Les jardins du Château Bertier

La commune de Pinsaguel est située en Haute-Garonne, au sud de Toulouse. Son centre ancien fut édifié sur une presqu’ile délimitée au nord par la Garonne, à l’ouest par la route qui relie Toulouse à Pamiers, au sud et à l’est par l’Ariège. Au nord-est de celle-ci, du côté de la pointe de la presqu’ile, se situent le château Bertier et ses jardins, sur une langue de terre générée par la confluence. Si le château est inscrit aux Monuments Historiques depuis décembre 1941, les jardins l’ont été un an plus tôt, en janvier 1941. Les deux furent regroupés pour être classés au titre des sites le 13 juin 1989. La mairie de Pinsaguel a fait l’acquisition du château Bertier le 14 octobre 2010. Une Réserve Naturelle Régionale a été créée en juin 2015, sous l’égide de l’association Confluences, dont la commune de Pinsaguel fait partie. En lien avec cette protection, la municipalité a décidé de faire du château Bertier un lieu pédagogique lié à la biodiversité et à la confluence. Elle a ainsi lancé des travaux de mise hors d’eau du château et l’étude des jardins afin de les remettre en valeur, en s’inspirant de ce qui existait au XVIIIe siècle. C’est dans ce cadre qu’une intervention archéologique a été engagée. Cette opération, réalisée sous forme de sondages, répondait aux normes de l’archéologie programmée. En effet, elle était menée à la demande de l’aménageur, sous le contrôle du SRA et en vue d’obtenir des informations sur les éléments hydrauliques (viviers, adduction de la rivière anglaise ou informations sur le pont) des anciens jardins. Ce rapport présente les résultats de cette opération réalisée en 2021 sur les trois sondages situés sur les parcelles (Section AI, parcelles 2, 18 et 21). L’intervention archéologique a été réalisée entre le 02 et le 04 novembre 2021. La demande de sondage acceptée par le Service Régional de l’Archéologie concernait trois creusements d’environ 1 m de large par 2 à 6 m de long. Au total, ce sont 17,5 m² qui ont été sondés.

La synthèse des documents concernant l’histoire du domaine du château Bertier à Pinsaguel, effectuée par Messieurs Pinon et Grateau, a partiellement été étayée par les découvertes faites dans les sondages. Le mobilier mis au jour dans le premier sondage vient corroborer le comblement progressif du vivier d’eau entre le milieu du XIX^e et le début du XX^e siècle. À l’instar de la problématique du vivier, seul un sondage plus long permettrait d’apporter des réponses plus complètes à celle de l’adduction d’eau de la rivière anglaise. Enfin, l’interpolation, entre les données historiques recollées par messieurs Pinon et Grateau et les données archéologiques mises au jour dans le sondage du petit pont, a permis de mieux connaitre sa chronologie, dont l’édification semble relativement concomitante à l’abandon du vivier.

Dans l’ensemble, les sondages archéologiques réalisés dans le cadre du projet de remise en valeur des jardins du Château des Confluences viennent compléter nos connaissances sur une partie de ses aménagements. Les contraintes, liées à l’environnement et à la dimension restreinte des sondages, ont limité la portée de nos constatations. Malgré tout, cette étude a le mérite de proposer des hypothèses dont certaines permettent d’aborder la connaissance du lien entre les cours d’eau qui encadrent cette presqu’ile, les systèmes hydrauliques et l’aménagement des jardins aux temps modernes. De plus, cette intervention archéologique, concentrée sur des phases d’occupations modernes et contemporaines des jardins, atteste encore une fois de l’intérêt grandissant de l’archéologie préventive pour ces périodes. Ainsi, chacun des sondages ouverts vient modestement étoffer notre connaissance des jardins, pour une période allant du XVII^e au début du XX^e siècle, déjà bien renseignée par les travaux de l’archéologie des jardins, initiés à l’extrême fin du XX^e siècle.