Des fouilles au Puy-du-Fou

Avant d’accueillir un parc dont la renommée internationale ne se présente plus, le Puy du Fou était le siège d’une importante seigneurie. Dans le cadre de l’extension du parc, aux abords immédiats du château, un hameau déserté connu sous le nom de Bourg-Bérard a fait l’objet d’une fouille en deux tranches. La première, concernant la moitié nord de l’assiette du projet, a été réalisée pendant l’hiver 2014-2015. La seconde est reportée à une date non définie.

À l’exception d’un angle d’enclos gaulois, situé en limite nord-est de l’emprise de la fouille, les vestiges correspondent exclusivement à une occupation médiévale et moderne.

L’étude du mobilier céramique a permis de mettre en évidence une première occupation, entre le XIe et le XIIIe siècle, qui reste encore difficile à caractériser. Le site est essentiellement occupé par une vaste habitation du XVIe siècle, qui couvre une surface de 368 m² – espaces pavés compris.

La maison elle-même est composée de deux ailes en retour d’équerre. La présence d’une cheminée dans la pièce située au nord, associée à de nombreux fragments de céramiques liées à la préparation des repas, d’un évier en pierre monolithe aménagé dans l’épaisseur du mur de la pièce sud, et d’une annexe équipée d’un four et d’un point d’eau, nous laisse supposer des fonctions avant tout domestiques. L’épaisseur importante des fondations et la présence d’un massif extérieur, évoquant un soubassement d’escalier, suggèrent la présence d’au moins un étage, où seraient concentrées les pièces à vivre.

De nombreux aménagements ont été réalisés pour drainer l’espace habité : canalisations maçonnées, fondations drainantes et un important collecteur longeant l’habitation sur son côté occidental. L’ensemble des eaux de ruissellement était canalisé vers des aménagements hydrauliques, construits au sud, composés d’un puisard et de deux bassins. Le premier bassin, maçonné, était alimenté par une canalisation longeant le côté oriental de l’habitation et le trop-plein du puisard. Il était accessible par une pente relativement raide à l’ouest, suggérant une fonction de pédiluve. Il communiquait vraisemblablement avec le second bassin, de forme allongée, par un système de vanne. Ce bassin pouvait être aménagé avec des matériaux périssables et un alignement de bloc formait une sorte de margelle sur son côté est.

Ces aménagements hydrauliques avaient certainement une fonction agro-artisanale. Les études palynologiques réalisées sur les sédiments de leur comblement ont écarté la fonction de bassin de rouissage. Toutefois, le contexte agro-pastoral, la présence attestée de marchands dans le hameau et la similitude des ces bassins avec des aménagements destinés au lavage à froid de la laine de mouton pourraient orienter l’interprétation de ces structures comme faisant partie d’un complexe destiné à la production de la laine au XVIe siècle.

David Jouneau