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Changé - La Coudre - Le hameau des Colibris 2


Le projet de lotissement Le Hameau des Colibris 2 a donné lieu à un diagnostic réalisé en 2019 sur la commune de Changé en Mayenne, au lieu-dit La Coudre. Ce diagnostic a mis en évidence des concentrations de trous de poteau suggérant une occupation rurale dense à proximité immédiate de la rivière Mayenne. L’auteur du diagnostic, Benoît Poisblaud, propose également l’existence d’une voie dès l’époque gauloise aux abords du site pour expliquer ces concentrations de vestiges.

L’opération d’archéologie préventive prescrite sur le site de La Coudre sur une surface de 21100 m² a confirmé les concentrations importantes de trous de poteau et l’absence d’éléments structurants (fossés). Ce sont en effet 1665 trous de poteau qui ont été identifiés et qui sont majoritairement regroupés sur l’emprise au sein de deux concentrations, au sud et à l’est. La conjonction de l’organisation spatiale des structures et des caractéristiques morphologiques de ces trous de poteau a permis de proposer, avec plus ou moins de fiabilité, jusqu’à 208 plans de bâtiments et cinq palissades. Le module porteur majoritaire est à quatre poteaux d’environ 2 à 3 m de côté, sans accès identifié, ni paroi (Type IV.0a).

L’indigence du mobilier mis au jour ne facilite pas le phasage du site. Néanmoins, le recours aux datations radiocarbones sur charbons ou graines et l’organisation spatiale des bâtiments, autorisent à proposer un certain phasage.

Un premier horizon au Néolithique moyen (phase 1) est caractérisé par un bâtiment du type de Beaumont, daté au radiocarbone. Une hypothèse d’un groupe domestique plus étendu suggérerait de lui associer des bâtiments de stockage de type “grenier”.
Un horizon très ténu à l’âge du Bronze (phase 2) est envisagé par la mise au jour d’un mobilier indigent et une datation radiocarbone concernant un trou de poteau d’un bâtiment de type IV.

L’occupation du premier âge du Fer (autour du VIIIe s.-début du Ve s. - phase 3) est un peu mieux définie. Onze bas-fourneaux à la morphologie similaire, à utilisation unique et scorie piégée, la caractérise. Ils témoignent d’une activité artisanale de réduction du minerai de fer et sont datés par des analyses radiocarbones sur charbons issus à la fois du comblement des structures et sur certains piégés dans les scories. En l’état actuel, aucun bâtiment ne peut être associé sans écueil à cette occupation, le seul bâtiment daté par radiocarbone de cette période recoupe un bas fourneau et le risque de pollution est alors extrêmement fort.

Probablement à partir de la fin du premier âge du Fer et durant le début de La Tène (B1/C1 - phase 4a), le site commence à s’organiser, comptant peut-être jusqu’à une dizaine de bâtiments. Dans le sud de l’emprise, ces bâtiments pourraient se distribuer de façon orthonormée autour d’un espace quadrangulaire d’environ 600 m². Les fonctions de ces bâtiments sont délicates à appréhender en l’absence de suffisamment d’éléments mobiliers. Leur typologie semble renvoyer à des unités de stockage (mise au jour de graines carbonisées) et éventuellement domestique, formant alors d’éventuels groupes domestiques.

Vraisemblablement autour de La Tène C2/D1 (phase 4b), le site se densifie considérablement. Il est alors caractérisé par a minima 80 bâtiments, essentiellement de type IV, répartis au sein de deux concentrations, au sud et à l’est. Le module récurrent, l’organisation spatiale et les rares datations autorisent à proposer la mise en place d’une véritable occupation agglomérée et organisée selon des quadrillages orthonormés. Les bâtiments semblent se répartir autour d’un espace dépourvu de bâtiments : une place centrale ? Cette place pourrait être fermée à l’ouest et au nord par une palissade alors que la topographie révèle un pendage accru du terrain correspondant au coteau sud de la vallée de la Mayenne. La typologie architecturale de la plupart des bâtiments de cette phase encourage à les considérer comme des unités de stockage de type “grenier”. Cette hypothèse n’est pas fortement appuyée par la mise au jour de rares carporestes. De surcroît, l’identification sur certains plans de bâtiments d’un cinquième poteau au niveau ou légèrement déportée d’une des façades pourrait marquer un aménagement annexe, comme par exemple un poteau d’huisserie autorisant l’accès de plain-pied à l’édifice et ouvrant sur des perspectives fonctionnelles au moins supplémentaires (annexe, boutique...). L’hypothèse privilégiée pour cette phase 4a reste néanmoins celle d’un site de stockage céréalier massif. La localisation du site à proximité de la Mayenne et de la possible voie reliant Le Mans à Corseul (non identifiée sur l’emprise) sont deux éléments logistiques appuyant ce choix d’implantation. Le site semblant s’étendre à l’est de l’emprise pourrait également être directement associé à un secteur d’habitat se développant sur le promontoire encore non exploré. Cela dit, les capacités importantes de stockage du site de La Coudre et les comparaisons encouragent malgré tout l’hypothèse d’un commerce extérieur, par exemple avec les oppida aux abords de la Mayenne de Moulay et d’Entrammes - Port Salut respectivement au nord et au sud de Changé.

Le site ne semble pas réinvesti avant l’époque contemporaine pour la mise en place du parcellaire, encore visible sur le cadastre napoléonien.


Revue de presse :


Commune : Changé

Adresse/lieu-dit : La Coudre - Le hameau des Colibris 2

Département/Canton : Mayenne

Année de fouille : 2021

Période principale d'occupation : Age du Fer

Autres périodes représentées : Néolithique

Responsable d'opération : Jimmy MENAGER

Aménageur : STA

Raison de l'intervention : Construction d'un lotissement

Type de chantier : Sédimentaire (Fouille préventive)