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Toulouse - 16- Rue des 36 ponts


Du mois de mai au mois de novembre 2014, l’opération d’archéologie préventive réalisée au 16, rue des Trente-Six Ponts a permis de mettre au jour, d’observer et de documenter plusieurs phases d’occupation entre le Haut-Empire et l’époque contemporaine. Ces découvertes, associées aux fouilles plus anciennes, permettent de préciser la connaissance de ce secteur périurbain de Toulouse. Phase 1 et 2a : prémices d’un espace suburbain Les premières traces d’occupation du site datent du Haut-Empire. Un tronçon de fossé, orienté est-ouest, a été observé. Celui-ci, abandonné dans le courant du deuxième quart du Ier siècle ap. J.-C., pourrait appartenir à la perticae de Toulouse et donc correspondre au système de cadastration hors de la cité. Après un hiatus entre la fin du Ier siècle et la seconde moitié du IIIe siècle ap. J.-C., durant lequel aucune occupation n’est attestée si ce n’est la présence résiduelle de mobilier indiquant la fréquentation du site, on perçoit les conséquences de l’expansion urbaine de Toulouse durant les IIIe-IVe siècles. En effet, le site accueille les premières constructions traduisant l’attractivité de la ville et de la voie Narbonnaise. Trois bâtiments dont seules les fondations en galets nous sont parvenues ont été documenté. L’un d’entre eux reprend l’orientation fournie par le fossé du Haut-Empire témoignant de la continuité parcellaire dans cet espace périurbain de la ville. Les changements dans la topographie de la ville qui interviennent à la fin du IVe siècle et au début du Ve siècle entrainent une déprise de cet espace et la démolition des ensembles bâtis. Le site est alors dévolu à l’inhumation des défunts.

Phase 2b et 3 : une zone d’inhumations Cette période, phase 2b, est celle où apparait les premières sépultures. Elles s’implantent dans la continuité de celles observées sur le site « Métro Palais de Justice ». La nécropole découverte se compose de 44 individus pouvant être divisé en deux groupes. Le premier groupe de sépulture est implanté en fonction des orientations et des murs des bâtiments de la phase 2a. Cependant, le second groupe ne tient plus compte des bâtiments, ces derniers n’étant alors plus visibles ou ayant perdu tout attrait pour l'inhumation des défunts. Les sépultures de la phase 3 se distinguent de la précédente phase d’inhumation par le faible nombre d’individus (16), l’orientation des tombes et leur spatialisation. Cependant, la faiblesse numérique du groupe appartenant à la phase 3 ne permet de comparer les différents groupes entre eux. L’analyse comparative que l’on pourrait envisager malgré un corpus restreint ne fournit pas d’indicateur fi able quant à la relation pouvant exister entre modes d’inhumation et ensemble chronologique. Ces inhumations s’échelonnent du Ve siècle au Xe siècle.

Phase 4 : artisanat et cimetière de crise La phase 4 correspond à la principale phase d’occupation du site, tant par la densité que par la nature des vestiges. Dans un premier temps, durant la phase 4a, le nord du site est occupé par deux ensembles, l’un à sol excavé et le second sur poteaux porteurs, probablement en lien avec une activité artisanale. Ces ensembles sont détruits et abandonnés à la fi n du XIIIe siècle. Durant le XIVe siècle, phase 2b, d’autres ensembles à vocation artisanale s’implantent sur le site. Certains sont en lien avec le traitement de carcasses équines, d’autres avec la tabletterie et enfin le dernier ensemble est lié à la métallurgie du bronze et plus particulièrement la fonte de cloches. Cette occupation artisanale est contemporaine du cimetière de crise mis au jour dans la partie méridionale du site. Ce cimetière se caractérise par la présence de 109 sépultures dont 80 sépultures simples et 29 sépultures plurielles (doubles, triples et quadruples) dont trois charniers. Ces sépultures renfermaient 452 individus (incluant les individus mis au jour durant le diagnostic) dont 311 inhumés dans les trois charniers. De nombreux éléments nous permettent d’attribuer la plupart de ces sépultures à l’épisode de peste ayant touché l’Europe occidentale à partir de 1347. La présence dans certaines sépultures d’émissions monétaire datant de 1347-1348, l’identification du bacille de la peste et plusieurs 14C indiquent clairement le lien existant entre ces sépultures, qu’elles soient individuelles ou plurielles, et la pandémie du XIVe siècle.

Phase 5 et 6 : un espace en déprise La fin du XIVe siècle marque l’arrêt des occupations artisanales et funéraires du site. Cet arrêt est certainement le résultat de plusieurs facteurs. La persistance des crises frumentaires, guerrières et épidémiques entrainant une baisse démographique ainsi qu’un possible interdit en lien avec la peste peut expliquer, au moins en partie, la désaffection du site à cette période. Les vestiges des XVe et XVIe siècles confirment la nette déprise de l’occupation de ce secteur du faubourg Saint-Michel. Le mobilier céramique de la première moitié du XVe siècle est d’ailleurs absent alors que le XIVe siècle a fourni le lot le plus important. L’étude micromorphologique laisse entrevoir une vocation horticole ou maraichère du site.

Phase 7 à 9 : densification de l’espace Ce n’est qu’à partir du XVIIe siècle que l’on observe une reprise de l’occupation. Celle-ci correspond aux premières constructions en briques donnant sur la rue du Sauzat. Leur présence traduit à la fois l’expansion démographique de la ville et la pression foncière de plus en plus importante au sein du faubourg Saint-Michel. Les abords immédiats de la ville étant lotis, les constructions sont alors réalisées de plus en plus loin des accès à la ville. La phase 8 puis la phase 9 correspondent à la densification de l’espace bâti. Ce phénomène se fait d’abord à proximité de la rue, sur les espaces disponibles ou en réaménageant des espaces déjà bâti. Cette densification se réalise alors en direction du cœur de l’îlot ou occupé essentiellement par des jardins et vergers.

Phase 10 : le collège La phase 10 correspond à la progressive érection du groupe scolaire Montalembert Notre-Dame depuis la fi n du XIXe siècle jusqu’au premières années du XXIe siècle. Durant cette période plusieurs grands bâtiment sont édifiés afin d’accueillir les élèves. Parmi ces bâtiments, trois sont dotés de caves ayant oblitérées toute occupation antérieure coupant de fait les relations stratigraphiques qui auraient pu être établies entre la partie nord du site et la partie sud.


Retrouvez ici une actualité détaillant les premiers résultats de l'opération :


Revue de presse :


Bibliographie scientifique :

  • Rousseau et al. 2018 : ROUSSEAU C., VANHOVE C., KIRSCHENBILDER B., GOURVENNEC M., « Toulouse (Haute-Garonne), 16, rue des 36 Ponts, sépultures de crise : méthodologie et collaborations », in CARRÉ F., HINCKER V. et CHAPELAIN de SERÉVILLE-NIEL C. (dir.), Rencontre autour des enjeux de la fouille des grands ensembles sépulcraux médiévaux, modernes et contemporains. Actes de la 7e Rencontre du Gaaf (Caen, université de Caen Basse-Normandie, 3-4 avril 2015), vol. 7, Reugny : Groupe d’anthropologie et d’archéologie funéraire, coll. « Publication du Gaaf », pp. 189-192.


Quelques images du site :


Vue du charnier 1771 : 100 individus

Fragments de moules de cloches (Landarc/Archeodunum)

Fosse de coulée de cloche avec un moule en place

Vue du charnier 3408 : 142 individus

Détail d'une sépulture multiple

Vue générale du chantier


Commune : Toulouse

Adresse/lieu-dit : 16- Rue des 36 ponts

Département/Canton : Haute-Garonne

Année de fouille : 2014

Période principale d'occupation : Antiquité,Moyen Âge

Autres périodes représentées : Période moderne,Epoque contemporaine

Responsable d'opération : Michaël GOURVENNEC

Aménageur : CFA Midi-Pyrénées

Raison de l'intervention : Construction de logements

Type de chantier : Sédimentaire (Fouille préventive)