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Meneac - La Bossette Bazin/La Maison Neuve


La présente notice concerne deux sites situés sur la commune de Ménéac (Morbihan 56), à 7 km au sud-ouest de Merdrignac et à 11 km au sud-est de Plémet. Les sites sont positionnés à 1 km à l’ouest du bourg de Ménéac, sur les lieux-dits La Maison Neuve et La Bossette Bazin. Ces deux gisements, distants d’environ 600 m étaient localisés respectivement au sud-ouest et au sud-est de la carrière actuelle de l’Épine Fort. La surface prescrite couvrait une surface totale de 2,9 ha. Les deux sites sont localisés au sud-ouest du Massif de Ménéac, à une altitude avoisinant 157 m NGF, sur les premières ruptures de pentes où se développent de nombreux petits vallons. La deuxième tranche du diagnostic archéologique a été réalisée par S. Barbeau en 2018 (Inrap ; Barbeau 2019) sur une vaste surface de 29 ha qui a permis d’inventorier plusieurs occupations échelonnées de l’âge du Bronze à la période médiévale.
La première emprise, la Zone 1, est située au sud-est d’une précédente prescription de fouille (Evéha ; Le Faou 2020). La surface de cette emprise couvrait 1,1 ha, à proximité de deux établissements étudiés lors de l’intervention de l’entreprise Evéha en 2018. Ces établissements concernaient, au nord-ouest, une occupation de l’âge du Bronze qui jouxtait une occupation du Haut Moyen-Âge. Ces éléments de contexte précisé, l’emprise étudiée a permis de mettre au jour une série d’aménagements qui nous renseigne sur la structuration et l’organisation du territoire à la périphérie de ces deux établissements.
Les vestiges principaux constituent de rares ensembles de trous de poteau qui correspondent à l’emplacement de constructions de petites dimensions et d’une palissade. Un ensemble de fossés a été identifié comme les traces d’un ancien axe de circulation datant probablement du second âge du Fer. Ces fossés bordiers de chemin fonctionnaient par paire sur un axe nord-ouest/sud-est, avec un croisement où une paire de fossés se dirigeait en direction sud-ouest. Ils étaient espacés d’environ 2 m et réalisés sur un tracé sinueux plus ou moins ? régulier. Une paire de fossés a été découverte sur le site A (Le Faou 2020) et pourraitt correspondre au prolongement de l’axe de circulation en direction du nord-ouest. Plusieurs structures de combustions ont été découvertes sur l’emprise de la zone. De plus, un ensemble de fossés matérialise les vestiges de parcellaires de différentes périodes. De manière générale, la fouille et les recherches ont permis l’étude d’une zone périphérique à l’habitat révélant un secteur maîtrisé et mis en valeur au cours des différentes périodes depuis la Protohistoire ancienne.
La seconde emprise, la Zone 2, est située au sud de l’actuelle carrière et couvre une surface de 1,8 ha. L’espace de fouille était subdivisé en trois secteurs inégaux par deux voies actuelles de circulation. Les vestiges découverts sont principalement des aménagements en creux de fossés, de tranchées, de poteaux, de fosses, de structures de combustion et de souterrains.
L’occupation principale est localisée au nord, sur la partie haute de la zone qui surplombe le vallon qui s’ouvre au sud et à l’est. Elle concerne un établissement créé ex nihilo et dont les premières traces apparaissent à partir de la seconde moitié du IVe av. J.-C. et perdure jusqu’à la première moitié du Ier av. J.-C. Le site n’a pas été découvert dans sa totalité, le gisement se prolonge sous les bermes est, nord et ouest. Toutefois, l’établissement semble être structuré par deux enclos concentriques qui marquent les deux grandes phases d’occupations et d’aménagements. Au sud, l’accès est aménagé avec un système de fermeture muni d’un porche et d’une série de tranchées et de fossés drainant le passage. L’intérieur de l’établissement est subdivisé par des fossés drainant suivant l’axe nord/sud et ouest/est selon les pentes naturelles du terrain. La forte déclivité du terrain n’a pas facilité la conservation de certains vestiges probablement à la suite de l’érosion plus prononcée sur les pentes du site.
Deux souterrains ont été découverts en périphérie immédiate de l’enclos qui ceinture l’habitat. Ces aménagements ont été découverts en majeure partie effondrés, à l’exception de deux niches. Les céramiques découvertes dans les niveaux d’abandon sont datées entre la seconde moitié du IVe s. av. J.-C. et le début du IIIe s. av. J.-C. Ces éléments sont les traces les plus anciennes de l’occupation du second âge du Fer sur le site. Différentes analyses (phytolithe, micromorphologie, entomologie) des sols ont permis de proposer l’hypothèse d’une préparation des surfaces de circulation avec un apport de terre et probablement un revêtement végétal du sol et/ou des parois. Les résultats devront être confrontés avec de nouvelles analyses sur ce type de structure. Enfin, ces aménagements sont caractéristiques des régions Bretagne et Normandie au cours du second âge du Fer. Cette pratique va péricliter au cours du IIe s. av. J.-C. (Menez 2009 ; Bossard 2020 ; Bossard et al. 2018).  
Concernant les constructions, les recherches ont permis d’identifier au moins neuf bâtiments sur poteaux plantés. Deux de ces bâtiments (UND3057 et UND3108) semblent correspondre à des constructions mêlant parois porteuses et poteaux porteurs internes. Plusieurs exemples se rapprochant de nos cas d’études ont été découverts en Bretagne ces dernières années (Kermat III à Inzinzac-Lochrist (56) (Le Gall 2017) ; Huperie à Erbrée (35) (Durand 2017) ; La Morandais à Trémuson (22) (Bourne 2022). Les fondations couvrent respectivement 45 m2 et 65 m2. Le plan de ces bâtiments est incomplet et ne permet pas d’être absolument affirmatif quant à leur mise en œuvre (Maguer et al. 2018a ; Maguer et al. 2018b). Les autres bâtiments sont principalement élevés avec des fondations sur poteaux porteurs, de nombres et de tailles variables.
Au sud-est de l’enclos de l’habitat, une série de fossés structure l’environnement immédiat de l’établissement. Un petit enclos est aménagé avec deux accès en vis-à-vis à l’est et à l’ouest. La destination de cet enclos n’est pas évidente. Il pourrait correspondre aux besoins annexes de l’habitat. Les rejets de céramiques sont peu nombreux. Il faut signaler la présence d’une structure de combustion à l’angle nord-est de ce petit enclos. L’enclos s’insère dans un parcellaire irrégulier plus vaste qui est orienté selon la pente naturelle du terrain et les axes cardinaux. L’occupation protohistorique compte aussi des fosses et quelques structures de combustion qui s’étalent à l’extérieur et au sud de l’établissement.
Le mobilier est caractéristique d’une occupation domestique, avec des rejets de céramiques, des restes de scories et des macrorestes de végétaux carbonisés. L’étude carpologique a permis de mettre au jour une culture saisonnière avec une prédominance dans les restes de l’avoine, céréale plus adaptée aux sols du secteur. La découverte d’éléments d’armement laisse envisager un statut du site assez élevé. L’établissement montre aussi une certaine pérennité au cours du temps avec des grands aménagements structurant l’habitat et son environnement, signe d’un investissement important des habitants. Néanmoins, nous ne sommes pas en présence des caractères ostentatoires habituellement attribués aux sites dits « aristocratiques ».
Au sud de l’emprise de fouille, un four de potier semble correspondre à la catégorie de four sans sole perforée. La production devait être déposée directement sur un support de charge ou directement sur le sol des languettes (Thuillier 2015, p. 587). La céramique découverte dans le comblement du four a permis de dater son fonctionnement au cours du Haut Moyen Âge, période d’activité de l’habitat situé à L’Épine Fort (Le Faou 2020).


Revue de presse :


Commune : Meneac

Adresse/lieu-dit : La Bossette Bazin/La Maison Neuve

Département/Canton : Morbihan

Année de fouille : 2020

Période principale d'occupation : Age du Fer

Autres périodes représentées : Antiquité,Moyen Âge

Responsable d'opération : Mohamed SASSI

Aménageur : Carrières Lessard

Raison de l'intervention : Extension de carrière

Type de chantier : Sédimentaire (Fouille préventive)