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Montbrison-Moingt - Rue du Repos


L’opération archéologique menée à la rue du Repos à Montbrison (Moingt), préalablement à la construction d’une gendarmerie, a permis de documenter la frange orientale de la ville antique d’Aquae Segetae. Située en territoire Ségusiave, non loin de la capitale de cité Forum Segusiavorum (Feurs), l’agglomération est connue depuis le XIXe siècle grâce à des monuments toujours présents dans le paysage urbain mais aussi à diverses fouilles et observations régulières.
L’emprise dont bénéficiait l’opération de 2020, près de 2000 m², en fait la plus vaste fouille archéologique de la commune. Le site présente un état de conservation assez inégal en raison d’une intense industrialisation des lieux durant un siècle. Il en résulte que la moitié orientale de l’emprise est fortement arasée quand l’autre est régulièrement percée de divers aménagements d’époque contemporaine. Néanmoins, les archéologues ont pu mettre au jour un des quartiers de la ville et suivre son évolution sur plusieurs siècles.
L’occupation est ainsi assurée dès le milieu du Ier siècle de notre ère avec une supposition dès l’époque augustéenne. Elle se poursuit assidument jusqu’au milieu du IIIe siècle, voire la fin, avant d’entamer un déclin visiblement progressif. Des indices ponctuels indiquent une fréquentation jusqu’aux VIe-VIIIe siècles d’après les datations radiocarbones réalisées sur plusieurs sépultures matérialisant les dernières structures du site.
Le quartier antique évolue au cours de quatre grands états de construction scandés par diverses sous-phases d’aménagements et de reprises. Le secteur se dessine au milieu du Ier siècle avec le découpage de plusieurs parcelles dévolues à des activités distinctes et vraisemblablement séparées par un axe de circulation malgré l’absence de niveaux caractéristiques. Il adopte une orientation NL 25° ouest, qui restera l’axe général du quartier tout au long de sa fréquentation. Deux îlots prennent forme bien qu’ils ne soient pas entièrement lotis, ou bien qu’ils soient profondément remaniés à une époque ultérieure. À l’ouest, plusieurs fosses de rejets de déchets métallurgiques témoignent d’une telle activité à proximité, hors de l’emprise, alors qu’à l’est un ensemble de bâtiments flanqués d’un portique/galerie rappellent par leurs plans des complexes à vocation commerciale/artisanale. L’absence de mobilier au sein de ces édifices ne permet toutefois pas d’apprécier leur destination.
C’est au début du IIe siècle que le quartier prend pleinement forme avec une rue clairement établie et deux îlots de part et d’autre. Celui oriental ne subit que quelques modifications alors qu’en face des bâtiments visiblement résidentiels sont établis. L’incomplétude de leur plan et le récurage des sols ne laissent que peu d’indices pour identifier assurément ces édifices. L’un d’eux présente l’avantage d’utiliser des techniques de construction bien spécifiques et déjà observées sur des fouilles à proximité.
Puis, l’îlot occidental subit, au cours de ce même siècle, de profonds remaniements avec la mise en place d’une vaste domus à péristyle en U. Celle-ci se caractérise par l’intégration partielle d’espaces préexistants et surtout par une spoliation de la rue qui en fait un acte soumis à de nombreuses interrogations. La demeure subira plusieurs réaménagements au cours de son occupation qui semble perdurer jusqu’au tournant des IIe et IIIe siècles. À l’est, les niveaux contemporains de cet état sont complètement spoliés par les constructions récentes, complexifiant toute déduction sur la pérennité des édifices.
Le IIIe siècle est finalement marqué par divers aménagements dont l’essentiel est constitué par un très vaste bâtiment muni d’un péristyle estimé à près de 1120 m². Cet ensemble peut être rapproché d’un édifice partiellement observé au XIXe siècle. Ce dernier est toutefois problématique quant à ses dimensions et son positionnement, ce qui nous mènera à alimenter plusieurs pistes de réflexion.
Le site est progressivement déserté malgré quelques marqueurs datant des structures des IVe et Ve siècles. Trois sépultures dont une double investissent finalement les ruines aux alentours des VIe-VIIIe siècles.
La fouille de la rue du Repos complète ainsi les données sur l’expansion de la ville antique, la durée de sa fréquentation et sur l’évolution d’un quartier initialement artisanal/commercial, nature que l’on ne connaissait pas jusqu’alors au sein de l’agglomération. Pour finir, cette opération a permis de développer nos connaissances et notre analyse sur un bâtiment d’importance découvert il y a plus d’un siècle.


Retrouvez ici une actualité détaillant les premiers résultats de l'opération :


Revue de presse :


Quelques images du site :


1. Vue aérienne de la fouille

2. Vestiges romains traversés par une canalisation moderne

5. Spatule en bronze

7. Vue aérienne de l'hypocauste

8. Pot miniature sans doute lié à un défunt

Pots en céramique commune

Inscription calendaire avant cuisson sur amphore Dressel 20 de Bétique indiquant XIII k(alendas) n(ovembres) c’est-à-dire, “13 jours avant les calendes de novembre”, soit le 20 octobre. Lecture M. Andrieu.


Commune : Montbrison-Moingt

Adresse/lieu-dit : Rue du Repos

Département/Canton : Loire

Année de fouille : 2020

Période principale d'occupation : Antiquité

Autres périodes représentées : Moyen Âge

Responsable d'opération : Camille NOUET

Aménageur : SCI Caserne Montbrison

Raison de l'intervention : Construction d'une gendarmerie

Type de chantier : Sédimentaire (Fouille préventive)


Notice de présentation brut de fouille :


Plaquette de présentation