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Ursins - Prairie du Bre


Des fouilles préventives ont été conduites sur deux parcelles (nos 99 et 100) menacées par un projet d’aménagement d’une zone de dépôt de terre, à Ursins au lieu-dit Prairie du Bre, du 14 octobre au 23 octobre 2015.

L’emprise du projet s’élevait à environ 30’090 m2, dont la moitié sud est comprise dans la région archéologique RA 381/301, connue pour receler probablement le plus vaste centre religieux d’époque romaine du Plateau suisse.

La Section d’archéologie cantonale de l’État de Vaud (SACVD, Nicole Pousaz, archéologue cantonale, Yannick Dellea, conservateur du patrimoine) a donc prescrit une campagne d’investigation. Le maître de l’ouvrage (Cand Landi SA, Sylvain Homberg) a mandaté la société Archeodunum SA (François Menna, archéologue).

Au sud de la zone investiguée, une couche d’occupation (C3) et un ensemble de structures gallo-romaines ont été mises en évidence lors de sondages mécaniques. Ils ont été remblayés après une documentation sommaire. L’analyse du mobilier céramique permet de fixer terminus post quem vers 150 apr. J.-C. L’occupation du site pourrait se poursuivre durant le 3ème siècle apr. J.-C.

Plus au nord, un ensemble de structures très arasées, dont le niveau d’apparition est situé à l’interface entre la terre végétale, la sous-couche et le substrat morainique (C4) est mis en évidence.

La relation chronologique entre ces structures, et donc leur phasage, ne peut pas être établie en raison de l’oblitération de leur niveau d’implantation jusqu’à la disparition probable d’un nombre indéterminé d’entre elles. De plus, cette vision vraisemblablement tronquée est accentuée par la seule vision de surface. Ces découvertes n’ont fait l’objet que d’un repérage, d’un dégagement sommaire en plan et d’une géolocalisation. Certaines forment le plan orthonormé d’une construction maçonnée appuyée contre le flanc sud d’un vallon. Orientée face au nord, elle est formée de quatre traces de murs délimitant une aire rectangulaire de 12 m x 10 m, cloisonnée par trois murs de refends. Implanté à flanc de coteau, ce bâtiment se caractérise par la forte déclivité de ses fondations, dont les niveaux d’apparition épousent le pendage des dépôts morainiques encaissants, en particulier ceux orientés du sud-ouest en direction du nord-est. 

Ainsi, le mur M34 délimitant le côté sud-est de la construction montre une différence approximative d’altitude de près de 3 m sur une longueur d’environ 10 m. Cette configuration particulière des fondations laisse à penser que la fonction de ces murs est de rattraper la pente afin de servir de soubassement à un niveau de circulation horizontal d’une terrasse ou d’un bâtiment dominant le vallon.

L’ensemble est bordé en contre-bas par le mur M44. Il a été observé sur un tronçon d’environ 20 m de longueur. Il se caractérise par sa largeur qui atteint 1.50 m, contrastant singulièrement avec celle, standardisée, des autres murs mesurant environ 0.40 m. Il évoque un mur de terrasse monumental, de par sa situation en aval du site et sa largeur imposante. Il est partiellement effondré contre le bord sud-ouest du fossé Fo12 qui le borde. Ce dernier, creusé dans le fond du vallon fossile servait à évacuer les eaux du ruisseau canalisé au milieu du siècle passé et qui s’écoulaient du sud-est vers le nord-ouest. Il collectait également les eaux canalisées provenant du coteau sud, comme l’atteste la Cn29. 

Pour les raisons évoquées ci-dessus, la plus grande réserve s’impose quant à l’interprétation de cet ensemble architectural. 

Sur la base de l’étude du mobilier archéologique, la datation peut être fixée à la période romaine, sans plus de précision, en l’absence de marqueurs chronologiques associés à cet ensemble. En effet, seuls des fragments de terres cuites architecturales sont en relation avec certaines de ces structures, en raison de l’importance de leur arasement. Le mobilier céramique et métallique, en position secondaire dans la couche de terre végétale et la sous-couche qui scellent l’ensemble du site, couvre la seconde moitié du 2ème et le 3ème siècle, ce qui correspond à la période d’extension maximale du sanctuaire.

Notons enfin que le flanc nord du vallon, sondé mais qui n’a pas été décapé de sa terre végétale, est idéalement orienté au sud, est donc également susceptible de receler des vestiges inédits en lien avec le sanctuaire.

En l’absence de fouilles, les structures identifiées sont désormais recouvertes d’un géotextile et d’une couche de remblais de terre. Elles constituent une « réserve » d’informations quant à la partie nord du complexe cultuel d’Ursins, encore fort méconnue, et permettent d’ores et déjà d’étendre l’emprise de la région archéologique dans cette direction.


Commune : Ursins

Adresse/lieu-dit : Prairie du Bre

Département/Canton : Vaud

Année de fouille : 2015

Période principale d'occupation : Antiquité

Responsable d'opération : François MENNA

Aménageur : Cand-Landi SA

Raison de l'intervention : Projet d'aménagement d'une zone de dépôt de terre

Type de chantier : Sédimentaire (Fouille préventive)