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Tresnay - La Varenne de Chavannes


Une exploitation antique à Tresnay

En amont de la mise à 2×2 voies de la Route National 7 dans la commune de Tresnay, une opération d’archéologie préventive a été menée par la société Archeodunum entre les mois d’octobre et de décembre 2013.
Délimitée par le tracé existant de la N7 et par la voie ferrée Moulin-Nevers, l’emprise de la fouille occupe une superficie de presque un hectare. Dans cette étroite bande de terrain, large d’à peine quarante mètres, plusieurs bâtiments accompagnés d’autres traces d’occupation (trous de poteaux, fosses, fossés et un puits) ont été mis au jour, pour une période comprise entre le Ier et le IIIe siècle de notre ère.

La zone bâtie se développe dans la partie sud-est du terrain où, dans un premier temps, au moins trois édifices sont érigés à l’aide de blocs et de dalles de grès non liés. Même si le fort arasement des vestiges ne permet que des conjectures, plusieurs éléments semblent renvoyer à un contexte cultuel. C’est le cas notamment d’une construction carrée d’à peine 2,75 m de côté, pouvant s’apparenter aux petites chapelles documentées à plusieurs reprises dans le milieu des sanctuaires ruraux ou péri-urbains. Un autre bâtiment, dont ne subsistent plus que deux tronçons de mur parallèles d’environ 6 mètres de long avec un petit retour, semble adopter un schéma similaire à celui des temples de type fanum, bien que la distance de 70 cm qui sépare les deux segments de mur paraisse inadaptée à la circulation des dévots.
En tout état de cause, le mobilier mis au jour dans les niveaux associés révèle un lien avec la sphère du culte, attesté en l’occurrence par la présence de quelques figurines de « Venus anadyomène » et de « Venus sous édicule », auxquelles il faut rajouter un balsamaire ansé en céramique.

Par ailleurs, une statuette de type « Venus à gaine », portant sur le dos l’estampille du potier REXTVGENOS, a été mise au jour en correspondance d’un deuxième bâtiment, situé environ 15 mètres plus au sud. De plan rectangulaire (9 x 4 mètres), cet édifice présente, sur le côté sud, ce qui semble être le relief d’une abside inscrite, tandis qu’une petite base de colonne carrée (25 x 25 cm) a été documentée dans la partie nord de la pièce. Dans le courant du IIe siècle, le secteur fait l’objet d’une radicale transformation, matérialisée par l’installation d’une série de bâtiments se développant autour d’un espace central en apparence libre de toute construction. L’établissement est, en outre, clôturé par une palissade, à l’extérieur de laquelle un système de fossés assure l’évacuation des eaux.

La présence de deux vastes fosses, situées aux deux extrémités de l’espace bâti, n’a pas encore été expliquée d’un point de vue fonctionnel. Les modalités de construction paraissent constantes. En effet, les fondations des bâtiments se présentent sous forme de solins constitués d’une seule assise de pierres alignées sur un ou deux rangs. Une architecture légère et vraisemblablement peu développée en élévation, n’a toutefois pas empêché l’emploi systématique de la tuile dans les toitures, dont les niveaux d’effondrement s’avèrent très souvent conservés.

Ces bâtiments, caractérisés par un plan rectangulaire très allongé réparti en petits espaces par des cloisons de très faible épaisseur, représentent l’expression d’une architecture en série qui semble compatible avec un établissement d’exploitation. Dans ce cadre, l’hypothèse d’un site dévoué à la stabulation paraît à privilégier.

L’édifice le mieux conservé, long de 21 mètres sur 3,8 mètres de profondeur, présente en effet des analogies significatives avec d’autres bâtiments mis au jour en France et en Allemagne, interprétés comme des porcheries. Des détails supplémentaires observés sur le terrain inciteraient, avec précaution, à pencher dans ce sens, dans l’attente des résultats des analyses chimiques et paléo-environnementales.

Bibliographie scientifique :

  • Zabeo 2014 : ZABEO M., « Occupation rurale des terrasses de l’Allier. Le site de Tresnay » Archéothéma, 33, pp. 90-91.

  • DUCREUX A. avec la collaboration de COLLOMBET J., ZABEO M. « Les figurines antiques en terre cuite de Tresnay (Nièvre) et de Villeneuve-sur-Allier (Allier) », in BOSSARD A., PITON P. (dir.), Figurines antiques d’ici et d’ailleurs, itinéraire coroplathique de la Picardie au Bassin méditerranéen, pp. 91-114, Revue Archéologique de Picardie, n° spécial 31.


Quelques images du site :


Vue aérienne du secteur sud du site (Cliché Kaparcheo)

Le petit édifice à plan carré.

Un des bâtiments de l'établissement agricole vu du sud-est (Cliché Kaparcheo)

Le puits mis au jour au nord-ouest de la zone bâtie.


Commune : Tresnay

Adresse/lieu-dit : La Varenne de Chavannes

Département/Canton : Nièvre

Année de fouille : 2013

Période principale d'occupation : Antiquité

Responsable d'opération : Marco ZABEO

Aménageur : DREAL Bourgogne

Raison de l'intervention : Aménagement routier

Type de chantier : Sédimentaire (Fouille préventive)