas été atteint, les structures se poursuivant au-delà des 3 m prescrits.
L’opération aura permis de mettre au jour sept états d’occupation différents.
Ainsi, la première occupation mis au jour daterait de la moitié du Ier s. ap. J.-C., matérialisée par un premier bâtiment, modeste, matérialisé par un lambeau de sol en fragment de calcaire compacté et lissé en surface et un mur en pierres calcaires très arasé. Puis cette bâtisse laisse place, au IIe s. ap. J.-C., à une maçonnerie beaucoup plus soignée avec, pris dans le niveau de démolition, trois dés de calcaires taillés de dimensions assez importantes et un élément de corniche, laissant ainsi supposer une certaine richesse de l’édifice. Il pourrait correspondre à un mur podium et/ou pourrait être mis en lien avec la paroi nord d’un caniveau est/ouest pouvant appartenir à la voie présente à proximité du chantier qui se dirige vers l’arc de Germanicus, monument marquant l’entrée dans la ville.
Ce secteur semble ensuite abandonné jusqu’au Bas-Moyen Âge, abandon marqué par un hiatus chronologique entre le IIe s. et cette période. Cet abandon pourrait être mis en lien avec le repli de la ville sur la rive gauche et la construction du futur rempart, construit à partir d’éléments récupérés sur les anciens bâtiments.
Un remblai du Bas-Moyen âge vient alors sceller les niveaux antiques. Puis un bâtiment, matérialisé par la présence de deux pièces avec des sols en terre battue et/ou en calcaire compacté est construit. Il daterait de la fin du XVe et serait abandonné au deuxième tiers du XVIe s.. Il pourrait être mis en relation avec les maisons apparaissant sur la vue cavalière de 1560 de G. Braunius.
Ce bâtiment sera complétement réorganisé dès la fin du XVIe s /début XVIIe s., une seule pièce est conservée, la pièce ouest étant transformée en extérieur (cour ou rue). Cette réorganisation est sans doute à mettre en lien avec l’installation des Clarisses sur cette parcelle. Ce bâtiment sera abandonné au XVIIIe s. pour laisser place à la construction d’un nouvel édifice ou maison venant recoupée la totalité des sols des états antérieurs. Il s’agit probablement de la dernière construction avant l’installation de la place de la prison en 1831.
Le dernier état correspond à la construction d’une tranchée de refuge datant de la seconde Guerre Mondiale, avec encore en place une dalle de béton se le fond et sur la paroi est.
Le secteur est donc occupé dès le Ier s ap. J.-C. jusqu’à aujourd’hui avec cependant un hiatus chronologique entre le IIe s. ap. J.-C. et le bas Moyen Âge.

Square Machon
La fouille du Square Machon à Saintes s’étendait sur une superficie totale d’environ 20 m² pour 2 m de hauteur. Le sol géologique naturel a été atteint sur la totalité de l’emprise. Elle a permis de mettre en évidence cinq états successifs allant du début de la période antique à l’époque moderne.
Les premier et second état, correspondant à la période antique avec, les premières traces d’occupation du secteur dès l’époque flavienne. Ils sont essentiellement matérialisés par des fosses (dépotoirs et/ou d’extraction).
Ces quelques éléments mettent en évidence une occupation antique localisée rive droite de la Charente, en dehors de l’emprise de la ville antique de Saintes/Mediolanum. Cette occupation, perceptible au travers de niveaux d’abandon, s’avère être ponctuelle et restreinte dans le temps. Nous pouvons supposer un abandon du secteur au plus tard à la fin du Ier s./début IIe s. Il est également envisageable que la mise en place de l’occupation de l’état 3 ait entrainé l’arasement, voir la destruction, des vestiges antiques postérieurs, expliquant ainsi le hiatus chronologique de près de dix siècles entre les deux états.
Le peu de structures enregistrées ne permet pas d’identifier la nature exacte de l’occupation. Néanmoins, les quelques éléments de céramique plaideraient en faveur d’une implantation d’ordre domestique. Toute la panoplie du vaisselier en usage pour la période considérée est retrouvé. Ces éléments contrasteraient avec les vestiges généralement enregistrés dans le secteur qui sont davantage liés à divers activités artisanales (Maurin 2007).
Le troisième état se met en place après un hiatus chronologique de dix siècles. Il renvoie aux périodes de la fin du Moyen-Âge classique et du bas Moyen-Âge (fin XIIIe – début XVe s.). Il correspond à des structures en creux, et à un sol. Il marque la première ré-occupation du secteur succédant à la période antique.
La datation du quatrième état repose uniquement sur la stratigraphie du site. Il apparait postérieur à l’occupation médiévale de l’état 3 datée de la fin du XIIIe – début du Ve s. Cet état correspond à la construction d’un bâtiment associé à deux niveaux d’occupation : un probable sol intérieur en terre battue au nord et une succession de niveaux de circulation externe (voie ou cour) au sud, installés sur un radier de pierres.
Le cinquième état est subdivisé en deux phases. La première correspond à la mise en place d’un mur nord/sud dans lequel une porte est installée. Seuls les niveaux de sols à l’ouest ont pu être repérés.
La seconde phase renvoie au bouchage de la porte et à l’abandon de ce bâtiment. Aucun matériel postérieur à l’époque moderne n’a été repéré. Cependant sur les plans cadastraux, cette parcelle est construite au moins jusqu’au XIXe s, date d’installation de la rue Denfert Rochereau, qui repousse l’habitat vers l’est. Ce n’est que lors de la création de la place du Square Machon en 1975 que les bâtiments sont totalement arasés.

Place Gustave Fort

La fouille du conteneur de la place Gustave Fort s’étendait sur une superficie totale d’environ 22 m² pour 3 m de hauteur. Six états ont pu être mis au jour.
La première occupation remontrait à l’époque augusto-tibérienne matérialisée par une fosse de grandes dimensions. Puis un bâtiment avec deux pièces est construit. Dont deux sols en calcaire compacté et le négatif d’une cloison sont conservés.
Ce bâtiment est ensuite abandonné pour la construction d’un niveau de circulation extérieur pouvant correspondre à une voie ou une cour. La datation de cette structure, de la première moitié du Ier s. ap. J.-C., concordant avec la mise en place d’un système de voie orthogonale dans la ville pourrait faire pencher pour l’hypothèse de la voie plus que celle de la cour. Ces niveaux sont ensuite abandonnés et le secteur est transformé en un probable lieu d’inhumation. Les deux sépultures retrouvées n’ont pas permis de donner une fourchette de datation très précise. Elles ont été installées entre la fin du Ier s. et le début du IIIe s. ap. J.C.
Le quartier semble alors abandonné, seuls des remblais étant visible jusqu’à la construction de la place. Ces remblais offrant un fort pendage pourraient marquer une volonté de rehausser et de niveler la plaine inondable en vue de bâtir de nouvelles constructions et de développer la ville de ce côté à l’époque contemporaine, la plaine alluviale se situant à proximité immédiate et au nord-ouest du site à une altitude beaucoup plus basse.
Aucune opération archéologique n’ayant été réalisée dans ce secteur, cette fouille, même de dimensions restreintes, aura, ainsi, permis de compléter les données sur ce quartier et ainsi de montrer que ce secteur était occupé dès le Ier s.

Commune : Saintes

Adresse/lieu-dit : Place de la Prison- Square Machon et Place Gustave Fort

Département/Canton : Charente-Maritime

Année de fouille : 2013

Période principale d'occupation : Antiquité,Moyen Âge

Autres périodes représentées : Période moderne,Epoque contemporaine

Responsable d'opération : Mélanie LEFILS

Aménageur : Ville de Saintes

Raison de l'intervention : Autre aménagement

Type de chantier : Sédimentaire (Fouille préventive)