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Aime - Basilique Saint-Martin- Drain périhérique


En juin et juillet 2012, l’entreprise Archeodunum SAS a été chargée d’un suivi archéologique pour le remplacement du drain périphérique de la basilique Saint-Martin à Aime (Savoie).

Le cahier des charges scientifique fixé par le Service Régional de l’Archéologie de la DRAC Rhône-Alpes avait plusieurs objectifs. Il s’agissait d’obtenir une documentation stratigraphique continue (dans la mesure du possible) de l’extérieur de l’église, et de lui rattacher les relevés ponctuels des opérations antérieures en examinant également quatre questions principales : la datation et de la fonction des constructions gallo-romaines sous-jacentes, le mode de fondation de l’édifice de l’an mil, le problème de l’existence supposée d’un bas-côté nord et enfin la chronologie des sépultures.

L’opération archéologique a enrichi la documentation relative au contexte archéologique de la basilique Saint-Martin d’Aime et a permis globalement de répondre aux objectifs fixés par la prescription.

En premier lieu, les vestiges antiques détectés uniquement au nord de la basilique (secteurs 5, 6, 7) indiquent une densité de constructions déjà perçue par la présence de l’édifice gallo-romain situé sous la nef de l’église. Toutefois, si les éléments mis au jour dans le secteur 5 semblent présenter un alignement comparable avec cette structure, ceux des secteurs 6 et 7 montrent, en revanche, une orientation différente qui pourrait plaider en faveur d’occupations successives dont la chronologie relative demeure, en l’état actuel, difficile à déterminer. Quoi qu’il en soit, la détection presque systématique de sols de tuileau et de mobilier (fragments de suspensura, de pilettes d’hypocauste) dans ces secteurs paraît confirmer l’hypothèse d’aménagements à vocation thermale, comme cela a également été le cas à l’est du chevet de la basilique, tant lors de la réfection de la voirie de la RN 90 que sur le site du théâtre de verdure.

En deuxième lieu, les observations ont permis de constater que l’ensemble des fondations de l’église de l’an mil ont été coulées en tranchée aveugle. La nature même du terrain, une stratification de niveaux de forts débordements torrentiels naturellement drainant, semble avoir été jugée suffisamment compacte pour minimiser la profondeur des fondations – on a pu observer que le sol de la crypte se situe environ 0,25 m plus bas que la base des fondations de l’abside – et probablement minimiser des travaux de terrassement difficiles.

En troisième lieu, l’analyse sommaire des élévations et le recoupement avec les données issues des sondages invitent à s’interroger une nouvelle fois sur la présence de bas-côtés dans la nef. Le point de départ de cette réflexion repose d’une part sur la condamnation des grandes arcades et d’autre part sur de probables traces d’arrachements et / ou de harpes d’attente sur la façade et les murs occidentaux du chevet. Les sondages ouverts en 1983 au nord de la basilique par Joëlle Tardieu l’avaient conduite à conclure à leur absence, malgré la présence d’une zone de démolition à l’emplacement présumé du mur nord. L’archéologue arguait également du fait que les arrachements présumés, situés en hauteur sur la façade, et l’absence de fondations continues, ne permettaient pas d’envisager la présence d’ouvertures dans les angles concernés.

On doit néanmoins relativiser cette lecture. On constate tout d’abord que les « arrachements » situés sur les murs occidentaux du chevet se trouvent beaucoup plus bas. Le sondage au nord-ouest de la façade (secteur 5) a ensuite permis de s’interroger – à défaut de pouvoir affirmer – qu’un angle de bâtiment mal conservé (MR 07 / MR 08) pouvait encore subsister mais que son mur occidental (MR 07) avait probablement été coupé lors de la construction de la partie inférieure de l’élévation du mur sud de la nef.

Ces éléments, tout comme l’éventuelle reprise en sous-œuvre d’une partie antérieure de l’élévation du mur nord et la prise en compte du très fort désaxement des murs occidentaux du chevet et d’une partie de la façade, pourraient conduire à proposer une autre hypothèse : celle d’un vaste bâtiment antérieur à la basilique, mais probablement postérieur à l’abside carolingienne, au sein duquel les grandes arcades de la nef du XIe siècle auraient pu être installées. Cependant, seule une reprise plus exhaustive des investigations pourront permettre d’affirmer ou d’infirmer cette proposition alternative en considérant à la fois les relations stratigraphiques tant en élévation qu’en sous-sol.

En dernier lieu, la vocation funéraire du site a été confirmée et la chronologie des sépultures a pu être partiellement déterminée. Malgré des conditions d’intervention peu aisées, il semble que l’espace funéraire se développait au chevet et au nord de la basilique et, en tenant compte des découvertes faites en 1983, au moins jusqu’à la façade. Dans tous les cas, une chronologie relative succincte des sépultures a pu être déterminée, celles du chevet montrant un changement radical des orientations correspondant probablement à deux phases distinctes. Il n’y a donc guère de doute quant à la longue durée d’utilisation de l’espace funéraire. La datation semble en revanche plus difficile à établir en raison du manque de marqueurs chronologiques. Tout au plus peut-on évoquer la sépulture en coffrage maçonné avec encoche céphaloïde (SP 09) découverte en 1984 : postérieure au mur nord du chevet (UM 6) attribué aux alentours de l’an mil, son type pourrait renvoyer à la première moitié du XIe siècle. Quoi qu’il en soit, l’opération de 2012 n’a pas permis d’observer de recoupement de sépultures par l’installation des fondations de l’édifice de l’an mil.

Pour conclure, on doit souligner le caractère partiel des découvertes faites à l’été 2012. Leur remise en contexte avec les vestiges mis au jour lors de fouilles antérieures s’impose à l’échelle de l’urbanisation antique d’Axima et nécessitera certainement de nouvelles opérations archéologiques. Le même constat peut être fait pour les vestiges médiévaux pour lesquels une corrélation étroite avec la poursuite de l’analyse des élévations de la basilique devra être envisagée.


Commune : Aime

Adresse/lieu-dit : Basilique Saint-Martin- Drain périhérique

Département/Canton : Savoie

Année de fouille : 2012

Période principale d'occupation : Moyen Âge

Autres périodes représentées : Antiquité,Epoque contemporaine

Responsable d'opération : Pierre MARTIN

Aménageur : Conservation régionale des Monuments Historiques

Raison de l'intervention : Restauration/Réhabilitation d'un bâtiment historique

Type de chantier : Sédimentaire/Etude du bâti (Fouille préventive)