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Chaponost - Les Viollières


L’aqueduc du Gier passé à la loupe à Chaponost

La fouille du secteur « Les Viollières », à Chaponost, a été consacrée à l’étude d’un segment enterré de l’aqueduc du Gier, la plus longue adduction d’eau alimentant la colonie de Lyon/Lugdunum. Une petite nécropole des IIIe/IVe siècles apr. J.-C., non détectée lors des évaluations, a été découverte sur le flanc sud de l’aqueduc.

Environ 40 m de l’aqueduc ont été étudiés. Le conduit en maçonnerie était intégralement conservé sur une longueur de 26 m. La construction forme un cadre incluant la voûte, les piédroits et la semelle. Appuyés sur la semelle de 0,35 m, les piédroits sont épais de 0,50 m et soutiennent une voûte de 0,40 m. L’extrados est protégé par une couverte de dallettes de pierres plates liées à l’argile. Intérieurement, le conduit présente une hauteur de 1,45 m et une largeur de 0,60 m. Le fond accuse une pente moyenne d’environ 3,3 %.

Un regard a été découvert à l’extrémité orientale du tronçon préservé. Il se présente sous la forme d’un caisson de maçonnerie de deux mètres de côté, légèrement plus large que le conduit. En son centre, il est percé d’un puits rectangulaire de 0,75 sur 0,60 m, dont les petits côtés sont soigneusement voûtés en claveaux. L’accès au conduit est facilité par des opes ménagées dans les parois. Ce regard devait supporter une superstructure en opus reticulatum, dont des fragments ont été retrouvés à l’intérieur du canal.

Un enjeu majeur de cette opération concernait la date de construction de ce monument, qui demeure encore indéterminée. Les tranchées de fondation de l’aqueduc étaient susceptibles de fournir des indices de premier ordre. Elles se sont révélées stériles. Aux abords, aucune trace du chantier (aire de gâchage, de taille, etc.) n’a été détectée. Lors du diagnostic, des espoirs avaient été fondés sur la présence de fosses au contact de la structure, considérées comme antérieures à celle-ci. La fouille extensive a démontré une chronologie relative inverse. Ces fosses doivent, en réalité, être rattachées à une nécropole installée au sud de l’aqueduc.

Dix tombes de cet ensemble funéraire ont été fouillées dans le temps imparti à la fouille. Le cimetière s’étend vraisemblablement au-delà de la zone d’étude. Les modes d’inhumation sont variés : en pleine terre pour la plupart, un cercueil en bois, un coffrage de tuiles et de dalles de terre cuite (dalles de suspensura), une amphore pour un enfant. Les squelettes étaient fortement dégradés par l’acidité du terrain granitique. Le mobilier indique une datation aux IIIe et IVe siècles apr. J.-C.

Si les attentes concernant la date de construction de l’aqueduc sont demeurées sans réponse, la découverte, inopinée, de cette nécropole est riche d’enseignement. Elle indique la présence proche d’une zone d’habitat, ce que corroborent quelques matériaux de construction disséminés sur le gisement.

L’installation des tombes au contact direct de l’aqueduc témoigne de la disparition des mesures de protection entourant la structure hydraulique. Par conséquent, elle signe la fin de son fonctionnement normal et, probablement, son abandon.


Quelques images du site :


Aqueduc du Gier à Chaponost. Vue de la base du conduit avec son revêtement en mortier de tuileau

Vue d’un des côtés du regard (photomontage). A gauche et à droite de l'aqueduc, on distingue les marches de descente (opes) ménagées dans les parois du conduit.

Vue du regard et d’une partie du conduit de l'aqueduc avec, au premier plan, trois tombes de la nécropole de l’Antiquité tardive.


Commune : Chaponost

Adresse/lieu-dit : Les Viollières

Département/Canton : Rhône

Année de fouille : 2006

Période principale d'occupation : Antiquité

Responsable d'opération : Jean-René LE NEZET

Aménageur : Ville de Chaponost

Raison de l'intervention : Construction de logements/projet immobilier

Type de chantier : Sédimentaire (Fouille préventive)