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Lyon - 11-13 Rue Roquette - Résidence Univers


L’opération archéologique réalisée aux 11-13 rue Roquette, dans le 9e arrondissement de Lyon (Rhône), s’inscrit dans le cadre d’un projet immobilier sur parking souterrain. Le terrain est localisé dans la plaine de Vaise, à environ 130 m à l’ouest de la Saône, au nord de la Place Valmy. Il se situe dans un secteur de l’agglomération lyonnaise très sensible d’un point de vue archéologique, avec la découverte de sites couvrant une large fourchette chronologique depuis le Mésolithique jusqu’à la période contemporaine. Le diagnostic archéologique réalisé par le Service Archéologique de la Ville de Lyon ayant révélé des occupations humaines de la fin du premier Âge du fer et de l’Antiquité, une fouille archéologique préventive a été prescrite par les services de l’Etat sur les 1500 m2 de la parcelle. Sa réalisation (16 juillet au 9 octobre 2012) a été confiée à la société Archeodunum sous la responsabilité scientifique de Guillaume Maza.

Les plus anciens vestiges correspondent à une occupation du néolithique localisée dans le quart sud-ouest    de la parcelle de fouille (etat 1). Lui sont rattachées de rares structures en creux et surtout des épandages de silex dominés par les éclats ou fragments d’éclats (56,7 %) localisés dans la partie méridionale du site. Les artefacts se concentrent majoritairement sur une superficie de quelques mètres carrés, à une altitude moyenne de 164,32 m, et pourraient éventuellement correspondre à une zone de débitage. Les seuls éléments datant se rapportent à un triangle Mésolithique et un micro-denticulé de la fin du Néolithique, associés à des galets ou des éclats de quartzite, thermofractés ou non, ainsi que des fragments de meule ou molette, plus rarement de la céramique et de la faune. La plupart des céramiques ont été attribuées au néolithique moyen II (première moitié du quatrième millénaire), aux côtés de productions plus récentes datées de la Protohistoire ancienne, témoignant vraisemblablement d’un brassage de mobilier à cette période.

Le second état (Etat 2) se rapporte à l’occupation de la fin du premier Age du Fer et du début du second (La Tène A). Les vestiges rattachés à cette phase se répartissent de manière lâche sur toute la superficie de l’emprise. Ils se rapportent à des structures variées, de tailles et dimensions diverses, dont l’interprétation reste souvent du domaine de l’hypothèse en raison d’un fort degré d’arasement et de la rareté des niveaux de sols associés. Il a toutefois été possible de reconnaitre un silo enterré, plusieurs grosses fosses, dont certainement des « fonds d’ateliers », ainsi que des zones de concentration de structures en creux (trous de poteaux sablières basses,…) correspondant vraisemblablement à l’emprise au sol de bâtiments rectangulaires. Le mobilier archéologique associé s’est avéré riche d’enseignements, avec notamment une proportion importante de céramiques importées (lampe et kylix à vernis noir, cruches à pâtes claires et amphores massaliètes à pâte micacée, amphores grecques,…) aux côtés des traditionnelles formes indigènes, se caractérisant toutefois par un très bon état de conservation. Ces découvertes viennent ainsi compléter nos données dans un secteur de bord de Saône dévolu à l’habitat et aux activités artisanales, déjà bien connu grâce aux découvertes réalisées dernièrement sur le site de la rue du Mont d’or, localisé à proximité au sud.

Il faut ensuite attendre la période augustéenne pour voir poindre les prémices d’une organisation péri-urbaine, avec toute une série de vestiges orientés selon un axe est-ouest défini par deux palissades structurant l’espace (Etat 3). Cette première occupation romaine est notamment matérialisée par un grand bâtiment sur poteaux porteurs de 16 m de long pour 4,50 m de largeur moyenne, dont la fonction pourrait se rapporter aux activités agricoles (abri ou remise), comme cela a été supposé pour les découvertes comparables réalisées au 10 rue Marietton, ou plus certainement à un habitat comprenant une cave ou cellier. Plusieurs autres bâtiments de dimensions moindres, situés au nord des surfaces palissadées, abritent vraisemblablement des activités artisanales (fosse foyère, métallurgie du fer), mais leur emprise reste toutefois plus hypothétique. Leurs sont liés un puits à eau, vraisemblablement en fonction à cette période, des structures légères sur poteaux porteurs, ainsi que des fosses de plantation (chablis).

La période datée des deux premiers tiers du Ier siècle de notre ère marque une intensification de l’occupation sur la parcelle (Etat 4). Fruits d’un réaménagement, les différents ensembles mis au jour se retrouvent canton- nés au nord d’une palissade qui, en traversant le terrain d’est en ouest, marque de façon évidente la périphérie d’une propriété. Cette limite semble en partie masquée par un rideau de plantations d’agrément, qui lui est parallèle. Un bâtiment ouvert est édifié au centre de la parcelle sur une butte naturelle et s’ouvre sur l’espace végétalisé précédemment évoqué. La partie nord de l’aire envisagée s’avère plus dense en vestiges. En effet, le creusement d’un large et profond fossé dans lequel est aménagé le coursier d’une roue à eau permet de caractériser l’édification d’un véritable complexe hydraulique. Ainsi on notera la présence d’un bâtiment, construit sur de puissants poteaux porteurs, accolé contre le côté oriental du coursier. Perpendiculaires à la partie méridionale de ce dernier et à l’embouchure du fossé d’évacuation, deux alignements parallèles de trous de poteau de taille démesurée suggèrent l’existence d’un aqueduc en bois permettant d’alimenter la roue à aubes du coursier. Interprétable comme un moulin à eau cet ensemble est associé à une petite annexe artisanale. Selon toute vraisemblance, ces structures évoquent la proximité d’un domaine péri-urbain, qui restera à localiser, bien que l’on connaisse deux villae pour le Haut-Empire au nord de Vaise, sur les sites des 26-28 et 25-29 rue Joannès Carret, ou encore rue du Bourbonnais.

Les vestiges du derniers tiers du Ier siècle (Etat 5) se distinguent du précédent par une restructuration complète de la parcelle. Probablement imputable à la gestion des contraintes hydriques du site, celle-ci est rehaussée par l’apport d’un remblai schisteux dans la partie septentrionale et d’un remblai de « tout venant » dans la partie méridionale. Comblant la majorité des négatifs des structures de l’état précédent, sa mise en place a obligatoirement nécessité le démantèlement de ces édifices, mettant ainsi un terme à l’utilisation du dispositif hydraulique. Ainsi, le bâtiment central est remplacé par un nouvel édifice maçonné ouvert, bénéficiant de structures drainantes, largement comparable au précédent. Le fossé accueillant le coursier reste ouvert et sa fonction semble liée à celle d’un canal drainant dans lequel cette construction pourrait dès lors avoir fait office de réservoir, voire de citerne. on notera l’installation d’un petit conduit contre son parement occidental. Un second fossé drainant est creusé dans la partie sud-ouest de l’emprise, auprès duquel un petit bâtiment sur poteaux est installé. Enfin, un puits ainsi que son système de captage a été observé partiellement contre la limite sud-est de l’emprise. Si l’ensemble des vestiges reprend l’orientation de l’état précédent, illustrant une certaine pérennité de la trame d’occupation, la propriété semble s’être agrandie puisqu’aucune limite palissadée n’a été mise en évidence.

Au IIe siècle (Etat 6), des réaménagements surviennent autour du bâtiment central, qui perdure. Un nouveau puits et un petit bassin sont implantés dans sa périphérie immédiate. Ces structures sont complétées par l’adjonction d’un petit fossé drainant. Dans le même temps, les deux fossés de l’état précédent sont abandonnés, de même que le puits précédemment localisé en bordure sud-est de l’emprise. A l’opposé au nord de l’emprise, on note encore l’installation de fosses de plantation.

Enfin, le IIIe siècle (Etat 7) marque un net déclin de l’occupation. En effet, le bâtiment central, le coursier ainsi que le puits maçonné servent de carrière, comme en témoignent les grandes fosses de spoliation qui leurs sont rattachés. Un petit bâtiment sur poteaux associé à un radier de tuile semble édifié au centre de l’emprise pour les besoins de cette déconstruction. L’angle d’un aménagement sur poteaux a également été observé contre   la périphérie orientale du nord de l’emprise, de même qu’une fosse dans laquelle des déchets de cuissons de pots en céramique ont été mis au jour. Enfin, un petit dépôt monétaire, constitué d’une vingtaine de sesterces en bronze et d’une quarantaine d’antoniniens en argent, a été mis au jour au pied d’un chablis au nord de l’emprise. Il semble avoir été enfoui au tout début de l’année 260 après J.-C. Cette dernière phase d’occupation précède une désertification de la parcelle jusqu’à la période contemporaine (Etat 8).



Commune : Lyon

Adresse/lieu-dit : 11-13 Rue Roquette - Résidence Univers

Département/Canton : Rhône

Année de fouille : 2012

Période principale d'occupation : Antiquité

Autres périodes représentées : Néolithique,Age du Fer,Période moderne,Epoque contemporaine

Responsable d'opération : Guillaume MAZA

Aménageur : Bouygues Immobilier

Raison de l'intervention : Construction de logements/projet immobilier

Type de chantier : Sédimentaire (Fouille préventive)