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Gilly-sur-Isère - Zac de la Bévière


La société Archeodunum SAS a réalisé une opération de fouille préventive sur la commune de Gilly-sur-Isère (Savoie, 73), au lieu-dit ZAC de la Bévière, de septembre à novembre 2009. Cette intervention concerne une surface de 7947 m2 et précède la création d’une zone d’habitat de 90 logements avec parkings, voirie et espaces verts. Les parcelles concernées par le projet avaient fait l’objet d’une campagne de sondages de diagnostic menée de septembre à octobre 2008 par A. Bouvier (INRAP, A. Bouvier 2008).
La fouille a permis de mettre au jour un large éventail de vestiges s’échelonnant de la fin de l’âge du Bronze à l’époque moderne.
Les aménagements les plus anciens sont matérialisés par une batterie de six fours à pierres chauffées repartis régulièrement et alignés selon un axe nord-est / sud-ouest. Ils sont conservés sur la quasi-totalité de leur profondeur. Leur modalité d’utilisation n’a pas pu être déterminée si ce n’est vraisemblablement celle d’un fonctionnement par pair. Aucun aménagement associé – exception faite des restes d’un foyer – n’a pu être mis en évidence. La datation de cet ensemble par analyse 14C des restes de charbon a permis d’en déterminer l’aménagement durant la période hallstattienne.
La majorité des vestiges sur le site sont d’époque romaine et se répartissent en trois catégories. Un système d’aqueducs a été reconnu dans la partie ouest de la fouille. Il s’agit de deux amenées d’eau de provenance opposée (est et ouest) convergeant pour se diriger ensuite parallèlement en direction du sud-est. Leur chronologie relative et absolue n’a pas pu être déterminée. Le tracé oriental a été précédemment reconnu  sur plus de 200 m sous l’allée des Jonquilles à l’est de la fouille. Un autre tronçon avait également été dégagé sous le lotissement Charles quelques centaines de mètres en amont. Ils alimentent vraisemblablement les constructions reconnues au sud de la commune dans le secteur de la Rachy ou du Chapitre.
Une grande partie de l’espace décapé a livré un ensemble de quatre bâtiments romains ainsi que des aménagements périphériques liés à des activités rurales. L’ensemble de ces constructions suivent une seule orientation qui ne correspond pas à celle des édifices de la villa du Chef-Lieu, elle-même implantée à un peu plus d’une centaine de mètres de la limite occidentale de la fouille. Le bâtiment 1, adossé au mur délimitant vraisemblablement une partie du domaine agricole de la villa, est le premier édifice bâti sur le site. Sa construction date de la fin du Ier – IIe siècle ap. J.-C. Viennent ensuite les bâtiments 2 et 4, qui sont implantés entre la seconde moitié du IIe s. ap. J.-C. et le début du IIIe s. ap. J.-C. L’abandon de ces trois édifices semble contemporain selon le mobilier céramique et intervient dans le courant du IIIe s. ap. J.-C. Ces dates correspondent à la chronologie de la villa du Chef-Lieu dont la construction est datée du courant du Ier s. ap. J.-C et l’abandon au plus tard de la fin du IVe s. ap. J.-C.. A noter que la villa du Grand Verger – située à quelque centaine de mètres de là – est également abandonnée dans la deuxième moitié du IIIe s. ap. J.-C. Cette période semble donc caractérisée par une phase de désertion relativement généralisée des grands domaines agricoles. La datation du bâtiment 3 n’a pas été possible faute de mobilier, cependant son implantation a cheval sur le mur périphérique présuppose une destruction au moins partielle de celui-ci. Ces datations correspondent également avec celles des dépôts secondaires d’incinération qui se concentrent globalement au IIe s. ap. J.-C. Ces bâtiments regroupent plusieurs fonctions comme la production, l’habitat ainsi que l’artisanat. L’élément le plus marquant étant la présence probable d’un pressoir dans le bâtiment 1.
Les dépôts secondaires d’incinérations se situent à une centaine de mètres de l’habitat. Les huit structures mises au jour semblent faire partie d’une occupation funéraire de l’espace plus étendu dans lequel devait se trouver notamment les bûchers funéraires dont ces dépôts sont issus. Leur datation correspond à celle de l’occupation des bâtiments évoqués ci-dessus et leur lien est fort probable.
Les structures postérieures à la l’époque romaine sont très diverses et couvrent un large spectre, témoignant vraisemblablement d’une occupation humaine plus ou moins continue du territoire de la commune. Des traces ténues d’occupation postérieur au IIIe s. ap. J.-C. sont présentent dans les bâtiments 1 et 2. Dans ce même secteur, cinq tombes à inhumation datées du VII-VIIIe s. sont implantées de manière relativement dispersée. Puis, entre le XIe et le XIIe s., deux fosses à chaux dont la production ne semble pas destinée à la construction mais plutôt à une utilisation agricole ou sanitaire sont implantées dans la cour du bâtiment 1. Finalement, la structure la plus récente est un fossé de délimitation parcellaire qui a pu être identifié sur le cadastre français de 1872.
Les découvertes faites à la ZAC de la Bévière permettent donc de compléter le plan d’occupation, au demeurant déjà relativement dense, de la commune de Gilly-sur-Isère à l’époque romaine. Elles ont permis notamment une exploration plus approfondies des bâtiments annexes à la villa du Chef-Lieu et une meilleure connaissance des tracés des deux aqueducs. Leur origine et leur destination restent cependant encore à préciser.
Concernant la période protohistorique, la mise au jour d’une batterie de fours à pierres chauffées datant du Hallstatt ouvre des perspectives au niveau de l’occupation celtique du territoire qui était jusqu’alors connue uniquement par le truchement de découvertes ponctuelles et laisse supposer la présence d’un habitat encore non reconnu.
Finalement, des découvertes plus modestes échelonnées jusqu’à la période moderne témoignent d’une fréquentation vraisemblablement continue du site ou tout au moins de ses environs au sens large du terme.


Bibliographie scientifique :

  • Julita 2018 : JULITA B., « Unités indépendantes et bâtiments à vocation mixte des IIe et IIIe s. apr. J.-C.un nouvel établissement rural dans l'agglomération de Gilly ? », in SEGARD M. (dir.), Établissements ruraux gallo-romains : quelques études de cas, Goillon : In Folio, pp. 231-244.


Quelques images du site :


Vue d'un des bâtiments de la pars rustica.

Coupe des bassins de décantation liés aux aqueducs ruraux.

Urne cinéraire dans une sépulture à crémation en dépôt secondaire.

Four à chaux en cours de dégagement.


Commune : Gilly-sur-Isère

Adresse/lieu-dit : Zac de la Bévière

Département/Canton : Savoie

Année de fouille : 2009

Période principale d'occupation : Antiquité

Autres périodes représentées : Age du Bronze,Age du Fer,Moyen Âge,Période moderne

Responsable d'opération : Bastien JULITA

Aménageur : Société d'aménagement de la Savoie

Raison de l'intervention : Aménagement de ZA ou ZI

Type de chantier : Sédimentaire (Fouille préventive)