Dans le cadre des travaux de modification du sous-sol prévus au chemin des Sablons 12 (parcelle 4254) à Lausanne, une opération de fouille archéologique préventive a été prescrite par la Division Archéologie cantonale (DEIEP-DGIP-DAP) en raison de la situation de cette parcelle dans la région archéologique n° 132 / 301 (vicus de Lousonna). Lors de la construction de la maison au début des années 1950, des segments de murs d’époque romaine ont été topographiés, sans autre indication ou précision. 

La petite surface investiguée (12.5 m²) a permis de documenter trois phases principales d’occupation ainsi qu’une fréquentation précoce de la zone. Les vestiges les plus récents considèrent les fondations de plusieurs maçonneries (M1, M3 et M4) datés par terminus post quem de la période claudio-néronienne. Les murs M3 et M4 sont édifiés parallèlement au decumanus nord de l’agglomération. Il s’agit très probablement des fondations de murets matérialisant la limite méridionale du portique de l’édifice. Quant au mur M1, de facture plus massive, il est interprété comme les fondations d’un mur porteur (mur de façade ?) orienté nord-est / sud-ouest. Au sud des maçonneries M3 et M4, on observe la présence de niveaux de graviers compactés témoignant de la succession des niveaux de circulation du portique ou des accotements de la voirie.  

Un petit atelier de forge constitué d’un foyer, d’aménagements annexes (fosses de rejet et structures en creux) et d’une aire de rejet très riche en fragments scorifiés ferreux (calottes, coulures) et en battitures ont pu être mis au jour. Cet ensemble de vestiges constitue la deuxième phase d’occupation et permet d’attester d’une activité métallurgique sur cette zone durant la période tibérienne. L’orientation de ces aménagements apparaît identique à celle de la phase postérieure. Scellés par les niveaux d’installation de l’atelier de forge, des traces de fréquentation plus anciennes ont pu être mises en évidence grâce au mobilier céramique précoce datant de période augustéenne finale. Ces niveaux se développent au sommet des sables roux, préservés sur une épaisseur de 0.15 à 0.20 m. Ces couches paraissent être en lien avec les vestiges de deux solins mal préservés permettant d’attester d’une orientation déjà déterminée par la grande proximité du decumanus nord de l’agglomération antique. 

L’orientation des murs ainsi que le petit atelier de forge documentés lors de cette intervention montrent que cette parcelle, bien que située en périphérie de l’agglomération, est intégrée dans la trame urbaine de Lousonna dès les premières traces d’aménagements. La proximité directe d’une des rues principales du vicus (decumanus nord situé à l’angle sud-ouest de la parcelle) desservant la localité sur un axe est-ouest a déterminé la disposition des aménagements mis au jour sur cette petite zone. Malgré la modestie de la surface investiguée, les résultats obtenus sont intéressants pour la compréhension du développement de la trame urbaine de ce secteur périphérique relativement peu connu, mais également concernant la fonction artisanale de cette zone attestée durant la deuxième phase d’occupation.