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Digoin - Secteur Vollat


Préalablement à une requalification de l’espace public, une opération d’évaluation archéologique a été réalisée par la société Archeodunum du 14 au 23 avril 2025 et qui a mobilisé une équipe de trois archéologues accompagnés d’un conducteur de pelle. Cette opération avait pour objectif de sonder, à hauteur de 10 %, l’emprise concernée par les travaux, s’étendant sur une surface de 2300 m² afin de mettre en évidence la présence de potentiels vestiges. Cette emprise prend en compte la route actuelle que nous avons délibérément exclue pour des raisons de praticité (accès aux pompiers et forte présence de réseaux souterrains).

Le cahier des charges inclut une cote de fond minimale à atteindre, au-delà de laquelle les vestiges ne subiront aucun impact. Ainsi, nous avons réalisé sept sondages dont la profondeur maximale était de 1,50 m, atteignant une surface de 285,10 m², soit un peu plus de 12 % de la surface globale. 

Des vestiges de différentes natures ont été mis au jour. Il est possible de subdiviser l’emprise en trois zones distinctes. A l’ouest, le sondage effectué au plus proche de l’église a révélé la présence d’un cimetière composé de sépultures à inhumation en pleine terre, datant de la fin de l’époque carolingienne ainsi qu’une structure qui s’apparente à une réduction. Seules quatre ont pu être traitées dans le temps imparti. 

Deux d’entre elles, orientées selon un axe nord-sud, renfermaient des individus adultes, alors que deux autres, orientées selon un axe est-ouest, renfermaient des immatures. Au sein de ces sépultures, aucun élément de mobilier n’a pu être mis au jour, c’est pourquoi des analyses radiocarbones ont été engagées qui ont permis de calibrer une datation située entre la fin du IXe et la fin du Xe siècle.

Les deux sondages suivants ont livré des vestiges appartenant à des bâtiments issus des périodes plus récentes. En effet, la quasi-totalité des maçonneries observées apparaissent sur les cadastres de 1809 et 1840. Un mur plus récent, construit en béton, est associé à un niveau de voie en galets pourvu d’une bordure également en galets, mais posés de chant. Certaines maçonneries n’apparaissent pas sur les cadastres du XIXe siècle. Elles peuvent être, soit antérieures, mais toujours dans des périodes récentes, considérant le recouvrement relativement faible, soit il s’agit d’aménagements internes aux bâtiments qui ne sont pas représentés sur les différents cadastres. Au milieu du XXe siècle, au moment de la mise en place de la salle de sport, des constructions antérieures ont été détruites et de grandes fosses détritiques ont été creusées pour y accueillir les déchets de démolition. Ces grandes fosses dont la taille semble relativement importante, sont très profondes, dépassant la cote de fond fixée par le cahier des charges. 

Enfin, toute la partie orientale de l’emprise, non perturbée par des installations modernes, voire contemporaines, a dévoilé l’existence d’une occupation carolingienne. Elles se manifestent sous la forme de structures en creux : trous de poteau et fosses, toutes directement implantées dans le terrain naturel à une profondeur moyenne située entre 1,20 m et 1,40 m sous le niveau de sol actuel. N’ayant pas livré d’éléments de mobilier datant, une analyse radiocarbone a été effectuée sur un charbon, issu d’un trou de poteau, qui a révélé une datation calibrée entre la fin du VIIIe et le début du IXe siècle.

Par conséquent, cette opération a permis de constater la présence de différents vestiges attestant une occupation du centre de Digoin sur la longue durée. Toutefois, un hiatus comprenant le Moyen âge central et le Moyen Âge tardif est remarquable. Il est possible que l’occupation se soit déplacée hors de l’emprise qui reste somme toute assez restreinte. 

De plus, uniquement deux structures sont supposées antérieures à l’époque carolingienne car elles ont livré des fragments de tegulae dans le comblement, toutefois à interpréter avec prudence. Quelques autres fragments de tegulae épars, retrouvés dans les premiers niveaux de recouvrement, peuvent témoigner d’une potentielle occupation antique dans les alentours.


Commune : Digoin

Adresse/lieu-dit : Secteur Vollat

Département/Canton : Saône-et-Loire

Année de fouille : 2025

Période principale d'occupation : Moyen Âge

Autres périodes représentées : Antiquité

Responsable d'opération : Maud LABALME

Aménageur : Mairie de Digoin

Raison de l'intervention : Requalification de l'espace public

Type de chantier : Sédimentaire (Fouille préventive)