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Saint-Etienne - Maison François Ier (1)


L’étude archéologique de la maison dite « François Ier », au 5, place Boivin (parcelle PV 22), a été prescrite par le Service Régional d’archéologie dans le cadre d’une deuxième tranche de travaux de restauration. En 2000, des observations avaient pu être faites par Chantal Delomier (Afan) dans une première étude de bâti (BSR 2000, p.132). L’opération réalisée en 2010 s’est déroulée en deux phases : la première a porté sur l’étude des façades sur rue et sur cour et des organes de circulation (escalier et galerie) ; la deuxième a porté sur les murs intérieurs. L’analyse de la façade à pan-de-bois et des planchers, confiée à Emilien Bouticourt, a permis d’apporter de précieux renseignements complémentaires aux données issues de la lecture des maçonneries. Parallèlement, l’étude xylologique et dendrochronologique menée par le laboratoire LEB2d a précisé la datation des bois.
Quatre états principaux se dégagent de l’analyse.
 - Une maison du XVe siècle est identifiée. Elle apporte des éléments relatifs à la trame urbaine médiévale de ce quartier intra-muros. L’actuelle maison sur rue est donc composée de deux parcelles distinctes qui, au Moyen-Âge, étaient occupées par deux maisons différentes. au nord, les vestiges de cette occupation sont fugaces car masqués par les reconstructions du XVIe siècle ; toutefois, une cave située sous la partie nord de la maison avant, entrait dans la composition d’une maison dont nous ne possédons plus les traces des élévations. À l’arrière, et dans le prolongement de cette cave, le décaissement du substrat rocheux est poursuivi vers l’ouest, sur un espace sans doute libre de construction. Au sud, les vestiges du XVe siècle mis en évidence permettent de restituer une maison à deux étages (état 1, phase 1). Elle est composée de deux murs parallèles fermés par une façade à pan-de-bois en encorbellement sur la rue. Le rez-de-chaussée n’existe plus dans son état primitif. Au-dessus, le premier étage était largement éclairé par une grande fenêtre à double croisée. Le deuxième étage plus modeste se développait sous la charpente apparente et était éclairé par une grande lucarne protégée par un avant-toit. La date d’abattage des bois porte la construction du pan-de-bois autour des années 1420-1430.
Dans le dernier quart du XVe siècle, des travaux sont entrepris (état 1, phase 2) : de nouveaux planchers sont alors installés reprenant l’emplacement des anciennes poutres. Un escalier hors-œuvre sans doute placé dans l’angle sud-ouest de la maison permettait d’accéder aux étages.
- au XVIe siècle, cette maison est englobée dans un immeuble plus vaste comprenant deux corps de logis séparés par une cour, reliés par un escalier en vis et des niveaux de galeries. Deux grandes étapes de construction ont été mises en évidence entre la fin du XVe siècle et le XVIe siècle.
Dans une première phase (état 2, phase 1), la maison avant voit sa surface doublée par l’association des deux maisons sur rue. Dans ce projet, seule la façade à pan-de-bois au sud est conservée. On érige les façades de parpaings en avant des aménagements intérieurs anciens. Cet état précède la mise en place des plafonds à la fougère et s’adapte aux plafonds déjà installés dans la maison du XVe siècle. La cour est parementée au sud avec des parpaings ; un décor soigné est disposé en réponse à un petit espace voûté qui est édifié à l’ouest.
La seconde phase de construction est marquée par une volonté manifeste d’embellissement des espaces intérieurs (état 2, phase 2). Le dispositif de plafonds des pièces nord de la maison avant est modifié au profit de l’installation de plafonds à la fougère. Le premier étage est particulièrement soigné et regroupe des ornements caractéristiques de la Renaissance : cheminée monumentale à médaillons et blason, enduits blancs presque stuqués, plafond à la fougère orné de cordelettes, portes à médaillon sculpté et fenêtres à balustres décorées. À l’arrière, une maison est érigée à l’emplacement de la pièce voûtée. il s’agit d’un bâtiment à quatre niveaux où l’unique pièce par étage est pourvue d’une cheminée et d’un plafond à la fougère. Cette deuxième phase de construction est datée avec une relative précision grâce aux datations apportées par l’analyse dendrochronologique des plafonds à la fougère qui relèvent tous d’une même période située autour de 1547.
- Il faudra attendre le XVIIe siècle pour que la maison adopte sa configuration définitive avec deux corps de logis séparés par une cour dans laquelle se développent un réduit, une tourelle en surplomb et une galerie en bois rendant accessibles les pièces au fond de la parcelle (état 3). Les espaces initialement prévus pour une demeure unique sont rapidement cloisonnés à la fin de l’Epoque moderne.
Des remaniements sont enfin effectués aux XIXe et XXe siècles dans l’organisation intérieure du bâti, sans en modifier l’emprise (état 4). Notons l’ajout d’un niveau habitable par l’aménagement des combles et l’apport de confort par l’ajout systématique de cheminées dans toutes les pièces.


Commune : Saint-Etienne

Adresse/lieu-dit : Maison François Ier (1)

Département/Canton : Loire

Année de fouille : 2010

Période principale d'occupation : Moyen Âge,Période moderne

Autres périodes représentées : Epoque contemporaine

Responsable d'opération : Aurélie DEVILLECHAISE

Aménageur : Ville de Saint-Etienne

Raison de l'intervention : Restauration/Réhabilitation d'un bâtiment historique

Type de chantier : Etude du bâti (Fouille préventive)