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Marigny-le-Châtel - Le Saussoir à Jollier


L’aménagement d’un nouveau lotissement à Marigny-le Châtel (Aube), au lieu-dit « Le Saussoir à Jollier » est à l’origine de la prescription d’une fouille préventive. Cette opération, qui portait sur une surface de 11 000 m2, a permis de mettre en évidence un grand nombre de structures en creux correspondant à deux grandes phases d’occupation distinctes.
La première, datée entre le Bronze final III et le Hallstatt C-D1, se concrétisait par la présence de plusieurs bâtiments de stockage de type grenier et de nombreuses fosses aux fonctions variables (stockage, extraction de sédiments pour la construction, puisage), principalement dans la moitié sud de l’emprise. En outre, deux bâtiments, aux dimensions plus amples, possèdent un plan plus complexe et pourraient correspondre à de petites unités domestiques. Cette occupation ancienne du site correspondrait ainsi à un établissement rural composé de plusieurs unités bâties et de nombreuses fosses à fond plat destinée probablement au stockage des denrées. Cette occupation, qui perdure vraisemblablement au Hallstatt C, serait marquée par un changement de mode de stockage avec l’édification de plusieurs greniers surélevés à la période suivante, au détriment des fosses de stockage à fond plat. Ce type d’établissement s’apparente ainsi au schéma classique des établissements de cette période associant plusieurs espaces dédiés à l’extraction des sédiments (construction en carreaux de terre), au stockage et à l’habitat.
Le site est ensuite délaissé après le Hallstatt C-D1 et ne sera réoccupé que lors de la phase finale de  La Tène, voire au tout début du Ier s. ap. J.-C. Le mobilier présent dans les structures de cette phase ne permet pas de statuer sur une chronologie plus resserrée. Pour autant, au moins quatre bâtiments et deux structures de puisage peuvent être associés à cette période. Le premier correspond à un bâtiment à plan centré et parois rejetées qui perdurera à la phase suivante. Ce type de construction est traditionnellement interprété en tant qu’unité domestique. Les trois autres bâtiments sont moins complexes et caractérisent une annexe agraire et probablement deux petites constructions au plan rectangulaire simple. Deux autres bâtiments (un grenier et un bâtiment à vocation domestique) constituent un deuxième noyau de construction à l’ouest de l’emprise. Enfin, un grenier à 9 poteaux, au sud de la parcelle, pourrait se rattacher à  cette occupation.
Cet ensemble d’unités bâties est clairement inscrit dans une trame avec des orientations récurrentes (environ N 45° E). Plus encore, il préfigure durablement la mise en place de l’établissement antique, qui reprendra globalement les limites induites par cette organisation. Ainsi, l’alignement est/ouest des deux principaux bâtiments marque une limite entre l’espace domestique de la ferme antique au nord et une zone dédié au stockage, qui sera soulignée par la mise en place d’un fossé lors de la deuxième phase antique
Les vestiges de l’occupation antique mis en évidence sur le site du « Saussoir à Jollier » sont datés du Ier au début du IVe siècle ap. J.-C. Les bâtiments, nombreux, utilisent exclusivement une architecture en terre et bois, comme à la phase précédente. De plus, le mobilier, toutes catégories confondues, apparait en faible quantité et traduit le caractère rural de l’occupation.
Pendant la première phase d’occupation (50/80), deux ailes pseudo-perpendiculaires de bâtiments constituent les principaux éléments structurant l’établissement. Ces édifices délimitent au nord et à l’ouest un espace dégagé qui, dans un premier temps, demeure ouvert au sud-est où se développent quelques constructions éparses. Entre l’époque flavienne et le début du IIe siècle (phase II), l’occupation romaine du site atteint son apogée. En effet, l’établissement subit une profonde restructuration, affectant notamment la partie sud-est de la cour. A cette occasion, elle est bordée par une clôture fossoyée et voit son espace se réduire davantage suite à l’installation d’un grand bâtiment à deux nefs. Ce dernier entraîne probablement la destruction d’une partie des édifices de l’aile ouest bâtis lors de la première phase. D’autres constructions éparses, correspondant pour l’essentiel à des greniers surélevés, prennent place à l’extérieur de la cour, dénotant la spécialisation de ce secteur.
La période qui va du milieu du IIe siècle au début du IVe siècle (phases III et IV) est marquée par l’abandon progressif du site. En effet, on constate une raréfaction des aménagements, qui semblent en tout cas se concentrer essentiellement dans la moitié ouest de la parcelle.
Par la suite, une seule structure médiévale isolée témoigne d’une fréquentation sporadique du secteur, avant qu’à l’époque contemporaine, le terrain fasse l’objet de plusieurs restructurations du parcellaire, compatibles avec les limites actuelles.


Quelques images du site :


Céramique protohistorique en place

Vue d'ensemble du site. (Cliché Balloïde Photo)

Deux bâtiments de 4 et 9 poteaux se chevauchent (Cliché Balloïde Photo)

Niveau d'apparition d'un bâtiment antique


Commune : Marigny-le-Châtel

Adresse/lieu-dit : Le Saussoir à Jollier

Département/Canton : Aube

Année de fouille : 2013

Période principale d'occupation : Age du Fer

Autres périodes représentées : Age du Bronze,Antiquité

Responsable d'opération : Aurélien ALCANTARA

Aménageur : Commune de Marigny-le-Châtel

Raison de l'intervention : Construction de logements/projet immobilier

Type de chantier : Sédimentaire (Fouille préventive)


Plaquette de présentation du site