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Pimbo - La cour du presbytère et la salle voûtée


Le contexte archéologique de la commune de Pimbo est assez mal connu, n’ayant jamais fait l’objet d’aucune fouille. Du point de vue historique, la tradition attribue la fondation de la collégiale de Pimbo à Charlemagne en 777, probablement influencée par les travaux de l’abbé Légé, qui ne cite toutefois pas ses sources (Légé 1887 : 5). De fait, plusieurs études menées par des érudits ou des historiens mentionnent des archives qui remonteraient au VIIIe siècle Toutefois, un texte présent aux archives départementales de Haute-Garonne (Fond 101 H « Chanoines de Saint-Sernin de Toulouse, deuxième chapitre : Possession du Chapitre de St Sernin », Cote 501) fait mention de la donation d’Oger de Miramont en faveur de N. — D. de Pimbo et en faveur de St-Sernin, d’une église. Ce testament ne comporte pas de date, mais aurait été rédigé entre 1060 et 1100. Ensuite, plusieurs sources mentionnent l’acte de paréage de l’Abbaye de Pimbo signé en 1268 entre l’Abbé Wilherm-Arnaud de Sanguinet et Thomas d’Yperague, Sénéchal de Gascogne, représentant d’Henri III d’Angleterre, duc d’Aquitaine (Degert 1885 : 271, 1908 : 85 et Saint-Jours 1911 : 10). Cet acte de paréage donne le droit au sénéchal de construire un château fort et de transformer en bastide une partie du territoire de Pimbo. L’étroitesse du promontoire rocheux sur lequel est érigée la cité en fait ce que l’on qualifie de « Bastide-rue », avec du côté de l’entrée ouest l’abbaye bénédictine et à l’est, le château (aujourd’hui disparu (Chabas 1970 : 287)). Durant la première moitié du XIVe siècle, les conflits entre les royaumes de France et d’Angleterre pour la possession du duché de Guyène atteignent la bastide (Légé 1887 : 46). S’en suivit une longue période pendant laquelle les abbés de Pimbo jouissaient d’une certaine notoriété (Légé 1887). Toutefois, lors des Guerres de Religion, la bastide, étape sur les chemins de St Jacques de Compostelle, a souffert à plusieurs reprises des Huguenots. L’abbatiale fut pillée et incendiée en 1569, puis les chanoines reprirent leurs fonctions et reconstruisirent dès 1571 (Degert 1885 : 271). C’est quelques années plus tard que l’église devint le lieu de culte de la paroisse. En 1789, avec la nationalisation des biens du clergé, les chanoines doivent quitter la collégiale (Légé 1875 : 27), mais la maison de l’Abbé ne trouve pas preneur. Le bâtiment est laissé à l’abandon jusqu’en 1812, date à laquelle la commune l’acquiert pour en faire le presbytère (Chabas 1970 : 289) que nous connaissons encore aujourd’hui. Il est décrit dans la base « Mérimée » comme conservant « une belle salle romane voûtée ». La collégiale est inscrite aux Monuments Historiques par arrêté du 6 janvier 1998.

La collégiale de Pimbo est située à l’une des extrémités du village, construit selon un système de « bastide-rue ». Les textes mentionnent sa fondation à la fin du XIe siècle. Étant donné l’ancienneté de cet ensemble monastique, le Service Régional d’Archéologie a jugé potentiellement riches en vestiges médiévaux les parcelles touchées par les travaux. La délimitation de la cour, protégée sur trois côtés par les bâtiments du presbytère et sur le quatrième par un à-pic (chemisé par un mur de soutènement) d’environ 5 m de haut, était propice à la présence de vestiges archéologiques.

La réfection du mur de soutènement et du toit d’un corps de bâtiment de la cour du presbytère de Pimbo a donc donné lieu à une surveillance archéologique sur une superficie à fouiller d’environ 59 m². En raison de contraintes techniques et des intempéries, cette opération a été menée en plusieurs phases. La première, liée au dessouchage de deux palmiers (environ 4 m²) et au sondage en partie basse de la façade extérieure nord de la salle voûtée (environ 27 m²), devait permettre d’estimer la présence et la profondeur des vestiges. Elle a eu lieu entre les 21 et 23 mars 2018. La seconde (environ 32 m²) devait permettre d’identifier et d’enregistrer les vestiges en place. Au vu de la quantité de vestiges mis au jour dès le 22 mai 2018, date du début de cette intervention (une quinzaine de sépultures visibles, et un potentiel de 120 en tenant compte des résultats du sondage profond, ainsi que de nombreux vestiges liés à l’incendie d’une structure bâtie) et en raison des intempéries entre le 28 et le 30 mai 2018, la seconde phase a été suspendue. Cette suspension a permis une concertation entre le SRA et le maître d’ouvrage, et ils ont trouvé une solution technique, modifiant l’aménagement, afin d’impacter le moins possible les vestiges. Une troisième phase a donc eu lieu les 16 et 17 octobre 2018, sans nouveau décaissement, afin de consolider une partie des informations déjà acquise et de prélever une partie du mobilier affleurant.

Les résultats de cette surveillance sont mitigés. Le sondage au nord, en partie basse de la salle voûtée, a simplement permis de déterminer la quasi-absence de stratigraphie. En effet, au-dessus du substrat, seules des couches datant de la fin de la période moderne, voire de la période contemporaine ont pu être observées. Ce phénomène peut être la conséquence des travaux datant de la période moderne qui auraient fait disparaître les niveaux antérieurs, mais le fort dénivelé de cette partie de la colline et l’absence d’autres vestiges sur le reste de la pente tendent à suggérer que c’est plutôt l’érosion qui est responsable de cette absence. A contrario, la densité et la puissance stratigraphique des vestiges présents dans la cour furent bien plus importantes que prévu.

Le suivi de travaux de la partie septentrionale de la cour, et le sondage profond effectué à l’est de celle-ci ont permis de déterminer la présence de huit phases de vestiges, sur environ 3 m de hauteur, étagés entre le XIIIe et le XXe siècle. En dehors des structures bâties qui enserrent cette cour, la strate la plus ancienne observée est une épaisse couche de mortier de chaux (au fond du sondage 13). Sis à une altitude de 193,27 m NGF, un remblai d’environ 0,40 m d’épaisseur a été disposé dessus pour recevoir des sépultures (dont l’une d’elles a été datée au 14C entre 1265 et 1288 (résultat calibré à 68,2 %)). Un second remblai a ensuite recouvert le premier, portant la hauteur de la cour à 193,78 m NGF. Des tranchées d’épierrement et des sépultures impactent cette nouvelle strate. En plus d’un second niveau de cimetière, relativement dense et/ou pérenne, au vu du nombre de sépultures qui se recoupent, cet espace avait aussi été occupé par des bâtiments (probablement un cloître, étant donné la situation de la cour par rapport aux bâtiments conventuels). Le remblai suivant comportant de nombreuses poches de charbon (voir des fragments de bois d’œuvre de grosses sections, carbonisés) et de terre rubéfiée, correspond au nivellement du terrain à la suite d’un incendie. Aucun mobilier lié à cette phase d’incendie n’a été mis au jour. Le charbon de bois qui en est issu a été daté d’environ 1257 (±30 ans, résultats calibrés 95,4 %), ce qui confirme que cette couche est postérieure à la seconde moitié du XIIIe siècle. Cette parcelle a de nouveau été utilisée comme cimetière, avec des sépultures orientées nord-sud ou sud-nord. Un quatrième remblai a été daté de la période moderne par la céramique. Il élève le niveau de cette cour à 195,25 m NGF et sert à nouveau d’espace d’inhumation, uniquement dans sa partie orientale. Enfin, des remblais successifs, probablement liés aux aménagements modernes et contemporains, portent le niveau de la cour à une altitude de 196,00 m NGF. La hauteur des vestiges sur lesquels nous nous sommes arrêtés et le nombre de phases présente sur ce site laisse supposer qu’il subsiste encore une forte densité de vestiges enfouis dans cette cour. De plus, si le rare mobilier céramique mis au jour ne nous a fourni qu’une fourchette chronologique assez large, la présence de sépultures et de charbons ont permis de resserrer cette fourchette chronologique et de mettre en adéquation les informations issues des archives sur la présence de zones incendiées et d’espaces sépulcraux.



Bibliographie scientifique :

  • Jolly 2019 : JOLLY V., Pimbo (40) « La cour du Presbytère », Bilan Scientifique du Service Régional de l’Archéologie, DRAC, Bordeaux, 2020, à paraitre.


Commune : Pimbo

Adresse/lieu-dit : La cour du presbytère et la salle voûtée

Département/Canton : Landes

Année de fouille : 2018

Période principale d'occupation : Moyen Âge

Responsable d'opération : Virginie JOLLY

Aménageur : Mairie de Pimbo

Raison de l'intervention : Restauration du presbytère

Type de chantier : Sédimentaire/Etude du bâti (Fouille préventive)