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Besançon - Hôtel de Rosières


Etude de la cave des Rosières à Besançon

L’opération archéologique menée au n° 6, rue Pasteur à Besançon (Doubs) a eu lieu dans le cadre de la réhabilitation de la cave médiévale de l’Hôtel de Rosières, située sur une des parcelles concernées par l’aménagement de la ZAC Pasteur. Cette zone se trouve au sein de la boucle formée par la Doubs, cœur de la ville antique et médiévale.

L’évaluation documentaire et archéologique réalisée par l’Afan (2000), les diagnostics et les carottages effectués par l’Inrap (2006-2007) dans l’îlot ont révélé des vestiges s’échelonnant de l’époque protohistorique à la période contemporaine. Ces découvertes ont conduit à la prescription d’une opération archéologique préventive.

L’intervention a été d’un grand intérêt pour la connaissance de l’évolution de la ville antique, médiévale et moderne. Les vestiges antiques correspondent à des voiries et à des bâtiments du Haut-Empire organisés sur une trame urbaine de même alignement que la voie reconnue en 1851 devant le n° 11, rue Pasteur. Leur fonction n’a pu être déterminée ; il est difficile de dire s’il s’agissait d’un quartier d’habitation, comme sur le site du parking de la Mairie. Une découpe de bœuf permet également d’émettre l’hypothèse d’une activité bouchère à proximité de la rivière, en amont de la zone marécageuse de Chamars.

Le site montre par ailleurs des transformations importantes des structures qu’il n’est pas possible d’interpréter : recharges successives de voiries, arasement et reconstruction de murs, creusement d’un puits. Les objets mis au jour, essentiellement de la céramique, permettent simplement de noter l’absence totale de vestiges du Bas-Empire et du haut Moyen Âge.

L’étude des élévations de l’ancien hôtel de Rosières a favorisé la compréhension de l’évolution de la parcelle où deux constructions antérieures à la grande cave du milieu du XVe siècle ont été reconnues. Il s’agissait, à l’origine, d’un premier bâtiment d’environ 18 m de longueur et d’au moins 6 m de largeur (hors œuvre), ouvert sur sa face nord par une baie en plein-cintre. On ignore en revanche où se situaient ses limites à l’ouest et au sud. Cet édifice a succédé à une nouvelle construction de même longueur. Sa largeur a pu être estimée à près de 10 m et sa hauteur minimale à environ 8 m.

Sur sa face nord, ce second bâtiment présentait une porte qui transforme la baie en plein cintre antérieure. Les piédroits de cette porte sont composés de pierres de taille où des traces de bretture ont été reconnues. Ce type de taille se rencontre à partir du XIIe siècle.

Les fouilles ont, par ailleurs, révélé qu’un bâtiment devait jouxter cette construction à l’est. Malheureusement, la faible surface observée ne permet que de s’interroger sur la nature et la fonction de cette construction, alignée grosso modo sur les axes des rues Pasteur et du Loup.

La grande cave a été aménagée dans un bâtiment préexistant. Toutefois, le mur sud a été reculé d’environ 0,70 m pour agrandir l’espace. Les colonnes engagées et le voûtement ont été insérés dans des maçonneries plus anciennes. Les colonnes subdivisent l’espace en trois vaisseaux de six travées ; leur installation a nécessité la mise en place de deux radiers longitudinaux. Le sol d’origine constitué d’un pavement de pierres était conservé sur la majeure partie de la surface. Dans le mur nord, la porte de l’état antérieur a été modifiée, ce qui implique la desserte d’un espace au nord de la cave. On note la présence de deux accès : situé dans l’angle nord-est de la cave, un escalier piéton donnait très probablement directement dans la rue, et au sud, un escalier plus large sur la cour.

La mise en œuvre des supports et du voûtement montre, à l’instar du parti architectural, un soin particulier. Les traces de taille relevées sur les chaînages, les fûts, les ogives à cavet ou les doubleaux et les formerets chanfreinés, montrent l’usage de deux outils : le marteau taillant et la boucharde, ce dernier étant utilisé à partir du XVe siècle en Franche-Comté.

Les phases modernes concernent la transformation de la cave et ses alentours. Ainsi a-t-on pu constater la reprise de la face externe du mur sud de la cave, peut-être à mettre en relation avec un incendie survenu à l’est du bâtiment.

Les strates liées au sinistre conservaient de nombreux fragments de pots de céramique appartenant à un poêle daté de la seconde moitié du XVe siècle ainsi que du mobilier métallique, notamment des ferrures de coffre.

Faut-il y reconnaître la marque de l’incendie qui détruisit le quartier en 1537 ? En outre, l’analyse des élévations a permis de comprendre la mise en place des espaces jouxtant la grande cave à l’ouest et à l’est, avant le rachat de l’édifice en 1742 par le marquis de Rosières, président du parlement de Besançon, puis la transformation de son hôtel par l’architecte bisontin Colombot.


Quelques images du site :


Salle 1, travée est de l'UM 3 (303)

Salle 1, niveau de voirie du 1er s. apr. J.-C.


Commune : Besançon

Adresse/lieu-dit : Hôtel de Rosières

Département/Canton : Doubs

Année de fouille : 2008

Période principale d'occupation : Moyen Âge,Période moderne

Autres périodes représentées : Antiquité

Responsable d'opération : Pierre MARTIN

Aménageur : Société d'équipement du département du Doubs

Raison de l'intervention : Restauration/Réhabilitation d'un bâtiment historique

Type de chantier : Etude du bâti (Fouille préventive)