Ternay - Prieuré
Le prieuré Saint-Pierre de Ternay se compose de l’église Saint-Mayol, bien visible au-dessus du Rhône avec son clocher en briques, au sud de laquelle se développent trois corps de bâtiment encadrant l’ancien cloître. Le prieuré est implanté au plus tard au Xe siècle, mais l’église, qui a fait l’objet d’une récente étude archéologique (Collomb 2025), a été reconstruite à l’époque romane. Cette église, aujourd’hui paroissiale, est inscrite au titre des Monuments historiques depuis 1950 ainsi que des vestiges d’arcatures visibles dans le mur ouest du cloître et que deux cheminées monumentales conservées dans l’aile sud. En 2024, la municipalité de Ternay a entrepris une campagne de restauration des façades extérieures des bâtiments conventuels ouest et sud du cloître. C’est dans ce contexte que l’équipe d’Archeodunum est intervenue, entre mars et avril 2024, en trois sessions. Cette étude se place dans la continuité de nombreux travaux historiques et universitaires, témoignant de l’intérêt porté au prieuré de Ternay depuis le XIXe siècle. L’approche archéologique, privilégiant l’étude des maçonneries et de la construction, apporte de nouveaux éléments de connaissance sur l’histoire du site. L’intervention était limitée aux extérieurs et fut seulement complétée par quelques sondages à l’intérieur, néanmoins l’étude des quatre façades concernées par les travaux de restauration permet de proposer une réflexion d’ensemble quant à l’organisation du prieuré depuis l’époque médiévale.
Les vestiges du prieuré médiéval
Dans les façades étudiées, les maçonneries antérieures au XVe siècle sont peu conservées, mais leur lecture donne malgré tout quelques informations quant à la configuration du prieuré médiéval. Ces maçonneries anciennes se caractérisent toujours par un mortier dont la charge est sablo-gravillonneuse, puis ce type de granulométrie disparaît presque systématiquement des mortiers des phases plus récentes. Une charge gravillonneuse aux grains roulés, identique à celle des murs du prieuré, a notamment été utilisée pour construire les parties orientales de l’église romane des XIe-XIIe siècles, comme l’a montrée la récente étude archéologique de ces élévations. On constate donc, à l’échelle du site, une tendance dans l’utilisation de ce granulat grossier pour les mortiers anciens, pratique généralement abandonnée à partir du XVe siècle au profit de l’utilisation majoritaire de sables.
Dans le mur ouest, on a identifié trois maçonneries antérieures au XVe siècle, qui témoignent du fait qu’à cette époque l’aile ouest s’élevait déjà sur deux niveaux, un rez-de-chaussée et un étage. Il en était visiblement de même pour le mur sud, comme l’attestent les rares vestiges anciens conservés dans cette façade. L’étude a également révélé qu’un bâtiment avait disparu à l’ouest. Celui-ci était accolé contre la façade de l’aile ouest, comme en témoignent les vestiges d’une cheminée qui a été démontée par la suite, sans doute lorsque ce bâtiment fut supprimé.
Les transformations du prieuré à la fin du Moyen Âge (XVe siècle)
À la fin Moyen Âge, le prieuré est marqué par la reconstruction de l’angle sud-ouest des bâtiments conventuels et du mur ouest du cloître. Effectivement, ce dernier révèle l’emplacement de la galerie rebâtie à la fin du XVe siècle. Celle-ci se caractérise par des colonnes sculptées caractéristiques de l’époque romane, qui ont été remployées pour soutenir des arcs surbaissés. Ces derniers apparaissent en effet dans l’architecture régionale à la fin du Moyen Âge. Pour recevoir des arcs de la dimension voulue, les colonnes ont très probablement été déplacées.
Cette phase de reconstruction du prieuré, initiée par les prieurs Guillaume et Jean de Poisieu qui ont inséré leur blason à plusieurs reprises dans les murs, semble assez conséquente. Ces travaux ont contribué à l’installation d’aménagements de confort dans les bâtiments conventuels. En témoignent les grandes baies à meneau et traverse ouvragées que l’on a retrouvées dans les façades de l’ensemble sud-ouest, la baie à coussièges du mur ouest du cloître, mais aussi les deux grandes cheminées sculptées qui se trouvent dans les murs de refend de l’aile sud. Leurs ornements permettent effectivement de les dater de la fin du Moyen Âge ou du début de l’époque moderne.
Les modifications de la fin de l’époque moderne à nos jours
Il semblerait qu’à l’époque moderne il n’y ait pas eu de chantier de réaménagement d’importance. Cette constatation va de pair avec les textes qui mentionnent l’état de délabrement avancé dans lequel se trouve le prieuré au début du XVIIIe siècle. Cela fait sans doute quelques années que les bâtiments sont peu entretenus. L’étude archéologique a montré que les maçonneries anciennes des façades extérieures avaient été très reprises, surtout au sud, mais ces modifications sont visiblement intervenues au XIXe siècle. En ce qui concerne la façade ouest, les modifications effectuées dans les maçonneries anciennes se manifestent par le percement et le bouchage d’ouvertures. Dans le cloître, l’extension de l’aile sud vers le nord a également été réalisée récemment, comme en témoignent ses relations stratigraphiques avec les murs étudiés. De même, l’ensemble sud-ouest a fait l’objet d’une reprise sur toute sa hauteur au niveau de l’angle saillant au sud-ouest. Celui-ci a été coupé et une maçonnerie a été reconstruite sur 3 m de large entre les façades sud et ouest des bâtiments conventuels.
Commune : Ternay
Adresse/lieu-dit : Prieuré
Département/Canton : Rhône
Année de fouille : 2024
Période principale d'occupation : Moyen Âge,Période moderne
Responsable d'opération : Camille COLLOMB
Aménageur : Ville de Ternay
Raison de l'intervention : Restauration et réhabilitation des bâtiments conventuels
Type de chantier : Etude du bâti (Fouille préventive)