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Brignoles - La Gavote


Dans le cadre du projet de liaison hydraulique Verdon/Saint Cassien engagé par la Société du Canal de Provence, une campagne de diagnostics archéologiques a été prescrite par le SRA PACA. Cette opération a été menée par le Service Départemental d’Archéologie du Conseil Général du Var sous la responsabilité de Marc Borréani. Sa réalisation a été divisée en deux phases : une phase de prospection du tracé et une phase de sondages Les résultats positifs des sondages du secteur 6 entre les lieux-dits Cambarette et La Gavote, ont ainsi motivé la prescription d’une fouille préventive. Celle-ci a été conduite à l’automne 2010 par la société Archeodunum. Elle a concerné une surface de 400 m².


Le site est localisé à l’ouest de la ville de Brignoles à environ 300 mètres au nord de la route DN7. Il est implanté sur un terrain en pente douce en pied de versant des collines calcaires bordant au nord le bassin de Brignoles et à environ 1 km au nord de la rivière Caramy.


L’occupation la plus ancienne est matérialisée une fosse. Celle-ci a été repérée en limite de fouille, dans la partie sud-est de l’emprise. Le creusement de cette structure s’ouvre dans une couche de colluvionnement argileuse scellant un banc calcaire sub-affleurant sur l’ensemble du site et atteint le substrat argileux sous-jacent. L’ensemble du mobilier céramique recueilli dans le comblement semble dater l’abandon de cette fosse entre le dernier quart du IIe siècle et la première moitié du Ier siècle avant notre ère. Située en limite d’emprise, cette fosse n’a été que partiellement fouillée. Aucune structure d’habitat contemporaine n’ayant été repérée à ses abords, la fonction de cette fosse demeure difficile à définir. Peut-être était-elle liée à une extraction d’argile destinée à la fabrication de céramiques ou à la construction.


Entre la seconde moitié du Ier siècle et le début de IIe siècle de notre ère, l’occupation principale du site est caractérisée par l’implantation d’un ensemble de deux bâtiments et d’aires ouvertes structurés par deux espaces de circulation. L’état de conservation des vestiges est relativement médiocre. Si le plan de cet habitat est correctement lisible, les niveaux de sol et les couches de destruction sont en revanche absents. Concernant les espaces de circulation, l’axe principal est défini par une rue d’orientation nord-sud (NL 4° 5’ O). Il s’agit d’un espace linéaire, dépourvu de structure bâtie de 2,90 m de large et constitué par des apports de remblais déposés entre les murs des deux bâtiments principaux. Un axe secondaire se développe en direction de l’ouest, il est défini par l’intervalle compris entre les murs sud du premier bâtiment au nord et l’amorce d’un mur au sud.


Le premier bâtiment se développe dans le grand quart nord-ouest de l’emprise. Bâti en plusieurs phases, il semble avoir été achevé à l’orée du IIe siècle ap. J.-C. Son plan, tel qu’il apparaît, comprend quatre grandes pièces, deux d’entre elles possèdent des subdivisions. Deux de ces pièces ont été identifiées dans leur intégralité. Les limites des pièces occidentales n’ont en revanche pas été reconnues, soit qu’elles sont à rechercher plus à l’ouest en dehors de l’emprise de fouille, soit qu’elles ne sont pas conservées. À l’ouest une canalisation couverte traversait le sous-sol de ces pièces. Dans l’une des pièces la sole d’un foyer constituée d’un aménagement de quatre tegulae posées à plat et à l’envers était partiellement conservée contre l’un des murs. Dans le quart sud-ouest un espace non bâti couvrait une superficie d’au moins une quarantaine de m².


Le second bâtiment se développe à l’est de la rue. Il était à l’origine probablement constitué d’un grand corps de bâtiment long et étroit d’une superficie supérieure à 50 m² qui possédait deux vastes portes en vis-à-vis. Les remblais déployés au sein de cet espace pour compenser la pente naturelle du terrain offrent une datation postérieure à la deuxième moitié du Ier siècle ap. J.C. Le bâtiment est par la suite cloisonné et agrandi avec la construction d’une petite pièce sur son flanc est. Les circulations sont de toute évidence réorganisées, cependant l’insuffisante conservation des vestiges ne permet pas de définir ces transformations avec certitude. Dans la partie orientale le statut de deux espaces demeure incertain. Ces aires ont pu être ouvertes, mais le prolongement évident d’un mur au-delà de l’emprise de fouille vers l’ouest laisse en suspens cette interprétation.


Les murs des bâtiments sont construits avec des blocs de calcaire non taillés ou très grossièrement équarris. Les blocs sont généralement liés à la terre et très exceptionnellement avec du mortier. La fondation repose sur le terrain naturel qui s’apparente à un banc de calcaire sub-affleurant parfois recouvert d’une fine couche de colluvionnement argileuse. Une fois les fondations ou les murs construits, de vastes remblais ont été déployés au sein des pièces et des espaces afin de compenser le pendage du substrat.


Ces remblais de natures variées renfermaient de nombreux matériaux de destruction (tegulae, fragments de mortier, moellons, un fragment de placage de marbre). Ils recelaient également un petit panel d’objets appartenant aux domaines domestique, économique, immobilier et personnel (métal, verre, tabletterie…). Ils ont enfin livré un ensemble relativement modeste de 1264 fragments de céramiques dont la datation offre un terminus post quem à la construction de cet habitat entre la seconde moitié du Ier et le début du IIe siècle. L’insuffisance de la stratigraphie conservée ne permet pas en revanche de déterminer la datation de l’abandon du site.
L’organisation de deux bâtiments autour d’un espace que l’on a qualifié de rue suscite l’interprétation de ces vestiges comme ceux d’un habitat groupé. Le plan qui apparait structuré suggère également que cet habitat, quoique modeste, s’inscrit peut-être dans un projet architectural défini. L’étroitesse de l’emprise et la médiocre conservation des vestiges sont toutefois de nature à restreindre cette interprétation.


Bibliographie scientifique :

  • Baldassari 2010 : BALDASSARI D., « Un habitat rural groupé dans le bassin de Brignoles ? Résultats des fouilles préventives au lieu-dit La Gavote », Revue du Centre Archéologique du Var, pp. 29-32. :

  • Baldassari 2011 : BALDASSARI D., « Brignoles, La Gavote », Bilan Scientifique Régional PACA 2011, pp. 174.

  • Baldassari 2018 : BALDASSARI B., « Brignoles/La Gavote. Un habitat groupé à proximité de la voie Aurélienne dans le bassin de Brignoles », in SEGARD M. (dir.), Établissements ruraux gallo-romains : quelques études de cas, Goillon : In Folio, pp. 245-258.


Commune : Brignoles

Adresse/lieu-dit : La Gavote

Département/Canton : Var

Année de fouille : 2010

Période principale d'occupation : Antiquité

Autres périodes représentées : Période moderne

Responsable d'opération : David BALDASSARI

Aménageur : Société du Canal de Provence

Raison de l'intervention : Aménagement de réseaux

Type de chantier : Sédimentaire (Fouille préventive)


Plaquette de présentation du site