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Sérézin-du-Rhône - 13 rue de la Sarrazinière


L’opération menée au 13 rue de la Sarrazinière a confirmé la présence d’une grande villa de prestige dont l’existence était supposée depuis le XIXe siècle. L’établissement est situé en rive gauche du Rhône, non loin du compendium reliant Vienna et Lugdunum. Il est par ailleurs situé à mi-chemin entre les deux colonies et occupe ainsi une position privilégiée.


La fouille occupe une emprise de 1250 m² répartie à flanc de colline et donc en rupture de pente, c’est pourquoi les vestiges situés dans la moitié ouest de l’emprise ont totalement disparu sous l’effet de l’érosion. Les vestiges restants ont conservé des sols maçonnés dont des mosaïques, les maçonneries se limitant à quelques assises d’élévation. Le plan reconnu a permis d’identifier la partie occidentale d’une villa ayant subi plusieurs remaniements au cours de sa fréquentation mais sans changer le plan général qui est adopté et conservé dès son implantation.

Le site est occupé entre le Ier s. et le IIIe s., une occupation augustéenne n’étant pas à exclure. La fiabilité des premiers états de construction est toutefois relative. Effectivement, les sols et niveaux d’occupation/démolition ont été systématiquement spoliés jusqu’au dernier état de construction. Ainsi, le mobilier demeure essentiellement dans les niveaux d’abandon de la villa. La datation des premiers états est proposée en fonction de caractéristiques et du mobilier architecturaux.
L’implantation de la villa semble intervenir au cours du Ier s., sans exclure la possibilité d’un noyau primitif augustéen situé en dehors de l’emprise. Elle se munit d’un large portique à colonnade en U dont la partie centrale est formée d’un arc-de-cercle ouvrant sur le Rhône. Cet espace délimite une vaste cour/jardin d’au moins 370 m² occupée, contre la partie centrale du portique, d’un espace quadrangulaire pouvant matérialiser un petit balcon. Le portique est desservi par un vestibule d’une même largeur (4,50 m) et dont l’extrémité orientale donne, hors de l’emprise, sur le reste de la villa. Des pièces de différentes tailles et formes se répartissent à l’arrière du portique et autour du vestibule. Le programme décoratif est suggéré par la découverte d’antéfixes, datées avec précaution de la première moitié du Ier s., dans les niveaux d’abandon du portique ainsi que d’enduits peints bleu égyptien (parmi d’autres pigments et motifs) réutilisés en agrégat dans les sols de l’état postérieur.

Entre la fin du Ier s. et le IIe s., la villa subit quelques changements d’importance sans toutefois modifier son aspect originel. Les pièces latérales sont redéfinies, on constate notamment la mise en place de probables piliers engagés à l’entrée des pièces donnant sur le vestibule. Le point d’honneur est mis sur le réseau hydraulique de l’établissement. Un imposant égout collecteur de 1,70 m de large pour 1,45 m de haut est installé dans l’axe général de la villa. Il est adjoint de différents conduits secondaires d’évacuation des eaux ainsi que de conduites forcées débouchant dans la cour/jardin, à l’emplacement de probables fontaines. Ce vaste chantier s’accompagne d’une reprise du décor du portique. La colonnade est revue avec la mise en place de dalles de schiste donnant l’effet visuel d’un stylobate et s’insérant, au niveau de la cour/jardin, dans des plinthes en calcaire. Les colonnes sont stuquées et composées de rudentures. La bichromie du stylobate fait écho à la mise en place d’une mosaïque simple constituée de cabochons. Une seconde mosaïque, située dans une des pièces latérales, est rattachée à cet état.

Le plan qui nous est parvenu est à rattacher au début du IIIe s. Les pièces latérales sont de nouveau réorganisées. Celles donnant sur le vestibule sont munies de sols de béton contrairement aux deux espaces consécutifs adjoints de mosaïques bichromes à champ unique. Les aménagements hydrauliques sont modifiés et une partie du stylobate semble caduque. Effectivement, contre la branche nord du portique, dans la cour/jardin, deux maçonneries sont mises en place sans qu’il soit possible de reconnaitre leur rôle. Un système de support pour la récupération d’eaux de pluie est à envisager.

La villa conserve alors ce plan général jusqu’à son abandon, seuls quelques aménagements épars sont constatés. Ceux-ci semblent intervenir peu de temps après, au cours de la première moitié du IIIe s. On constate des bouchages d’ouvertures, de nouveaux aménagements hydrauliques, dont une reprise complète de l’égout collecteur dans la cour/jardin ainsi qu’une dernière reprise de la colonnade impliquant une spoliation des maçonneries installées au cours de l’état précédent. Cette reprise se distingue par une perte de qualité malgré une fréquentation toujours assidue.

La villa est abandonnée au milieu du IIIe s. suite à un incendie dont les traces demeurent relativement ténues. Elle ne semble pas réoccupée, tout du moins dans cette partie de l’établissement, et fait l’objet d’une récupération intense de ses matériaux.


Retrouvez ici une actualité détaillant les premiers résultats de l'opération :


Bibliographie scientifique :


Commune : Sérézin-du-Rhône

Adresse/lieu-dit : 13 rue de la Sarrazinière

Département/Canton : Rhône

Année de fouille : 2019

Période principale d'occupation : Antiquité

Responsable d'opération : Camille NOUET

Aménageur : Vilogia

Raison de l'intervention : Construction de logements/projet immobilier

Type de chantier : Sédimentaire (Fouille préventive)


Notice de présentation brut de fouille :