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Plénée-Jugon - Carrière Gouviard- Les Champs Margareu


Le site de la « Carrière Gouviard » est localisé dans le nord des Côtes d’Armor, à environ 30 km au sud de la côte de Penthièvre. La zone est connue grâce aux différentes campagnes de prospections aériennes et pédestres réalisées depuis les années 1980. En effet, de nombreuses traces de sites ont été identifiées dont des enclos fossoyés. La prescription de fouille fait suite à une campagne de diagnostic qui a eu lieu en 2012 (Hamon 2012). Elle a concerné les terrains à l’ouest, au nord et au nord-ouest de l’actuel site de la carrière de Gouviard.

Le projet d’extension de la carrière, dans une zone à fort potentiel archéologique, a permis de découvrir une série de sites d’époque historique et protohistorique. Au lieu-dit les « Champ Margareu », une occupation du second âge du Fer a été découverte et caractérisée d’habitat à enclos fossoyé. Le potentiel du site a conduit à la prescription d’une fouille pour la sauvegarde des vestiges. L’état de conservation du site était remarquable dans la partie basse du terrain où une épaisse couche de colluvion a permis de protéger les aménagements en creux. Il faut signaler l’absence de niveaux de sol ce qui peut être en partie imputé aux caractères spécifiques des sols de Bretagne. De plus, la partie haute du terrain a été fortement arasée suite aux phénomènes météoriques.


L’établissement découvert à la carrière de Gouviard couvre une surface d’environ 3000 m2. Il faut préciser que l’emprise de fouille ne concerne pas l’ensemble de l’occupation. En effet, la partie ouest a été complètement détruite lors d’une ancienne extension de la carrière. Toutefois, la partie nord-ouest est encore conservée dans une zone mise en maraîchage .La fouille a permis de distinguer au moins deux grandes phases d’aménagements au sein d’enclos fossoyés. La fondation du site a lieu au cours du IIIe siècle av. J.-C. et semble perdurer jusqu’à la première moitié du Ier siècle av. J.-C. Le mobilier se caractérise par un corpus assez pauvre qui ne permet que rarement la datation de certaines structures. La première phase est matérialisée par un bâtiment à deux nefs et une série de dépendances dont un grenier surélevé, probablement une palissade et un souterrain. Ces éléments sont localisés à l’intérieur d’un enclos fossoyé doublé d’un talus interne avec un porche d’entrée. L’absence d’horizon commun n’a pas permis d’établir une chronologie précise entre ces structures. La périphérie est de l’établissement est desservie par deux chemins matérialisés par des fossés bordiers qui forment un carrefour au niveau de l’entrée du site et qui datent probablement du début de l’occupation.
La deuxième phase est identifiée par de grands aménagements qui réorganisent en partie le site. Un nouveau bâtiment à poteaux jointifs semble succéder au bâtiment à deux nefs. Encore une fois, l’absence de relation physique directe ne permet pas de savoir quand la mise en place du nouveau bâtiment a lieu par rapport à celui à deux nefs. L’espace interne est pourvu d’un enclos avec un nouveau porche dans le même axe que le précédent. Au cours de cette période, le bâtiment à poteaux jointifs est remplacé par un bâtiment à parois rejetées.
Dans la partie haute du terrain (au sud), deux annexes de type grenier se succèdent dans le temps. L’absence de contact direct et de mobilier n’a pas permis d’établir la chronologie de leur mise en place. C’est le cas de nombreux aménagements, comme les deux structures à combustion ou encore une concentration de fosses et de trous de poteaux localisée à proximité du souterrain. En périphérie du site, deux autres états d’aménagement des chemins ont été identifiés. Un second état semble correspondre soit à la fin de l’occupation, soit au post-abandon du site. Le troisième et dernier état des voies est clairement daté après l’abandon de l’établissement grâce à quelques tessons de céramiques (entre le Ier et le IIe siècle ap. J.-C.). Il démontre ainsi une continuité dans la gestion du secteur.

Le mobilier ramassé est constitué principalement d’éléments de mouture (moulins va-et-vient et rotatif), de tessons de céramiques et de fragments de terres cuites (plaques foyères et torchis). Il faut ajouter à cela quelques déchets d’activité de forge (scories de fer), avec une probable enclume. Les vestiges en métal sont généralement classés dans la catégorie indéterminée à l’exception des fragments probables d’une serpe, de deux plaques rivetés, d’une tenture et d’une pendeloque. Les analyses paléo-environnementales ont permis d’apporter quelques indices quant à la couverture végétale proche du site. En effet, la zone se caractérise par des espaces peu boisés avec une prédominance de zones ouvertes susceptibles d’abriter des activités agropastorales. Dans l’état actuel des données, il est possible de caractériser l’établissement comme un habitat abritant une population aux activités de type agropastorale. Ce type d’implantation est bien connu dans la région et sur le territoire national. L’abandon du site à la fin de la première moitié du Ier siècle av. J.-C. semble concorder avec la mutation de l’occupation du territoire en Gaule au cours de ce siècle.


Commune : Plénée-Jugon

Adresse/lieu-dit : Carrière Gouviard- Les Champs Margareu

Département/Canton : Côtes-d'Armor

Année de fouille : 2014

Période principale d'occupation : Age du Fer

Responsable d'opération : Mohamed SASSI

Aménageur : SAS Carrières de Gouviard

Raison de l'intervention : Aménagement de carrière

Type de chantier : Sédimentaire (Fouille préventive)