Buzet-sur-Baïse - Lagahuzère
La fouille archéologique au lieu-dit Lagahuzère est située sur le territoire de la commune de Buzet-sur-Baïse. L’emprise de fouille d’une surface totale de quatre hectares est circonscrite à l’est par la route départementale D642, la route d’Aiguillon, par le cours de l’Avison au nord et par le chemin de Burrenque au sud. Ce sont 69 faits archéologiques avérés qui ont été mis au jour et plus de 2100 artefacts éparpillés sur presque toute la surface prescrite. Plusieurs bandes vides de mobilier et de structures traversent le terrain d’ouest en est et traduisent la présence de paléochenaux particulièrement actifs. Le mauvais état de conservation général des structures et la très grande quantité de mobilier remobilisé témoignent quant à eux des nombreuses inondations en lien avec des péjorations climatiques saisonnières holocènes qu’a connu cette zone de basse plaine de la Garonne. Ces conditions hydroclimatiques ont joué un rôle important dans l’implantation des groupes humains à cet endroit ainsi que dans la conservation de ces vestiges.
Le Néolithique récent/final est représenté par quelques structures de combustion en bordure occidentale appuyée par une datation par méthode radiocarbone entre 3000 et 2800 avant notre ère. Le mobilier associé est peu abondant avec notamment 44 artefacts lithiques auxquels s’ajoutent deux lames polies dont une hache en sillimanite de taille imposante dont l’approvisionnement semblent se faire dans un rayon de 150 km. Le cœur de l’occupation néolithique se situe juste à l’ouest de la parcelle fouillée.
Plusieurs indices de fréquentation du site concernent la Protohistoire. Elle est essentiellement attestée par la présence de restes céramiques remobilisés. Une fosse et deux « épandages » sont datés du Bronze final, en revanche, aucune datation ne permet de renforcer cette attribution. Le site est aussi fréquenté durant la période laténienne. Plusieurs structures sont datées des IVe et IIIe s. av. n. è. dont une structure de combustion à pierres chauffées assez bien conservées en partie septentrionale du secteur 1. Du mobilier céramique reflète une présente plus tardive sur le site sans qu’il soit possible d’y attribuer des structures. Les formes identifiées sont bien documentées par les nombreux ateliers de potiers fouillés dans le secteur et correspondent à des productions apparaissant au cours du IIe et du Ier siècle avant notre ère.
Une toute aussi discrète présence antique est perceptible dans des mobiliers utilisés en position secondaire dans des éléments d’architecture des fours mérovingiens notamment.
L’occupation du haut Moyen Âge constitue l’occupation la plus importante et la mieux conservée car moins soumise aux aléas taphonomiques. La période mérovingienne voit une densification importante de l’occupation avec la présence d’une quinzaine de fours à coupole excavée associés à des fosses de travail. Ces fours, souvent considérés comme culinaires, sont creusés en sape dans le substrat limoneux depuis la paroi d’une fosse d’accès. Ils présentent une mise en œuvre très homogène et leur utilisation est datée du VIe au VIIe s. par un cortège de datations radiocarbones et par le mobilier associé aux fosses de travail. Du mobilier céramique caractéristique et abondant a été mis au jour dans les niveaux d’utilisation des fosses de travail associées aux fours ainsi qu’un élément de plaque-boucle décoré d’un oiseau stylisé. Des fosses à la fonction indéterminée accompagnent ces fours. Deux d’entre eux ont été découverts encore engagés dans la berme orientale du secteur 2. Le site mérovingien dont l’ampleur totale reste difficile à appréhender s’étend à l’est de l’emprise fouillée et un probable habitat doit se situer immédiatement à l’est, dans la boucle formée par un ancien chenal de la Baïse.
Le site change de vocation et durant l’époque carolingienne, les fours sont abandonnés et comblés au profit de silos pour stocker du grain (de millet notamment), et d’au moins un fossé qui pourrait correspondre à une division parcellaire agricole. Le fossé se poursuit vers l’est au-delà des limites d’emprise. Là aussi le cœur de l’occupation carolingienne se situe hors emprise, vers l’est. Une autre structure à la nature indéterminée et datée du IXe au Xe siècle correspond à une grande aire empierrée de plan vaguement circulaire dont l’interprétation reste délicate : cabane, aire de battage, autre chose ?
Une dernière structure marque une continuité de l’occupation de la zone qui semble se rétracter tout au nord. Il s’agit d’une structure de combustion emplie de blocs calcaires témoignant peut-être d’une activité liée à la production de chaux datée du XIe/XIIe s. à la limite septentrionale du secteur 1. Le site est ensuite abandonné.
Commune : Buzet-sur-Baïse
Adresse/lieu-dit : Lagahuzère
Département/Canton : Lot-et-Garonne
Année de fouille : 2023
Période principale d'occupation : Moyen Âge
Autres périodes représentées : Néolithique,Age du Bronze,Age du Fer
Responsable d'opération : Bruno BOSC-ZANARDO
Aménageur : Société Départementale de Carrières
Raison de l'intervention : Extension de carrière
Type de chantier : Sédimentaire (Fouille préventive)