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Chartres - Cathédrale - Transept


L’étude archéologique de la cathédrale de Chartres : les premiers résultats sur les élévations du bras sud du transept

En 2021, la DRAC Centre-Val de Loire a engagé la restauration du transept de Notre-Dame de Chartres. Ce chantier de près de 7 millions d’euros, financé dans le cadre du Plan de relance, s’organise en deux tranches de travaux de 14 mois chacune.
Durant dix semaines, les archéologues ont accompagné le chantier de restauration du bras sud du transept, afin d’apporter de nouveaux éléments de connaissance sur le chantier de construction de la cathédrale médiévale. Les trois travées de 33 m de haut dans œuvre ont fait l’objet d’observations minutieuses, de relevés archéologiques, d’analyses et de photographies. Les archéologues ont aussi pu mener des investigations sur les maçonneries de la travée sud, dont les enduits furent déposés au XIXe siècle, laissant la pierre apparente.

Le chantier de construction

L’étude montre que, pour construire le bras sud, les mêmes pierres calcaires ont été employées que dans le reste de la cathédrale. Elles sont de trois types, pierre de Berchères, calcaire lutécien et calcaire crayeux, choisies pour des raisons économiques et constructives.
Ces pierres sont liées par un mortier de chaux, pour lequel plusieurs recettes ont été utilisées par les maçons au cours du chantier. Dans le bras sud les spécialistes en ont identifié principalement deux, qui se différencient par leur composition : l’un des mélanges utilise du sable orange qui confère une teinte beige-orangé ; l’autre comporte un granulat sablo-gravillonneux et une couleur blanche. Ces changements de mortier permettent de comprendre comment s’est déroulé le chantier et dans quel ordre ont été construits les murs.
La continuité des assises et les découpes des pierres donnent également des indices sur la construction. On s’aperçoit alors que les techniques de mise en œuvre varient en fonction des murs, de la hauteur, des éléments architectoniques (baies, colonnes, voûte). Les bâtisseurs ont dû s’adapter aux contraintes liées aux échafaudages et à l’approvisionnement du chantier, ce qui justifie les particularités observées.

Les tirants en bois

Les archéologues ont mené des analyses sur les tirants visibles dans les voûtes et qui, jusqu’à présent, étaient restés inaccessibles. Dans la travée nord, contre la croisée, ces deux longues pièces de chêne (au moins 7,5 m) ont été scellées dans la voûte au moment de la construction, renforçant ainsi les parties hautes. L’analyse dendrochronologique permet de dater l’abattage de ces bois entre 1210 et 1237. Ces datations sont un apport important quant à la connaissance de la chronologie de construction de la cathédrale.

Le métal, renforts constructifs et réparations

Durant leurs travaux, les archéologues ont remarqué l’omniprésence du métal dissimulé par les constructeurs dans les murs, pour en assurer la cohésion. Ainsi, des tiges métalliques et des agrafes scellées dans du plomb maintiennent entre elles les pierres des colonnes, des garde-corps et des remplages. En plus de ces éléments constructifs, de nombreuses réparations employant du métal ont été réalisées pendant le chantier. L’étude a également permis de documenter des crochets en fer disposés tout autour des roses et qui servaient à fixer des protections temporaires devant les vitraux.

Les décors peints

Les spécialistes ont aussi étudié les enduits qui recouvrent les élévations. Leurs observations sur le transept sud nous renseignent sur le grand chantier de décoration qui clôt la construction de la cathédrale. Ainsi, on apprend que, dans le bras sud, l’enduit beige et son décor de faux-appareil peint en blanc ont été appliqués du nord (croisée) vers le sud (portail).
Moins d’un siècle plus tard, ce décor fut recouvert par un nouvel enduit au motif similaire de faux-appareil blanc sur fond rose-orangé. C’est lors de cette campagne d’ornementation que les clefs de voûte ont reçu leur décor héraldique (Fig. 6). Celui-ci n’a jamais été dissimulé, malgré une grande phase de recouvrement des murs au XVIIIe siècle, à l’aide d’un badigeon de faux-joints rouges.


Bibliographie scientifique :

  • COLLOMB C., « Chartres. Cathédrale Notre-Dame : restauration du bras sud ; premières observations sur les tirants en bois des voûtes. », Bulletin Monumental, 181-2, 2023, pp. 159-162.


Quelques images du site :


Bras nord du transept, avant restauration

Réparation ancienne d'un crochet à l'aide d'une tige métallique

Décor peint du début du XIIIe siècle, faux-appareil

Travail en cours sous les voûtes du transept


Commune : Chartres

Adresse/lieu-dit : Cathédrale - Transept

Département/Canton : Eure-et-Loire

Année de fouille : 2022

Période principale d'occupation : Moyen Âge

Responsable d'opération : Camille COLLOMB

Aménageur : Conservation régionale des Monuments Historiques

Raison de l'intervention : Restauration de l'édifice

Type de chantier : Etude du bâti (Prestation)