Montbard - Rues
Le chantier du réaménagement des rues de la ville de Montbard s’est déroulé entre le 14 février 2022 et le 27 octobre 2023. Le projet initial visait à la documentation d’éventuels vestiges impactés par la mise aux normes de réseaux sur près de 750 mètres linéaires ainsi que 17 fosses de plantation. L’emprise s’étendait ainsi de la rue Edmé Piot jusqu’à la rue du Parc de l’Orangerie, via le passage des Bardes, la rue Benjamin Guérard, la rue de la Liberté et la rue Eugène Guillaume. Le projet a été rapidement remodelé, notamment le volet lié aux fosses de plantation ; non seulement leur nombre a été réduit au profit du maintient d’un maximum de places de stationnement, mais la densité en réseaux sensibles caractérisée dès le début de l’intervention a obligé la maîtrise d’œuvre à favoriser la pose de bacs hors sol, dont l’impact était nul.
L’intervention archéologique a été divisée en trois secteurs selon la chronologie d’intervention. Ainsi, le secteur 1 concernait la rue Edmé Piot, ainsi que le passage des Bardes sur lequel l’intervention a été anticipée par les ouvriers. Le secteur 2 concerne la rue Benjamin Guérard et la rue de la Liberté, tandis que le secteur 3 couvre la rue du Parc de l’Orangerie et la rue Eugène Guillaume. Chacun était subdivisé en plusieurs zones relatives à la sensibilité archéologique auxquelles elles étaient sujettes. Cette classification a été opérée d’après l’étude documentaire réalisée par Cécile Rivals, qui a permis de saisir les espaces où se situaient potentiellement des aménagements, notamment les portes des bourgs et faubourgs. De même, la rue du parc de l’orangerie, dont la partie amont avait jusque là peu été impactée, était classée comme zone moyennement à fortement sensible.
Le suivi a mobilisé, au cours de plusieurs interventions ponctuelles, une équipe de deux archéologues. Les zones à sensibilité faible (jonction de la rue Edmé Piot avec la rue Benjamin Guérard, passage des bardes, rue Benjamin Guérard et rue Eugène Guillaume) ont fait l’objet d’un passage pour confirmer leur statut. Ces espaces se sont avérés en grande partie perturbés par des réseaux récents et n’ont pas fait l’objet de plus amples investigations, aucune structure ni niveau sédimentaire en place n’ayant alors été identifié. Les zones à sensibilité moyenne (partie aval de la rue Edmé Piot, partie méridionale de la rue du parc de l’orangerie) ont fait l’objet de suivis ponctuels, souvent au gré des réunions de chantiers, ou plus fréquemment lorsque ces dernières étaient en inadéquations avec le calendrier opérationnel. Ces interventions n’ont cependant illustré aucun aménagement spécifique puisqu’ils concernaient presque exclusivement des creusements à l’emplacement de réseaux plus anciens. Les zones à forte sensibilité (partie amont de la rue Edmé Piot, rue de la liberté et partie amont de la rue du parc de l’orangerie) ont été sujettes à un suivi exhaustif. Les vestiges mis au jour présentent cependant des qualités variables et sont parfois fortement impactés par les réseaux anciens, notamment dans la rue de la liberté, où, malgré des affouillements profonds, les structures et niveaux en place étaient rares du fait de la densité des réseaux anciens.
Les vestiges mis au jour dans la rue Edmé Piot correspondent à deux états d’égouts contemporains, dont le plus ancien semble fonctionner avec le précédent état de voirie pavée, partiellement conservée. La présence d’inscriptions relatives à l’édification des demeures voisines semble plaider en faveur d’une installation au cours de la seconde moitié du XVIIIe siècle. Le second état, encore en fonctionnement est plus récent et correspond à la mise en place des niveaux de circulation en enrobé bitumineux, associés à la seconde moitié du XXe siècle. La suspicion d’un système de fortification englobant le faubourg, si elle existe, n’a pas laissé de traces matérielles dans l’emprise de fouille.
Le secteur 2 s’est avéré particulièrement perturbé. La rue Benjamin Guérard a fait l’objet d’importants remaniements liés aux réseaux électrique, gaz et fibre optique qui ont entraîné la destruction intégrale des niveaux en place dans l’emprise des travaux. Plus en aval, au niveau de l’intersection de la rue de la liberté avec la rue des fossés, seul un égout contemporain a été caractérisé. Ce n’est qu’à l’extrémité septentrionale de la zone à sensibilité forte, à proximité de la place Jacques Garcia, où une maçonnerie forte, large de 1,40 m, partiellement constituée de terrain naturel calcaire est visible en coupe occidentale et pourrait présenter un axe général est/ouest. Celle-ci, du fait de sa mise en œuvre et de sa largeur, correspond au tronçon d’enceinte mis au jour lors de la fouille située dans le parc de l’orangerie et pourrait donc bénéficier de la même interprétation. Ses premières mentions remontent à la seconde moitié du XIVe siècle. Une seconde maçonnerie, cette fois d’orientation nord/sud apparaît dans la coupe voisine, mais seul son parement occidental nous est rendu visible. L’emplacement, l’orientation et la puissance de la première pourrait coïncider avec la présence d’une fortification du bourg, dont le tracé supposé serait alors confirmé. En l’état des recherches, il est impossible de déterminer si la maçonnerie voisine correspond à un système de porte ou des aménagements domestiques.
Enfin, les travaux de la rue du parc de l’orangerie, dans leur partie méridionale, n’ont eu qu’un faible impact en profondeur et n’ont remanié que les niveaux de voirie contemporains. Ceux réalisés dans la partie septentrionale, en revanche, n’ont pas fait l’objet de suivi archéologique en raison d’un non-respect du calendrier opérationnel et l’absence de communication quant à leur réalisation. Aussi, le Service Régional de l’Archéologie a opté pour la réalisation de deux sondages d’évaluation à l’emplacement initial des fosses de plantation situées en amont. Si le premier sondage, situé à mi-pente, s’est avéré négatif dans la limite de profondeur imposée par les conditions de sécurité, celui au nord a livré un ensemble de trois maçonneries. La plus ancienne présente un axe identique à celui de celle observées lors de la fouille du parc de l’orangerie, avec un axe globalement nord/sud. Cet état serait à mettre en lien avec l’ilot d’habitation associé à la fin du Moyen Âge L’état postérieur, caractérisé par deux murs formant un angle apparaît également cohérent avec l’axe de certaines structures situées dans le parc, ainsi que la voirie actuelle. Cet état apparaît alors cohérent avec les vestiges de l’orangerie, mais aucune structure n’est représentée à cet emplacement dans les plans de celle-ci, ce qui tendrait à les associer au début de l’époque moderne.
Commune : Montbard
Adresse/lieu-dit : Rues
Département/Canton : Côte-d'Or
Année de fouille : 2022-2023
Période principale d'occupation : Moyen Âge,Période moderne,Epoque contemporaine
Responsable d'opération : Clément TOURNIER
Aménageur : Ville de Montbard
Raison de l'intervention : Réaménagement de rues
Type de chantier : Sédimentaire (Suivi de travaux)