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Jumièges - Eglise Saint-Pierre


Église Saint-Pierre et passage Charles VII : étude archéologique et sanitaire

Situé dans un méandre de la Seine, en aval de Rouen, Jumièges abrite l’un des plus anciens groupes monastiques de Normandie. L’importance des ruines témoigne de la richesse du passé de l’abbaye. Partiellement détruite, elle n’en demeure pas moins un ensemble exceptionnel, comprenant les vestiges imposants des églises Notre-Dame (l’abbatiale du XIe siècle) et Saint-Pierre (VIIIe-XIVe siècles) et de différents bâtiments conventuels : la salle du Chapitre et l’hôtellerie (XIIe siècle), le réfectoire et ses celliers à cellules (XIVe siècle), la porterie (XIVe siècle), ou encore le logis abbatial (XVIIe siècle).
De nombreuses recherches et restaurations sont entreprises depuis des décennies sur cet ensemble. Dans la continuité des travaux effectués sur l’église Notre-Dame, le Département de Seine-Maritime a entrepris un vaste projet de restauration et de mise en valeur des vestiges de l’église Saint-Pierre et du passage Charles VII. Dans ce cadre, les différents partenaires du projet ont commandé une étude archéologique, précédée d’une analyse documentaire et accompagnée d’une étude des enduits peints et de l’état sanitaire de l’édifice. Cette mission a été confiée à un groupement d’entreprises : Archeodunum SAS, pour l’étude archéologique et l’analyse documentaire, Studiolo pour l’étude des enduits peints, et H2O pour l’étude sanitaire de l’édifice.

L’étude documentaire a permis de faire le bilan des connaissances historiques et archéologiques acquises sur l’édifice depuis la fin du XIXe siècle. L’analyse des anciennes photographies et des archives des différents restaurateurs ont permis d’une part de localiser et d’étudier l’évolution sanitaire des enduits peints, et de définir les zones d’interventions effectuées de la fin du XIXe siècle à nos jours. Toutefois, l’état de la documentation ne permet pas d’atteindre un degré de précision satisfaisant.

L’étude archéologique des élévations et des enduits de l’église Saint-Pierre constitue un jalon important dans la connaissance du monument, en précisant certains aspects de l’édifice carolingien qui concentre l’attention de la plupart des chercheurs, et en modifiant radicalement la chronologie admise pour la construction gothique.
Les contours de la construction primitive ont en effet été détaillés, grâce aux relevés pierre-à-pierre et aux analyses des mortiers et des enduits. Les apports les plus substantiels concernent le massif occidental, peu étudié jusqu’à présent, avec la mise en évidence des organes de distribution et des axes de circulation, permettant une meilleure compréhension de l’articulation entre le massif antérieur, la nef et les bas-côtés. Les analyses ont également permis d’observer un bâtiment très homogène dans sa construction, et d’orienter sa datation plus nettement vers la fin du VIIIe siècle.
L’église a traversé les tourments des raids vikings sans trop de dommages sur le plan structurel. Les enduits et les décors sont cependant refaits à deux reprises, avant les premières transformations liées aux adjonctions romanes à l’angle nord-ouest de la nef, sans que nous puissions toutefois les attribuer à un évènement précis. Il faut attendre le XIVe siècle pour que le bâtiment soit profondément modifié.
L’étude a ici permis de revenir sur la chronologie, admise jusqu’alors, des restaurations gothiques. L’ensemble de la reconstruction se situe dans la première moitié du XIVe siècle, avec une progression de l’intérieur vers l’extérieur, montrant une volonté de conserver les volumes en place, vraisemblablement pour maintenir une activité liturgique. La restauration suit un programme architectural cohérent, malgré les apparences, avec plus ou moins de repentirs. La modification de projet la plus évidente concerne le passage Charles VII, dont les plans ont été modifiés entre la reconstruction du bas-côté nord de Saint-Pierre et celle du bras sud du transept de l’abbatiale Notre-Dame. Par ailleurs, les différences observées entre les bas-côtés nord et sud ne sont pas dues à des phases de construction différentes mais à un parti pris architectural visant à distinguer clairement ces deux secteurs de l’édifice. Des indices montrent également une mise en valeur différente de l’extrémité occidentale de la nef gothique, ce qui pose de nombreuses questions sur l’organisation et la fonction des espaces.


Bibliographie scientifique :

  • Jouneau et al., à paraître : Jouneau D., Boissard E., Brunet-imbault b., Guinamard c., hubert C., reidiboym b., « L’étude archéologique et sanitaire de l’église Saint-Pierre de Jumièges : renouvellement des connaissances (Seine-Maritime) », in Journées archéologiques de Haute-Normandie (Rouen, 30 septembre-1er octobre 2016), Mont-Saint-Aignan : éditions PURH.


Commune : Jumièges

Adresse/lieu-dit : Eglise Saint-Pierre

Département/Canton : Seine-Maritime

Année de fouille : 2015

Période principale d'occupation : Moyen Âge

Responsable d'opération : David JOUNEAU

Aménageur : Département de Seine-Maritime

Raison de l'intervention : Restauration/Réhabilitation d'un bâtiment historique

Type de chantier : Etude du bâti (Fouille préventive)