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Sainte-Colombe - Les Petits Jardins


Le quartier antique des Petits Jardins - Voirie

L’opération archéologique menée sur le site des Petits Jardins, à l’occasion de l’aménagement d’une voirie par la mairie de Sainte-Colombe, a permis de révéler un quartier suburbain de la colonie romaine de Vienne occupé durant tout le Haut-Empire. Les vestiges mis au jour présentent un très bon état de conservation puisque la majeure partie des sols étaient encore en place, ainsi que les niveaux de démolition qui les scellent.

Le quartier est loti entre la fin du règne d’Auguste et le début du règne de Tibère. Il se développe dans un premier temps le long d’une large voie nord-sud, déjà observée plus au nord, lors de l’opération menée en 1981 sur la parcelle limitrophe, comme au sud, à l’occasion de fouilles menée par B. Helly. Lors de cette première phase, seul l’ilot C semble occupé par plusieurs habitats édifiés avec des techniques de construction sommaires. Mal perçus en raison du manque de temps, ces bâtiments domestiques semblent se développer sur des parcelles étroites avec des espaces économiques en façade et un espace ouvert de type cour en fond de parcelle, parfois rehaussé d’un portique.

C’est entre les règnes de Tibère et de Claude que le quartier va être intégralement occupé et les axes viaires secondaires mis en place. Les îlots A, B et C sont découpés en parcelles étroites de 8 à 15 m de large, perpendiculaires à la voie principale. Ces parcelles reçoivent des édifices domestiques édifiés en dur, et caractérisés par des espaces économiques en façade et des pièces d’habitat en arrière. Cette organisation évoque les maisons longues des faubourgs de Lyon ou des agglomérations secondaires des Gaules. Seule la parcelle H, ilot C, est occupée par un habitat de plus haut standing, avec des sols en béton ou la présence d’un jardin agrémenté d’un bassin et sans doute entouré d’une colonnade.
Les activités artisanales ont été perçues avec difficultés pour cette seconde phase d’occupation du site. Signalons une possible activité de bronzier au sein de l’ilot B, et des foyers ainsi qu’une fosse atelier au sein de l’ilot C.

Au milieu du Ier siècle apr. J.-C., les îlots A, B et D sont partiellement reconstruits. Cette chronologie évoque les découvertes effectuées sur la parcelle au nord de l’emprise, dans le prolongement de l’îlot D, où les habitats sont reconstruits autour de l’année 60 apr. J.-C. Les travaux les plus spectaculaires sont entrepris sur l’îlot B avec la mise en place d’une vaste domus organisée autour d’un péristyle. En façade, une série de boutiques ouvraient sur la voie principale. Un soin particulier a été porté aux techniques de construction et l’îlot est intégralement rehaussé d’environ 0,70 m. L’organisation générale de l’édifice est difficile à percevoir en raison des travaux importants menés au cours de l’état 4.
La voie principale et la voie secondaire sont reprises au cours de l’état 3 et dotées d’un égout central massif. Les travaux concernent également la ruelle A4 dont la bande de roulement est rechapée.
À l’instar de la phase précédente, une activité métallurgique liée au travail du bronze peut être proposée pour l’une des boutiques en façade de l’îlot B. Les autres espaces commerciaux sont trop arasés, ou n’ont pu être explorés, pour espérer avoir une vision plus précise de la vie économique du quartier au Ier siècle.

L’état 4 est marqué par la reconstruction complète du site sous le règne des flaviens. Il constitue la dernière grande phase d’urbanisme dans ce secteur, à l’instar de ce qui a pu être observé sur le site du Bourg. Plusieurs phases de reprise ou d’embellissement de chaque parcelle ont pu être appréhendées. La phase d’occupation finale, datée de la deuxième moitié du IIe siècle, est la mieux perçue.

L’îlot A est occupé par un édifice domestique partiellement dégagé. Son plan, avec des pièces en enfilade depuis la rue, évoque les maisons longues des faubourgs des grandes villes antiques. La maison à la Panthère occupe l’intégralité de l’îlot B. il s’agit d’une grande domus à péristyle qui reprend partiellement l’organisation de la phase précédente. Elle était décorée de sols en mosaïque ou en marbre et d’enduits peints retrouvés en place dans l’aile sud. Une pièce de prestige (B4), joue le rôle d’un petit péristyle décoré de marbre blanc et agrémenté de deux fontaines. En façade, au niveau de la voie principale, un aménagement hydraulique peut être interprété comme une fontaine destinée aux habitants du quartier et mise à disposition par le propriétaire de l’îlot B.

Trois parcelles de l’îlot C ont pu être explorées. Au nord, la maison au Grand Péristyle correspond à une vaste domus décorée de riches mosaïques. Elle s’organise autour d’un jardin de 900 m² entouré d’un bassin. La colonnade en pierre a été mise au jour dans le comblement de ce bassin. Cette riche demeure comprenait un bâtiment économique à étage qui occupait l’angle sud de la parcelle. Cet édifice est caractérisé par des espaces économiques au rez-de-chaussée et un appartement à l’étage et présente un état de conservation exceptionnel.
La parcelle centrale était occupée par la maison au Salon Mosaïqué. Elle correspond à une maison longue dont les pièces sont organisées de part et d’autre d’un couloir central. Le fond de la parcelle devait être dévolu à un jardin situé hors emprise de fouille. Dans sa dernière phase, la boutique nord, située en façade sur la voie principale, est transformée en salle de réception et dotée d’une mosaïque.
La parcelle sud reçoit un édifice thermal très mal perçu et exploré uniquement en tranchées. Il pourrait correspondre à des petits thermes de quartier semblables aux Thermes du Nord mis au jour sur le site de Saint-Romain-en-Gal.

Enfin, l’îlot D se développe sur la rupture de pente et fossilise le dénivelé important du terrain à cet emplacement. Du côté de la voie principale, une série de boutiques devait donner directement sur la voie. Côté oriental de l’îlot, des pièces préservées sur une hauteur minimale de près de 1,80 m devaient ouvrir sur une voie située dans la partie orientale des Petits Jardins.

En ce qui concerne l’activité économique de ce quartier au cours du IIe siècle apr. J.-C., deux fullonicae, sans doute complétées par une troisième en façade de l’îlot A, ont été mises au jour. La boutique C8 présente un état de conservation exceptionnel qui permet d’appréhender avec un certaine précision les différentes étapes de cette activité caractéristique des grandes villes antiques. Ces ateliers de petites dimensions ouvraient sur la voie principale. Cette configuration évoque celle observée le long de la voie mise au jour lors des fouilles de la place Camille Jouffray, à Vienne, où trois ateliers de foulons datés du IIe siècle ont été mis en évidence. Signalons également une possible taverne en façade de la parcelle C (C7). La découverte d’ébauches d’objets en os et de blocs de bronze dans le comblement des canalisations ou des bassins évoquent une activité de tabletterie et de bronzier qui devaient se situer à proximité immédiate de la fouille.

La dernière phase d’occupation s’enclenche après la destruction complète du quartier par un incendie au tout début du IIIe siècle. Ce phénomène évoque ce qui a pu être observé sur le site du Bourg, situé en contre bas, le long du Rhône. Suite à cet incendie, les parcelles A, F et E sont reconstruites. Leur organisation reste difficile à percevoir en raison de l’arasement des vestiges en partie haute du site. La parcelle B est quant à elle transformée en nécropole. L’abandon définitif du secteur ne semble pas intervenir avant le début du IVe siècle, comme l’attestent les datations 14C des sépultures et des découvertes monétaires effectuées sur la parcelle E.


Retrouvez ici une actualité détaillant les premiers résultats de l'opération :


Commune : Sainte-Colombe

Adresse/lieu-dit : Les Petits Jardins

Département/Canton : Rhône

Année de fouille : 2016

Période principale d'occupation : Antiquité

Responsable d'opération : Benjamin CLEMENT

Aménageur : Commune de Sainte-Colombe

Raison de l'intervention : Aménagement routier

Type de chantier : Sédimentaire (Fouille préventive)


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