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Saint-Jean-le-Vieux - Les Collombières- Au Mollard


Une occupation en continu du Néolithique à l'Antiquité

L’opération de fouille préventive effectuée sur la commune de Saint-Jean-le-Vieux a concerné une surface totale d’environ 4,55 hectares (2,8 pour la tranche ferme et 1,55 pour la tranche conditionnelle). Il s’agit d’une extension de carrière de granulats par l’entreprise Vicat. Le site s’insère dans la plaine alluviale de l’Ain, sur un ensemble de paléoterrasses incisé par plusieurs paléochenaux, dont certains sont occasionnellement réactivés, notamment lors d’épisodes pluvieux intenses. Une phase d’érosion généralisée semble avoir oblitéré les niveaux supérieurs d’installation, et un phénomène de pédogenèse a entraîné une uniformisation sédimentaire à l’échelle de tout le site.
Le décapage mécanique a permis de mettre en évidence plus de 1373 anomalies creusées dans l’encaissant de galets. La fouille manuelle et mécanisée a permis d’éliminer un peu moins de 800 de ces anomalies qui ne correspondaient pas à des aménagements archéologiques. Une des difficultés du site réside dans le fait que l’aspect des structures en plan ne présume pas d’une nature anthropique, et qu’il est donc nécessaire de les fouiller pour les discriminer.
Les périodes d’occupation les plus anciennes concernent le Paléolithique et le Mésolithique, avec quelques éléments en silex taillé retrouvés en position secondaire dans certaines structures en creux.
Deux stades d’installation ont été reconnus au cours du Néolithique ; un bâtiment sur poteaux de plan rectangulaire assez irrégulier est attribué au Néolithique ancien ou moyen, et une fosse a été mise en place au cours du Néolithique moyen II. Quelques éléments lithique (silex, bracelet en roche tenace, mobilier de mouture) et céramique complètent cette phase.
Pour l’âge du Bronze, un trou de poteau, possiblement en lien avec d’autres et formant un plan de bâtiment incomplet, a livré du mobilier céramique rattachable à cette période.
Au cours du premier âge du Fer, un bâtiment de grande ampleur sur poteaux et de plan carré (environ 15 m x 16 m de côté) a été mis en place au sud-ouest de l’emprise. Il est daté du IXe s. av. J.-C. par deux datations au carbone 14C, les éléments céramiques étant rattachables à la Protohistoire. Ce type de construction se rencontre généralement plus tardivement, à partir de La Tène finale ; l’exemple mis au jour ici serait donc particulièrement précoce. Lors de la même phase d’occupation, plus à l’est, une structure de combustion à pierres chauffées a été utilisée puis abandonnée après démantèlement. La céramique qui s’y rattache est attribuée au Hallstatt.
Pendant la période laténienne, trois bâtiments réguliers de type greniers sur poteaux sont implantés à l’ouest et à l’est de l’emprise, complétés par un plan partiel de bâtiment indéterminé et une structure de combustion à pierres chauffées. Un fossé partiellement conservé est aménagé au voisinage immédiat du bâtiment carré mis en place à la période précédente.
La transition Tène finale/période augustéenne voit l’installation (entre le IIe et le Ier siècle av. J.-C.) d’un ensemble viaire composé de deux fossés bordiers parallèles et d’un niveau de circulation central. D’orientation est-ouest, la voie semble avoir été aménagée avec plusieurs niveaux de recharge, dont les plus hauts ont été tronqués par les labours modernes mais qui subsistent par endroits. Le tracé effectue une bifurcation vers le sud-est au niveau du principal paléochenal présent sur le site, et n’est pas connu par les sources historiques ou les indices parcellaires. Les fossés présentent plusieurs phases de comblement, avec des indices de curage et d’entretien ; les dynamiques de remplissage sont rapides à moyennes. Une zone présente une dépression ponctuelle profonde d’environ 2 m, qui pourrait être interprétée comme un réservoir ou un déversoir lié aux intenses ruissellements d’eau auxquels est sujet le site. En surface de la voie, quelques rares et hypothétiques traces d’ornières ponctuent la bande centrale, mais un aménagement est décelable sur la bordure occidentale de l’intersection de la voie et du paléochenal à l’est. Il est composé d’un amas de galets (de modules plus importants que ceux de l’encaissant) et de fragments de tuiles formant une recharge. Il s’agit probablement d’une remise à niveau de la voie en compensation d’inondations ou d’affaissements liés à l’activité du chenal. L’ensemble du mobilier associé au comblement des fossés et au niveau de circulation (céramique, amphore, verre, objets métalliques, monnaies) permet de proposer une fourchette large de fonctionnement entre la fin du Ier siècle av. J.-C. et le Haut-Empire (IVe siècle).
Un dépôt de crémation était localisé à proximité de la voie, à l’ouest de l’emprise, ayant laissé apparaître des dépôts charbonneux associés à des fragments osseux et une scorie métallique. Des restes carpologiques retrouvés dans le comblement indiquent une utilisation de la vigne et de plantes sauvages (carex) après la phase de combustion, ce qui indiquerait une diffusion rapide des rituels funéraires gallo-romains.

Plusieurs bâtiments de plan rectangulaire sont associés à la même phase de mise en place, ainsi que des constructions de type greniers sur poteaux. Une dizaine de bâtiments de ce type sont présents au total, qui n’ont pas fourni d’éléments de datation. Au vu de leur morphologie on peut raisonnablement les rattacher à la période laténienne, étant donné leurs orientations et modules similaires.

De nombreuses structures ne contenaient aucun élément de datation, et correspondent à des trous de poteau isolés ou des fosses peu profondes. Cependant, les extrémités orientale et occidentale de l’emprise présentent une densité importante de fosses qui s’apparentent à des fosses de plantation, peut-être en lien avec la suite de l’occupation rurale de type « ferme gauloise » perçue lors de la fouille de 2008, plus au nord.


Commune : Saint-Jean-le-Vieux

Adresse/lieu-dit : Les Collombières- Au Mollard

Département/Canton : Ain

Année de fouille : 2014

Période principale d'occupation : Age du Fer,Antiquité

Autres périodes représentées : Néolithique

Responsable d'opération : Julia PATOURET

Aménageur : SAS Granulats VICAT

Raison de l'intervention : Aménagement de carrière

Type de chantier : Sédimentaire (Fouille préventive)