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Autun - 6 Avenue du Morvan


Dans le cadre de l’extension de la Clinique du Parc d’Autun, une fouille archéologique a été réalisée au 6 Avenue du Morvan, de juillet à septembre 2019. Celle-ci a été prescrite par le Service Régional de l’Archéologique de Bourgogne-Franche-Comté et réalisée par la société Archeodunum. Malgré l’exiguïté du terrain et la présence de réseaux qui ont un peu plus contraint l’accès aux vestiges, l’opération a permis de restituer l’évolution d’une partie de la ville antique d’Augustodunum-Autun.


L’emprise explorée en 2019 se trouve encadrée par plusieurs opérations archéologiques : fouilles de la Clinique du Parc en 1989 et 2005, et fouille du nouvel Hôpital en 2001. Ainsi de nombreuses données venaient déjà alimenter les connaissances de ce quartier de l’agglomération. Si la fouille 2019 a permis de confirmer certaines observations et interprétations, elle soulève également quelques interrogations notamment au sujet de l’évacuation des eaux.


Cette intervention a en premier lieu concerné l’extrémité du decumanus D9.  Bien que nos observations aient très probablement été faites sur une partie périphérique de la chaussée, les caractéristiques des premiers états de voirie et des aménagements connexes laissent imaginer la présence d’un axe de circulation de grande envergure dès son installation aux environs du milieu du Ier siècle de notre ère, pouvant être assimilé au decumanus maximus de la ville.  Toutefois, cet axe va rapidement subir des modifications et n’aura de cesse de se rétrécir durant tout le Haut-Empire. L’hypothèse d’un decumanus maximus primitif délaissé au profit des decumani D8 et D10 respectivement dans l’axe des portes Saint-André et Saint-Andoche formulé par Y. Labaune prend alors tout son sens (Labaune, Meylan 2011 : 120-121). Dans le courant du IIIe siècle, cette partie du decumanus sera rognée par des aménagements légers (bâtiments sur sablières ?) pour être progressivement abandonnée.
La zone non construite localisée sur une bande régulière le long de la courtine qui clôt la ville se caractérise par la présence d’une succession de cailloutis semblables à ceux qui composent l’extrémité du decumanus. Ces observations suggèrent que l’espace non aedificandi était également destiné à la circulation. Toutefois, l’absence de radier de fondation et la modestie des revêtements renvoient l’image d’une circulation peu dense et plutôt légère (absence d’ornières). Outre cette fonction d’espace de circulation secondaire, ce secteur remplit également un rôle de zone technique destinée au passage des canalisations et des exutoires des caniveaux et égouts.
À l’image de la rue principale, cet espace est progressivement délaissé dès le début du IIIe siècle, en accueillant notamment de nombreux déchets osseux, témoins des activités de boucherie, de tabletterie et d’extraction de collagène. Si ces éléments indiquent la proximité d’ateliers artisanaux, la spécificité de ces rejets évoquent une gestion raisonnée des déchets, voire d’une collecte ciblée.
Enfin, la fouille du 6 avenue du Morvan a permis de caractériser l’angle SO de l’ilot VIII-IX 3 déjà largement exploré lors de la fouille de 2001. Les niveaux les plus anciens en lien avec l’occupation du Ier siècle de notre ère n’ont pas pu être abordés. Toutefois, l’identification d’une tranchée de récupération recoupant l’ensemble de la stratigraphie antique permet de restituer la façade SO. Au IIIe siècle, l’ilot est reconstruit et les murs se décalent légèrement. Là encore, seules les tranchées de récupération des matériaux ont été identifiées. Des lambeaux de sols, dont certains accueillent des traces de foyers, témoignent de cette phase d’occupation.
La principale découverte réside peut-être dans la singularité des structures hydrauliques. Si celles-ci sont des plus banales, avec des caniveaux, égouts et autres canalisations en bois, c’est leur sens d’écoulement qui pose question. En effet, la topographie générale des lieux et la présence du vallon naturel du ruisseau des Tanneries invitent en toute logique à imaginer un écoulement vers le NO et la rivière de l’Arroux. Or, l’ensemble des structures mises au jour au 6 avenue du Morvan semble aménagé à contre-pente, avec un écoulement en direction du SE. Ces constatations laissent suggérer la présence d’un collecteur à proximité de la Porte Saint-Andoche, assurant l’évacuation des eaux en dehors de la ville.


Conférences :


Bibliographie scientifique :

  • Besson 2022 : BESSON J., « Nouvelles données sur l’extrémité du decumanus D9. La fouille de la Clinique du Parc 2019. Autun (71), 6 avenue du Morvan », Journée d’Actualité Archéologique en Territoire Eduen. Actes de la journée du 22 octobre 2021, Service Archéologique de la Ville d’Autun, p. 47-53.


Commune : Autun

Adresse/lieu-dit : 6 Avenue du Morvan

Département/Canton : Saône-et-Loire

Année de fouille : 2019

Période principale d'occupation : Antiquité

Responsable d'opération : Jérôme BESSON

Aménageur : SAI du Parc

Raison de l'intervention : Extension de la Clinique du Parc

Type de chantier : Sédimentaire (Fouille préventive)