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Challans - La Pièce du Palis


Le site de “La pièce du Palis” a fait l’objet d’une opération de fouille préventive préalablement à la mise en 2x2 voies de la route départementale RD948 entre les communes de Challans et de Saint-Christophe-du-Ligneron (dans le cadre du tracé Challans-Aizenay). Cette prescription fait suite à un diagnostic positif mené en mai-juin 2014 par le service archéologique départemental de Vendée.
Bien que la prescription de fouille portait sur une surface de 9000 m², l’intervention archéologique n’a pu être réalisée que sur 6054 m² de zone accessible. La fouille, réalisée du 13 avril au 05 juin 2015, a révélé la présence de nombreux vestiges répartis sur l’ensemble de la zone décapée. Le site semble se développer au nord comme au sud de l’emprise étudiée.
La fouille a livré 220 trous de poteaux et 45 fosses qui s’organisent, majoritairement, au sein d’enclos curvilinéaires et rectilinéaires. Des zones empierrées, interprétées lors du diagnostic comme étant des vestiges de solins, se sont révélées être (après un décapage exhaustif du site), constitutives d’un ancien chemin empierré qui a pu être dégagé sur cinq mètres de large et une quarantaine de mètres de long, au sud du site.
Le phasage de cette occupation n’a pas pu être effectué d’après le mobilier céramique qui couvre essentiellement une période comprise entre le xiie et le xive siècle. L’organisation de cette occupation semble être néanmoins relativement pérenne dans le temps, au vu des observations stratigraphiques effectuées.
Malgré la découverte de tessons de céramique du Premier Moyen Âge mêlés à du mobilier du XIIe-XIVe siècle, il semblerait que la première occupation du site se soit installée ex nihilo. Elle pourrait être consécutive d’une campagne de défrichement ou d’un assainissement du territoire destiné à mettre en valeur des terres nouvellement acquises, et pourrait s’apparenter à un habitat dit “pionnier”.
Cette première occupation se caractérise par l’implantation de deux (voire trois) enclos dédiés d’une part à un habitat et/ou à des annexes agricoles (deux bâtiments peuvent être rattachés à cette phase) et d’autre part à des espaces consacrés à la pâture ou à la culture (palissades, enclos partitionné, espaces vides d’aménagement anthropique).
Dans un second temps, on assiste à une extension de l’occupation médiévale au centre et au sud des constructions précédentes. Ces dernières pouvant être encore partiellement fonctionnelles. Quatre (voire cinq) nouveaux enclos sont implantés et semblent, là encore, abriter des espaces distincts dédiés à des activités spécifiques : les enclos situés à l’est de la fouille seraient plutôt dévoués à la pâture et/ou à la culture (fourrage…) alors qu’au centre du site, des enclos plus circonscrits centralisent de nombreux trous de poteaux et fosses. Quatre bâtiments ont pu être identifiés en leurs seins ; ils s’apparenteraient à des maison-mixtes et/ou à des annexes agricoles.
L’abandon de cette occupation semble avoir été progressif, et des fossés de drainage et/ou d’irrigation vont succéder à cette installation agro-pastorale. L’omniprésence de tessons de céramique attribués au XIVe siècle dans les comblements de l’ensemble des structures du site et l’absence de mobilier plus tardif ne permettent pas, malheureusement, de dater la dernière occupation du site ni son abandon. Quoiqu’il en soit, il semblerait que le site ait été finalement libéré de ses constructions et que l’intervention humaine ait été moins impactante par la suite, bien que toujours présente. Avant notre intervention, la zone étudiée était constituée de prairies ouvertes dédiées à la pâture, activité dont il ne reste aucune trace et qu’elle aurait pu accueillir dès la fin de l’époque médiévale.
L’absence de structures liées à une activité artisanale ou encore à une occupation domestique (four, foyer, silos) ainsi que le type de mobilier récolté (mobilier céramique aux formes essentiellement fermées…) laissent à penser que l’habitat pouvait être saisonnier ou se situer hors de l’emprise étudiée. Ainsi, les vestiges découverts semblent plutôt témoigner d’une occupation rurale dont l’activité première serait agro-pastorale. Il pourrait s’agir ici d’une borderie ou d’une métairie, partiellement appréhendée par la fouille et dont l’importance ne peut malheureusement pas être évaluée. Cependant, la topographie du site et l’étude de son environnement immédiat laisse supposer que cette occupation pouvait se développer au nord de la route actuelle et être constitutive d’un établissement plus vaste qui se situerait sous l’actuelle ferme de “La Gérie”. Cette occupation s’inscrit donc dans un contexte régional qui, bien qu’encore peu documenté pour les établissements du Moyen Âge Central, vient enrichir les connaissances relatives à la création d’habitats dispersés au début du XIIe siècle dans l’ouest du Royaume de France. La vocation agro-pastorale de cet établissement est à rapprocher des problématiques actuelles concernant l’identification de ces occupations (métairie, borderie…), leur origine (défrichement, assainissement…) et la nature même de leur exploitation (culture, cheptel, pratiques agraires…).



Bibliographie scientifique :

  • Beurtheret, à paraitre : BEURTHERET M., « Challans, La pièce du Palis », Journées Archéologiques Régionales des Pays de La Loire 2018, Nantes.


Commune : Challans

Adresse/lieu-dit : La Pièce du Palis

Département/Canton : Vendée

Année de fouille : 2015

Période principale d'occupation : Moyen Âge

Responsable d'opération : Maude BEURTHERET

Aménageur : Conseil Général de Vendée

Raison de l'intervention : Aménagement routier

Type de chantier : Sédimentaire (Fouille préventive)