Une fouille préventive réalisée en 2022 sur les hauteurs de la commune de Rolle a mis au jour un site d’habitat multiphasé, hors de toute région archéologique répertoriée. Cette intervention, conduite sur un périmètre de 3309 m², s’inscrit dans le cadre d’un projet de construction lié au développement du quartier « Gare Nord – Schenk ». Elle a livré 1116 structures (avérées et probables) dont la majorité est associée à une couche archéologique (paléosol), qui se développe au sommet du terrain naturel.

Cette occupation est principalement matérialisée par des trous de poteaux et des fosses, ainsi que par des fossés drainants postérieurs. Les structures en creux témoignent de la présence d’édifices en matériaux périssables, probablement réaménagés et reconstruits au fil du temps. Le contexte érosif du site et la concentration importante des vestiges rendent l’organisation spatiale difficile à restituer. Faute d’un mobilier abondant et précisément daté, ce sont les résultats d’analyses radiocarbones qui livrent l’essentiel des informations chronologiques. Elles déterminent une large période d’occupation pré- et protohistorique comprise entre le 6^e et le 1^er millénaire av. notre ère, avec comme étapes principales, le Néolithique moyen I/II et le Néolithique récent. Deux pièces issues de l’industrie lithique (trapèze et outil sur lame) font même remonter la première fréquentation du secteur au Mésolithique récent, période également identifiée par une analyse radiométrique. Le décapage mécanisé du paléosol, réalisé avec un carroyage en « UD », n’a livré qu’une quantité infime de mobilier céramique en mauvais état de conservation. Ce matériel ne permet pas de caractériser les activités en lien avec cette occupation, mais il livre tout de même des marqueurs du Néolithique et de l’âge du Bronze. 

Cette fouille permet d’ajouter un jalon aux connaissances archéologiques des périodes pré- et protohistoriques dans un secteur où seuls les sites littoraux de Fleur d’Eau et de La Harpe datés du Bronze final étaient connus. Régionalement, il s’inscrit dans le même registre que celui d’Eysins-Les Vaux, dont la première fréquentation est attestée au Néolithique moyen.