Chantier à Sainte-Colombe (Rhône)

Ensemble des céramiques écrasées sur place (cliché Archeodunum)
Photographie aérienne du site (cliché Flore Giraud)
Sol de dalles de marbres (cliché Archeodunum)
Applique de meuble en bronze (cliché Archeodunum)

Sainte-Colombe – rue des petits Jardins (69).

La rive droite du Rhône est connue depuis le XIXe siècle pour sa sensibilité archéologique, notamment après la découverte de plusieurs mosaïques témoignant de la présence de la colonie romaine de Vienne (Vienna). L’aménagement par la mairie de Sainte-Colombe d’une voirie à l’emplacement des anciens jardins ouvriers, rue des Petits Jardins, a entraîné le déclenchement d’une fouille archéologique dont les résultats dépassent de loin nos espérances quant à la connaissance de ce secteur.

Le site est caractérisé par une terrasse naturelle située le long de l’ancienne Voie de Narbonnaise et surplombant le Rhône de près de 15 m. À partir du milieu du Ier siècle apr. J.-C., cette terrasse est englobée dans l’extension urbaine de la ville de Vienne. Elle est matérialisée par une voie nord-sud dotée d’un large collecteur et bordée de part et d’autre par des ilots mêlant habitat, artisanat et édifice public.

Une vaste domus (maison romaine) occupe l’îlot central (îlot B). Elle est caractérisée par une série de pièces richement décorées et organisées autour d’un péristyle situé hors de l’emprise de fouille. Au sein de l’aile méridionale, un vaste oecus (salle de banquet) a été reconnu. Il est doté d’un sol composé de dalles de marbres colorés dessinant des motifs géométriques complexes. Une pièce d’eau composée d’un bassin et d’une fontaine vient compléter le decorum (système décoratif) de cette vaste maison aristocratique qui devait se développer sur plus de 2000 m². En façade, des espaces sont dévolus à des activités artisanales, comme la blanchisserie (fullonica) ou la métallurgie.

L’îlot septentrional est quant à lui partagé entre une vaste maison organisée autour d’un grand jardin (40 m de côté), et un bâtiment dont la destination reste pour le moment hypothétique. Les pièces de l’aile orientale de cette domus sont décorées de mosaïques. Un portique matérialisé par des colonnes d’ordre corinthien et un vaste bassin/fontaine à trois branches encadrait le jardin de cette riche demeure. La parcelle sud comporte quant à elle plusieurs pièces dont certaines étaient dotées de mosaïques ou de chauffage par hypocauste.

L’occupation principale s’étale entre le milieu du Ier et la fin du IIIe siècle, où le quartier semble être abandonné. Au IVe siècle, une petite nécropole vient s’installer dans les ruines de la maison B. Les sépultures sont creusées dans les pièces d’apparat en ruine et devaient être organisées autour d’un lieu de culte, également aménagé dans les ruines de la maison.

Benjamin Clément