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Toulon - Hopital Chalucet


Le projet de nouveau quartier urbain sur le site de l’ancien hôpital Chalucet à Toulon (Var) sur la parcelle CP 213, a donné lieu à une opération d’archéologie préventive, réalisée du 17 octobre au 22 décembre 2016 par la société Archeodunum SAS. Cette fouille fait suite aux diagnostics archéologiques menés par P. CHAPON (Inrap) en avril 2014 et novembre 2015.
L’emprise des fouilles représente 3 200 m², pour une emprise totale du projet d’aménagement de 14 775 m². Le site est situé à l’extérieur des agglomérations antiques et médiévales, en périphérie des fortifications érigées par Vauban (1679-1697). Il est englobé dans l’enceinte urbaine au milieu du XIXe siècle.
Trois grandes phases d’occupation du site sont attestées par les sources historiques. Un premier « hospice de la charité » est fondé en 1678 par testament de Jean de Gautier (†1667) pour accueillir les vieillards pauvres. À partir de 1694, Armand-Louis Bonnin de Chalucet, évêque de Toulon de 1684 à 1712 et neveu de Richelieu, fait construire sur le site un hospice plus conséquent. Au milieu du XIXe siècle, un nouvel hôpital est érigé sur le site en englobant la construction antérieure. Un des bâtiments est détruit en 1944 par les bombardements alliés sur Toulon et la majeure partie des bâtiments du XIXe siècle disparaissent au début du XXIe siècle avec le projet d’aménagement urbain.
Si des artefacts isolés témoignent de périodes plus anciennes (fragment de lame du Néolithique final, pièce antique), aucune occupation antérieure au XVIIe siècle n’a pu être identifiée sur le site. Il en va de même pour le Béal de Bonafé, aqueduc médiéval dont le tracé était situé dans l’emprise de fouille par l’historiographie toulonnaise. La topographie actuelle témoigne de la forte anthropisation dont la pente naturelle est aménagée en terrasse aux périodes moderne et contemporaine.
Les occupations du XVIIe siècle mises au jour se traduisent principalement par deux complexes bâtis. Un premier ensemble de bâtiment a été observé à l’est de l’emprise, pour partie sous l’aile est, conservée, de l’hôpital du XIXe siècle. Ces vestiges, observés sur 200 m², traduisent au moins trois aménagements successifs d’un complexe partiellement préexistant à l’hospice, puis destiné à l’accueil des femmes. Il est bordé à l’ouest par une calade recouvrant un système de drainage des eaux pluviales, et à l’est par un collecteur massif faisant office de mur de terrasse. Ce complexe est encore présent sur le cadastre napoléonien en 1808.
Le second bâtiment, observé à l’ouest, est une construction semi-excavée sur deux étages : le Rez-de-chaussée est de plain-pied au Sud tandis que le niveau de circulation supposé du premier étage correspond au niveau de circulation extérieure au Nord. Le rez-de-chaussée comprend un hall et cinq pièces sur une superficie d’environ 90 m² dont de nombreux aménagements sont conservés (sol en tomettes, seuils, escalier, murs et enduits). L’une de ces pièces conserve les vestiges d’un grand four domestique, tandis qu’une autre présente les restes d’un bassin dont la fontaine en bas-relief a été découverte dans les couches de démolition. L’ensemble est mis hors d’eau par un imposant système de drainage situé en amont dont les eaux sont ensuite acheminées en contrebas du bâtiment par une série de canalisation passant sous les sols. Ce bâtiment est détruit et remblayé en une seule fois, à la suite de la construction de l’évêque Chalucet, érigée quelques mètres seulement plus au nord.
De cette dernière est conservée en élévation la chapelle (une partie de son aménagement actuel date toutefois du XIXe siècle) et l’aile ouest. Le corps central du bâtiment, d’une superficie de 320 m², a été découvert en fouille. Ce grand bâtiment, fortement arasé, présente à l’ouest un sol de grandes tomettes hexagonales et plusieurs murs de refends. Il se caractérise par la très nette différenciation de ces maçonneries, avec au sud un grand mur de façade monumental, au parement en pierre de taille, contre lequel viennent s’accoler au XIXe siècle plusieurs appentis.
Une grande fosse dépotoir comprenant des rejets des XVIIIe et XIXe siècles a été mise au jour. Son contenu, riche et varié, permet d’appréhender la vie quotidienne dans l’hôtel-Dieu : rejets de boucherie et céramiques domestiques, bouteilles, mais aussi pipes en grand nombre, boutons et éléments de vêtements, dés et dominos, etc. Plusieurs aménagements extérieurs de l’hôtel-Dieu du XIXe siècle ont également été observés en fouille, bassins, collecteurs et chablis notamment.


Revue de presse :


Bibliographie scientifique :


Commune : Toulon

Adresse/lieu-dit : Hopital Chalucet

Département/Canton : Var

Année de fouille : 2016

Période principale d'occupation : Période moderne,Epoque contemporaine

Responsable d'opération : Quentin ROCHET

Aménageur : Établissement Public Foncier de PACA

Raison de l'intervention : Aménagement d'un lieu à vocation médicale

Type de chantier : Sédimentaire (Fouille préventive)