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Saint-Egrève - Centre Hospitalier Alpes-Isère


Le prieuré Saint-Robert-de-Cornillon a été fondé au début des années 1070 par les comtes d’Albon Guigues II le Gras et son fils Guigues III, qui choisirent l’établissement confié à l’abbaye de la Chaise-Dieu comme lieu de sépulture. Réformé par la congrégation de Saint-Maur entre 1657 et 1660, le monastère est transformé au début du XIXe siècle comme dépôt de mendicité, puis asile d’aliéné et enfin hôpital psychiatrique.
 Les restructurations de ce dernier prévoyant la démolition des derniers vestiges encore en élévation du monastère et la destruction de la totalité de son emprise, une fouille archéologique préventive a été menée en 2016 et 2017 par la société Archeodunum SAS.

 L’intervention a permis de mettre en évidence 8 états de construction, de la fin du XIe au XXe siècle :
État 1, fin du XIe siècle : Quelques structures artisanales (fours à chaux et four à cloche), associés avec un petit bâtiment dont il ne reste que deux maçonneries connexes, pourraient correspondre à des installations de chantier lors de l’implantation du prieuré ;
État 2, fin du XIe-XIIIe siècle : L’ensemble conventuel est construit rapidement, comme ce que suggère la très grande homogénéité des constructions, et adopte un plan bénédictin classique avec l’église flanquée au nord du cloître, le réfectoire et les cuisines occupant l’aile opposée, la salle du chapitre l’aile orientale. Le prieuré se distingue d’une part par un bâtiment quadrangulaire qui structure l’angle sud-ouest du carré claustral, et d’autre part par un corps de bâtiment longé par une galerie construit dans le prolongement de l’aile méridionale, à l’est de l’aile orientale, abritant probablement les infirmeries. Un bief longe le flanc méridional du prieuré ;
État 3, XIVe-milieu XVIIe siècle : d’importants travaux sont effectués, vraisemblablement à la charnière des XIIIe et XIVe siècles, après le probable effondrement du bras nord du transept et du clocher. Les niveaux de sols antérieurs sont entièrement purgés pour laisser place à des sols en mortier de tuileau. Un nouveau corps de bâtiment est construit le long de la façade extérieure de l’aile orientale, abritant vraisemblablement des dépendances dont un probable moulin ;
État 4, seconde moitié du XVIIe siècle : le prieuré est réformé en 1657 par la congrégation de Saint-Maur, qui reconstruit entièrement les bâtiments conventuels, tout en respectant là encore le plan bénédictin traditionnel. L’église est simplement embellie, avec un rehaussement des sols et de nouveaux pavages ;
État 5, XVIIIe siècle : quelques travaux sont réalisés au niveau des bâtiments conventuels, essentiellement pour réorganiser quelques espaces ;
État 6, première moitié du XIXe siècle : Après la Révolution française, les bâtiments sont réaffectés à la création d’un dépôt de mendicité, qui précède celle de l’asile des aliénés départemental. Si la nef de l’église et le cloître sont détruits, l’ensemble des bâtiments est conservé et adapté aux besoin du nouvel établissement. Une nouvelle construction est édifiée sur les fondations de la nef ;
État 7, seconde moitié du XIXe siècle : l’évolution de la psychiatrie hospitalière entraine d’importantes modifications, avec une extension de l’hôpital par la création de plusieurs pavillons destinés aux malades. Le chevet et le transept de l’église sont détruits et remplacés par un pavillon d’entrée, donnant au bâtiment 44 l’aspect qu’il avait avant sa démolition. L’extrémité nord des ailes est et ouest est détruite pour créer des passages ;
État 8, XXe siècle : L’extrémité nord de l’aile ouest est reconstruite et reliée à une extension du bâtiment 44.
 
 Plusieurs espaces funéraires, fonctionnant dès les débuts de la période conventuelle comme le suggèrent les nombreux coffres maçonnés anthropomorphes, ont été circonscrits : l’espace ecclésial, l’espace claustral, le chevet et le parvis. Les espaces situés au chevet et dans le cloître ne sont plus utilisé après la réforme mauriste. Seuls les deux premiers ont fait l’objet d’une fouille quasi-exhaustive :
• Le parvis, qui se caractérise par une importante densité de sépultures, accueille très certainement l’ancien cimetière paroissial. Les niveaux médiévaux ont été atteints mais non fouillés. Ils ont été purgés mécaniquement après la fouille afin de prélever les restes humains en vue d’une réinhumation ;
• L’espace funéraire situé au chevet, dont les zones les plus proches de l’édifice cultuel sont occupées par des rangées régulières de coffres maçonnés anthropomorphes, pourrait correspondre au cimetière monastique. Seule une cinquantaine de sépultures ont été fouillées, sur une estimation de 500 environ. Un changement de projet de la maitrise d’ouvrage a permis de sauvegarder  l’essentiel de cet espace ;
• L’espace ecclésial est peu occupé. Plusieurs sépultures en cercueil occupent les chapelles latérales, ainsi que deux caveaux dont probablement celui de la famille de Sassenage ; Le vaisseau central de la nef accueille plusieurs sépultures, essentiellement de la période moderne et le long des collatéraux ;
• L’espace claustral abrite de très nombreuses sépultures, dont la nécropole comtale aménagée dans l’angle nord-est du cloître et plusieurs caveaux. Seule la galerie méridionale est dépourvue d’inhumations.


Retrouvez ici une actualité détaillant les premiers résultats de l'opération :


Commune : Saint-Egrève

Adresse/lieu-dit : Centre Hospitalier Alpes-Isère

Département/Canton : Isère

Année de fouille : 2017

Période principale d'occupation : Moyen Âge

Autres périodes représentées : Période moderne,Epoque contemporaine

Responsable d'opération : David JOUNEAU

Aménageur : Centre hospitalier Alpes-Isère

Raison de l'intervention : Démolitions des anciens et construction de nouveaux pavillons hospitaliers

Type de chantier : Sédimentaire/Etude du bâti (Fouille préventive)


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