A69, des vestiges du Moyen Âge à Lacroisille

A69 : des vestiges du Moyen Âge à Lacroisille

C’est une petite ferme, adossée à la colline

La création de l’autoroute reliant Castres à Toulouse n’est pas qu’un enjeu de nouvelle voie de circulation, puisqu’elle permet également de remonter le temps. Tout au long des 53 km du tracé, soit près de 350 hectares, des diagnostics archéologiques ont été réalisés avant la construction du tracé. À Lacroisille (Tarn), au lieu-dit « Le Gouty », c’est la découverte de fosses, de murs et d’objets datant des XIVe et XVe siècles qui a motivé des fouilles approfondies. Sous la future autoroute, les archéologues ont mis au jour des bâtiments et un chemin, témoins d’une occupation médiévale jusqu’ici inconnue.

Une fouille sur un terrain escarpé

À la fin de l’été 2024, les archéologues d’Archeodunum ont investi une surface de 1350 m2, située à l’extrême sud-ouest de la commune Lacroisille. La zone occupe le versant méridional d’une colline, avec une pente marquée de plus de 11 % (fig. 1). Le site repose sur un calcaire dur, caractéristique du « régime de Briatexte », qui a freiné l’érosion et préservé les vestiges. Ces conditions ont permis de révéler une richesse inattendue : près de 60 vestiges et une cinquantaine de strates archéologiques (fig. 2).

Fig.1 : L’équipe au travail. On devine des terrasses étagées sur un terrain en forte pente.
Fig. 2 : Plan simplifié des vestiges. Fond © Google Earth.

Une petite ferme médiévale

Deux bâtiments, dont l’implantation s’adapte à la topographie des lieux, ont été découverts au sud et à l’est de l’emprise (fig. 3). Le premier, orienté nord-sud, est largement démantelé, ne laissant que deux murs en partie debout et des niveaux de démolition (fig. 4). À l’est, un bâtiment en terrasses révèle une stratification complexe avec des traces de reprises et d’aménagements successifs (voir fig. 1). La terrasse haute pourrait avoir une vocation domestique (traces d’un foyer), tandis que la partie basse semble plutôt dédiée au stockage (fosses et éventuelle citerne).

Fig. 3 : Vue du chantier. Au centre, le chemin empierré ; de part et d’autre, les restes de murs des bâtiments.
Fig. 4 : Tuiles brisées d’une toiture effondrée.

Objets métalliques et autres trouvailles

Les remblais recouvrant les bâtiments ont livré un riche mobilier métallique : ciseaux, burins, couteau, dé à coudre, anneaux et éléments d’huisserie (fig. 5 à 7). Une petite clé trouvée près d’un seuil figure parmi les découvertes les plus plaisantes. Le site comprend également une canalisation, des silos et des structures en creux dont la fonction reste à définir (fig. 8). Ces éléments complètent le tableau d’une activité humaine variée.

Fig. 5 : Une paire de ciseaux.
Fig. 6 : Des burins en fer.
Fig. 7 : Un dé à coudre en bronze.

Après la ferme, un chemin

Après l’abandon de la ferme, une partie des matériaux de construction a été récupérée, et le site recouvert par des colluvions. Par la suite, un chemin empierré traverse la zone du nord-est au sud-ouest (voir fig. 2 et 3). Bordé à l’ouest par un mur, il pourrait fonctionner avec certaines structures bâties à l’est. Les quelques rares objets découverts à sa surface permettront peut-être de préciser la période durant laquelle il a été emprunté pour descendre vers le petit cours d’eau « Le Ruissel ».

Des énigmes à élucider

Cette notice esquisse les grands traits d’une occupation complexe et stratifiée que le travail d’analyse cherchera à éclairer. Le site a connu plusieurs occupations successives qui doivent encore être démêlées pour en préciser la nature et l’organisation. À noter : quelques siècles plus tard, le cadastre napoléonien datant de 1840 ne figure ni chemin ni constructions à cet endroit (fig. 9). L’analyse des données récoltées sera donc cruciale pour percer les mystères de ce lieu oublié…

Fig. 8 : Vestiges d’une canalisation longeant le bâtiment oriental.
Fig. 9 : Le cadastre napoléonien daté de 1840 ne montre ni construction ni chemin à l’emplacement de la fouille. Fond © francearchives.gouv.fr
Fig. 10 : Vue aérienne du chantier.

Opération d’archéologie préventive conduite en été 2024 sur la commune de Lacroisille au lieu-dit « Le Gouty », en préalable à la création de la liaison autoroutière 2×2 voies entre Verfeil et Castres.

Prescription et contrôle scientifique :
Service régional de l’archéologie d’Occitanie

Maîtrise d’ouvrage : Atosca

Opérateur archéologique : Archeodunum

Responsable : Géraldine Camagne

Équipe de terrain

  • Géraldine Camagne* (RO)
  • Simon Peuch*
  • Florent Ruzzu
  • Lucile Guizard*
  • Jade Haddouche
    * Terrain & Post-Fouille

Équipe de Post-Fouille

  • Léa Perles
  • Nicolas Duthoit
  • Raphaëlle Algoud
  • Magali Gary
  • Émilie Merveilleux
  • Michaël Gourvennec
  • Clément Chavot
  • Margaux Laîné
  • Moussab Albesso
  • Bruno Bosc-Zanardo
  • Marianne Alascia-Morado
  • Geoffrey Leblé
  • Camille Hervy