Notice_site

La Chaize-le-Vicomte - ZAC Le Redoux - TR1


Un établissement gaulois du IIe au début du Ier siècle av. J.-C.

Le site de la Zac Le Redoux, sur la commune de La Chaize-le-Vicomte (Vendée 85, région Pays de la Loire), est localisé à 11 km à l’est de la Roche-sur-Yon, à 40 km à vol d’oiseau de la côte atlantique. Le gisement est situé sur le versant d’un léger talweg orienté NNE-SSO où de nombreuses zones humides jouxtent les abords immédiats du projet. Le substrat local provient de formation de roches intrusives correspondant à du granite porphyroïde à deux micas et tourmaline.
Les vestiges concernent principalement le second âge du Fer avec la présence de deux enclos et une série d’aménagements (277 trous de poteau, 41 fosses, 18 tranchées de fondations, neuf silos, six puits, une structure de combustion). En outre, des vestiges du Moyen Âge ont été découverts dans la partie nord-est de l’emprise comportant des tranchées de fondation avec de la maçonnerie en pierres sèches et des restes de lambeaux de sol (cailloutis) très mal conservés.
Concernant la datation, les premiers résultats de l’étude du mobilier céramique placent l’occupation entre La Tène C2 et La Tène D1. La présence d’amphores italiques ne semble pas contredire cette chronologie. Toutefois, des éléments de Dressel 1b et de rares fragments d’amphore ibérique pourraient donner une fin de l’occupation au cours de La Tène D2 voire au cours de l’époque augustéenne.
L’occupation s’organise à l’intérieur d’un enclos à plan rectangulaire situé au nord-est de l’emprise de la Zac Le Redoux. Elle prend place sur une légère proéminence culminant à 94,50 m NGF. Le tronçon sud de l’enclos poursuit un tracé rectiligne d’axe NO-SE sur une longueur de 158,5 m. L’aménagement suit un virage à 90° à l’ouest en direction du nord sur une longueur de 69 m. La surface enclose est supérieure à 1,3 ha, avec un prolongement de l’occupation en direction du nord et de l’est hors de l’emprise prescrite. Le second enclos de plan rectangulaire (25,6 x 27,8 m = 716 m2) a été mis au jour au sud-ouest de l’enclos principal à une distance de 100 m. L’aménagement est organisé sur un axe ONO-ESE avec un accès sur le côté sud-est.
L’enclos principal est remarquable par la puissance des fossés mise en œuvre. En effet, au niveau de l’ouverture conservée, la largeur des excavations varie de 4 m jusqu’à 6 m pour les parois les plus érodées. La majorité des tronçons atteint les 2 m de puissance, toutefois la profondeur ne dépasse pas les 1,5 m dans les parties les plus hautes du terrain au niveau de la section nord-ouest. L’analyse de la dynamique de comblement montre une succession de sédimentation d’origine hydraulique avec, souvent, un litage sédimentaire provenant des ruissellements où s’intercalent des couches de décantation. Les rejets de déchet sont découverts principalement dans les couches médianes et supérieures. À ce niveau des comblements, les strates sont plus massives avec la présence de rejets anthropiques. L’analyse spatiale couplée à la stratigraphie laisse envisager l’existence d’un talus interne à l’enclos formant une ceinture double. La particularité de cet aménagement réside dans une série d’indices qui nous laisse supposer qu’un soin particulier a été pris pour garder cet enclos propre. Sur le côté ouest, une rupture de pente de près d’un mètre pouvant servir de lieu de décantation a été observée. Au sujet du second enclos rectangulaire, peu d’éléments ont pu être observés sur le terrain à cause d’une forte érosion de ce secteur, laissant en suspend l’identification de sa fonction.
La création de cet établissement semble être mise en œuvre ex nihilo, aucun indice d’une occupation antérieure n’ayant été identifié. Si l’on observe le plan des vestiges, les constructions s’organisent de manière structurée avec des activités cloisonnées par secteur. Une division bipartite de l’espace s’opère avec le fossé de partition distinguant le secteur occidental recevant diverses constructions et un secteur oriental présentant peu ou pas d’aménagement. La partie ouest est subdivisée par une palissade à plan en T qui forme trois zones distinctes regroupant chacune une unité domestique. La zone sud semble dédiée à un ensemble d’aménagement destiné aux stockages (annexes sur quatre poteaux, silos, puits). Il faut signaler la présence d’un bâtiment (UND2546) de taille plus importante avec une structure porteuse couvrant une surface de 40 m2. Il peut correspondre à un lieu destiné à l’habitat et aux activités de type domestique.
Au nord, la palissade sépare l’espace en deux zones : à l’ouest, une série d’aménagements marquée par deux petites annexes sur quatre poteaux, des silos, un puits et une structure de combustion. À l’est, au moins six bâtiments ont pu être identifiés avec des techniques de constructions différentes ainsi qu’un puits.
Au nord-est, le bâtiment UND2267 est réalisé sur une tranchée de fondation recevant chacune une tierce de poteau et couvrant une surface de 13 m2. Ce type de construction a été identifié sur l’oppidum de Vue en Loire Atlantique et sur l’établissement gaulois de « La Carrière Gouviard » à Plénée-Jugon dans les Côtes d’Armor.
Deux constructions (UND2330 et UND2276) sont réalisées sur une structure porteuse à deux tierces de poteaux, implantée respectivement sur un espace de 28 m2 et de 10 m2. La technique mise en œuvre semble correspondre à des bâtiments à parois rejetées. L’UND2330 peut être destiné à de l’habitat au vu de la surface des fondations. Quant à l’UND2276, il est difficile de statuer sur sa fonction qui peut correspondre soit à une annexe de type grenier, soit à une destination artisanale.
Un ensemble assez mal conservé est constitué d’une tranchée de fondation suivant un plan rectangulaire aux angles arrondis couvrant une surface de 30 m2. La partie est du bâtiment n’a pas été conservée. L’architecture est constituée d’une paroi plantée servant d’ossature principale. Ce type de bâtiment peut être mis en parallèle avec ceux découverts sur le site de la « Carrière Gouviard » à Plénée-Jugon, sur le site du « Clos Maillard » à Quessoy, et sur celui de « Kerven Teignouse » à Inguiniel.
Enfin, un dernier bâtiment UND2487 est réalisé sur un plan rectangulaire dont la structure porteuse couvre une aire au sol de 80 m2. Le flanc occidental est porté par deux poteaux massifs implantés chacun à l’extrémité nord de la tranchée de fondations. Sur le flanc oriental, deux tranchées de fondations reçoivent chacune au moins trois poteaux dont un massif à chaque extrémité nord faisant pendant aux deux poteaux massifs de la façade ouest. Deux poteaux au nord marquent l’emplacement de la porte. L’agencement est comparable avec celui du bâtiment décrit ci-dessus et localisé au sud de la palissade (UND2546). L’une des particularités de ces deux ensembles réside dans la puissance de certains trous de poteau. En effet, les fosses d’implantation montrent un profil très ouvert à l’une des extrémités avec une pente d’environ 45° qui se termine par l’emplacement du poteau. La paroi opposée de la fosse est réalisée avec un profil peu évasé (25°) ou subvertical. Il existe des exemples de trous de poteau massifs avec un aménagement dit « avant trou de poteau » facilitant la bascule du poteau. Toutefois, dans notre cas, le creusement est réalisé de tel sorte que la fosse présente une paroi qui sert littéralement de rampe d’accès pour la mise en place du poteau. Des exemples de mise en œuvre similaire ont été découverts sur le site de « Vernegues » pour une période beaucoup plus ancienne (Néolithique).
Le mobilier découvert reflète des activités domestiques diverses (habitats, consommations, artisanat) et probablement des activités agro-pastorales. En effet, la découverte de restes de blé et de millet montre la consommation de céréales. Les quelques restes d’engrains et de graminées laissent supposer l’existence de traitement des récoltes et l’exploitation de fourrages. La découverte de fragments d’amphore insère l’établissement parmi les rares sites ayant révélé des importations italiques.
Le site de la Zac Le Redoux s’implante dans un secteur où des établissements de la même période ont été étudiés (« Les Astier 1 », « La Chapellière », « La Guyonnière »). Il est difficile d’établir les probables connexions entre ces occupations. Toutefois, il est notable que ces sites ont pu fonctionner de manière contemporaine, pendant une période donnée.


Revue de presse :


Commune : La Chaize-le-Vicomte

Adresse/lieu-dit : ZAC Le Redoux - TR1

Département/Canton : Vendée

Année de fouille : 2018

Période principale d'occupation : Age du Fer

Autres périodes représentées : Moyen Âge

Responsable d'opération : Mohamed SASSI

Aménageur : Vendée Expansion

Raison de l'intervention : Construction de ZAC

Type de chantier : Sédimentaire (Fouille préventive)